Chronique de Concert
Daughters + Untitled With Drums
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 8 octobre 2019
Critique écrite le 04 novembre 2019 par Pierre Andrieu
Untitled With Drums
Sur disque, on n'est pas forcément fan du truc (voix trop "propre", son un peu metal pour nos goûts) mais il faut avouer qu'Untitled With Drums a fait fort lors de ce show pourtant donné devant une salle glaciale, avec la fameuse distance de sécurité de deux mètres devant la scène, qui plus est remplie de photographes et autres vidéastes pendant tout le set (mauvaise idée). En live, le puissant groupe basé à Clermont-Ferrand joue de manière concentrée et joliment agressive, boosté qu'il est par un batteur ultra violent. Ce qui donne une saveur inédite à des compositions marquées au fer rouge par le son des années 90. Le chant, plus hurlé que sur album, évoque lointainement celui d'un Kurt Cobain en proie aux affres de la dépression, les guitares inextricables et les rythmes brisés créant, quant à eux, une sorte de maelstrom noise metal, légèrement prog ou post rock. C'est efficace et percutant, et ça le serait encore plus dans une salle chauffée à blanc.
Daughters
Après cette bonne mise en bouche, c'est l'heure du sabbat noir avec les terrifiants Daughters, qui pratiquent une noise métalloïde du meilleur effet sur disque (excellent dernier album, "You Won't Get What You Want ", chez Ipecac Recordings) et qui, sur scène, ont la réputation d'être particulièrement sauvages. Même si ce soir (non, on ne va pas enchaîner avec un texte de l'infect Patrick Bruel) le public n'aura pas droit aux "habituels" débordements (coups de micros sur le front provoquant des saignements), visiblement réservés aux salles et festivals en totale ébullition, Daughters et son inquiétant leader psychotique Alexis Marshall n'ont aucun mal à créer une ambiance suffocante et malsaine. Ce qui réussit à exciter le public et à entraîner quelques mouvements de foule. Mais on est mardi, donc c'est pas la guerre non plus.
Assez désagréable (alors qu'on siffle pour éviter un blanc entre deux morceaux, il nous adresse un sympathique "Fuck you !") et pas très poli (il bave partout et sur tout le monde, herk !), le leader/chanteur/showman du groupe américain orchestre la grande messe noire satanique de main de maître, en hurlant comme un possédé, en faisant mine d'étrangler son guitariste avec son câble de micro ou en se confrontant de manière assez frontale avec les premiers rangs. Sa présence menaçante et son chant habité par le mal ne manquent donc pas de faire leur petit effet maousse, surtout que derrière lui ça ferraille sévère : les coups de boutoirs de la basse saturée interpellent gravement, les guitares sont ultra grinçantes et les bidouillages synthés/grattes partent en dérapages non contrôlés.
C'est dissonant à souhait, assez dérangeant et au final hyper séduisant, pour les gens qui aiment se faire bousculer (ce qui n'est pas le cas de tout le monde)... Petit cadeau pour les voyeurs à la fin du show, on peut admirer Alexis Marshall se fouetter généreusement le torse (nu) avec son ceinturon, c'est du travail de pro ! Prochaine étape : se tailler les veines en live ? On a hâte !
Photo d'Untitled With Drums (à la Coopé) : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Photo de Daughters (au Hellfest) : Titouan Massé www.facebook.com/titouanmassephoto, twitter.com/titouanbzh, www.instagram.com/tmphotograph...
Critique écrite le 04 novembre 2019 par Pierre Andrieu
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