Chronique de Concert
David Gilmour (Festival de Nîmes 2016)
Time...
(What Do We Wants From You !)
Les Arènes...
Quoique, relativement chauffées et peuplées, l'on aura senti confusément qu'un petit quelque chose aura avorté céans, ce soir, afin que le feu qui semblait pourtant couver d'envie au niveau du parterre et du Vomitoire, ne s'étende finalement à l'ensemble du majestueux et antique espace - l'ensemble aura même entamé une molle et convenue "Ola", vite stoppée, abandonnée de foulée par manque d'entrain généralisé - ; il n'en aura rien été, pour de multiples et forts claires, raisons. Avant toute chose, même si l'on aura annoncé le "héros" du soir (toujours) très marqué par le récent (tragique) évènement "Niçois" - uvre d'un bas de plafond moyenâgeux de plus abonné aux ratages et échecs en série qui s'était plus ou moins récemment raccroché à la noire nébuleuse "D" afin de boucler honteusement son piteux passage terrestre en mode "laideur" absolue, option carnage facile et victimes SURTOUT sans défense... - au point de demander à ce que l'on respecta une "minute de silence" avant le début du show, il aura également été le tout premier responsable de cette soirée achevée en mode mi-figue, mi-raison.
Alors que l'on eut pu (dû ?) s'attendre à un départ sur les chapeaux de roues s'appuyant sur un énergique Astronomy Domine, plus en lien avec une soirée estivale de festival, ou bien un très de circonstance A Great Day For Freedom, le gars David aura choisi, lui, de ne surtout rien changer à ses douces (et rassurantes ?) habitudes de scène nées de l'actuelle tournée. Rien. Pas une chanson, variation ou note. Nope. D'où cette (évidente) impression de flottement ressentie durant les trois premiers morceaux joués, extraits du très "meuble" et contestable Rattle That Lock ; débuts Live plombés, de plus, par cet horripilant jingle SNCF que tout un chacun aura forcément subi à un moment de sa vie (du rail) voyageuse : faut vraiment être "British", pour arriver à s'énamourer d'un tel poison auditif puis finalement décider de l'inclure aussi sec à son immense répertoire, façon furoncle, tache originelle, ou olive noire posée sur tapis de coke immaculé. Y'a pas à dire, entre sanglante Guerre De Cent Ans, le récent Tournoi des Six Nations et cet ahurissant Brexit, ils s'y entendent comme personne pour nous les briser "menu", ces Rosbifs, et ça ne date pas d'hier, non.
Il aura fallu attendre les premières notes de l'épastrouillant Wish You Were Here, pour qu'enfin la température ne monte, en dépit d'un post Floydien mais "trainard" "What Do You Want From Me" (1994), et d'un A Great Gig In The Sky musicalement massacré par un trio de choristes plus enclins à brayer ou éructer de la note, qu'à chanter les douces parties vocales de légende autrefois assurées de cordes de maîtresse par Clare Torry (encore raté, dommage).
Grâce à un début de second set "tonique" revenant aux origines de son genre "Rose" - One Of These Days/Fat Old Sun, une fin au taquet (Sorrow) et des rappels enfin perchés au niveau espéré (Run Like Hell/Time-Breathe/Comfortably Numb) l'impression dégagée sera plutôt favorable, et les spectateurs du soir, globalement séduits. Mais, bon, pas de quoi encenser pour autant l'ensemble de la prestation, fissurer, marquer à vie ou embraser la vieille pierre Nîmoise, qui en a tant connu...
Le Groupe...
Changé en profondeur à l'aune de cette seconde partie de tournée 2016, le groupe aura certes perdu le géant de la six cordes Phil Manzanera (from Roxy Music !) les impeccables Jon Carin et Kevin McAlea (claviers), mais néanmoins gagné un sacré trio de musicos en retour : les doigts habiles de Greg Phillinganes (Michael Jackson, Eric Clapton, Toto, etc.), en passant par la vista de João Mello (saxes & clarinette) ou la présence et science de Chuck Leavell (The Rolling Stones, The Allman Brothers, Gov't Mule, tant et tant d'autres pointures, encore...). Ceci mis à part, l'on ne peut que louer le côté toujours "béton" de l'incontournable rythmique basse/batterie (Guy Pratt-Steve DiStanislao), la justesse et la précision des parties interprétées de Live par l'ensemble, sans pour autant que la mayo ne prenne réellement ou que le soufflé ne retombe sans prévenir, au plus mauvais moment (A Boat Lies Waiting, The Girl In The Yellow Dress, Today !). La faute au répertoire "solo" très inégal et au côté millimétré de son "rendu", sans nul doute, vu que le patrimoine génétique du Floyd, se sera, lui, plutôt bien sorti du piège émollient ambiant...
David Contre Pink...
Ce n'est tout de même pas de sa faute, au David, si le rendu du soir n'est pas au niveau des fragrances passées. Comment le nier ? Le Floyd était une entité à quatre (à cinq, même, le touchant Syd Barret, inclus) qui n'aura eu de cesse que de défricher, essayer, croître et se développer de façon quasi exponentielle entre The Piper At The Gates Of Dawn (1967) et The Final Cut(1983), sans jamais oublier un court instant de se remettre en question et tout remettre à plat en permanence pour continuer à exister et avancer. Quatre individus, soit, mais également quatre musiciens en grande quête, qui auront petit à petit façonné à jamais et pour l'éternité le son de l'ensemble et de chacune de ses parties. Guy Pratt est un super bassiste, soit, mais ne sera jamais Roger Waters ; Steve DiStanislao est un batteur de haut vol, c'est un fait avéré, mais Nick Mason a globalement créé ce qu'il ne fait, lui, qu'interpréter ; les parties de claviers et le toucher spécifique de Richard Wright lui appartiennent ; quant à la voix de Gilmour, elle pêche d'émotivité, vigueur et profondeur, comparée à celle de son autrefois coéquipier Waters. Rien à faire. Désolé.
Reste, que, Wish You Were Here, fût "léché", Money, envoyé comme il se doit (nanti en sus d'un pont un rien funky rafraîchissant), One Of These Days, "soigné" et dense, Sorrow, débordant de vigueur retrouvée, et Fat Old Sun ponctué de superbes soli de la part du maître soi-même. Rien à redire à ce niveau du manche, c'est bel et bien lui qui aura trouvé et imposé ce "son" si caractéristique, et la recette fonctionne de plaisir, toujours et encore, sans jamais sonner dépassé ou suranné. Simplement, ses morceaux n'étant pas au niveau du répertoire du regretté Flamant, et la formule "couplet + refrain + solo + refrain + solo", un rien systématique (lassante ?) l'effort sonne/semble parfois un peu vain, bancal du contenu.
Suite à l'impeccable On An Island (Sur Une Île/2006), le gars depuis toujours amoureux de nos contrées hexagonales en profite pour en glisser une petite (allusion) rapport à ce surprenant Brexit : "Nous venons d'une île, mais nous préférons rester en Europe !" ; apparemment pas, au vu du récent referendum démocratique organisé outre-Manche.
L'il Du Cyclope...
Toujours aussi impressionnant, en dépit de longues années d'utilisation et médiatisation, l'écran installé façon "il unique" au-dessus de la scène (en son milieu) fascine toujours autant. Ouaip. De quoi mettre en exergue la qualité d'écriture du fascinant High Hopes (The Division Bell/1994) grâce à une vidéo d'une grande beauté, pourtant déjà présente sur les fonds baptismaux du morceau mais restant indubitablement encore et toujours pertinente, visuellement innovante, picturalement aboutie. Le morceau, quant à lui, restant (à mon humble avis) ce que le natif de Grantchester/England aura écrit de mieux suite au départ de sa moitié Roger d'écriture : On The Turning Away, Learning To Fly, Sorrow, et Coming Back To Life, exceptés. Une cloche entêtante, une ligne mélodique hantée, des churs au niveau (cette fois), des notes de sèche et nappes de claviers en apesanteur, puis une montée tranchante menée sur slide guitare. Rien à (re)dire : c'est beau et chiadé, onirique et enchanteur, majestueux et emballant, jouissif et achevé. Dommage que celui-ci signifia alors, à toutes et tous, la fin du premier acte du show, au moment même où l'ensemble semblait avoir monté d'un beau cran...
Esthétiquement parlant, l'utilisation du Cyclope de lumière aura été globalement judicieuse, empreinte de grands moments, dessins animés, courts métrages et animations de haut vol, sans même parler des éclairages et diverses trouvailles visuelles, à l'instar de, ce qui suit...
Remonter À... Syd !
Durant les inaugurales nappes de clavier de Shine On You Crazy Diamond, l'ensemble des Arènes retient son souffle pour le laisser finalement exploser sur la TOUTE PREMIÈRE note de guitare jouée : si caractéristique et accomplie, mythique et mélodieuse à la fois. Sur icelle, et sa kyrielle de suivantes, le guitariste Gilmour laisse éclater l'étendue de son talent et inventivité, rappelant à tout un chacun qu'il fallait être sacrément culotté, alors, en la lointaine 1975, pour ouvrir un disque avec cette longue, longue plage instrumentale zébrée de guitares tirées, tenues ou vrillées, avant même que la voix ne s'annonce, au bout d'un long, long, très long suspens... ton vol cosmique.
S'il n'est pas LE guitariste ultime, L'ÉTALON du genre "six cordes", il est LE guitariste du groupe, celui qui lui a donné (en partie) ce son, et, rien que pour cet apport à l'histoire du genre, nous nous devons de l'en remercier, de le louer ou tresser de lauriers, (vu l'environnement du soir) y'a pas à chier. La version, assez scolaire, mais putain de bonne, plongera durant un long moment les milliers d'âmes présentes en un état de semi recueillement respectueux, sincère et ému. Chacun devant très vraisemblablement (tenter de) se remémorer où il était et ce qu'il faisait très précisément lorsqu'il a pour la première fois entendu cette pièce majestueuse, inventive, pleine et aboutie. Sans nul doute. Un long moment d'"évasion" durant lequel quelques larmes auront perlé de salé au coin de paupières cinquantenaires brunies et burinées, serties de rides et années. Quoique, un rien gênant, parce que prenant un peu trop de place et attirant inévitablement l'il du spectateur, le court-métrage projeté tout du long, visiblement dédié au défunt et regretté (compagnon) Syd Barrett, est un modèle du genre : spectaculaire et bien monté, profond et achevé, visuellement enchanteur et éminemment respectueux ; enfin, en grande partie, avant que tout ne bascule et ne vire soudain à la maladie mentale et au glauque, comme dans SA vraie vie à (feu) lui, quoi :
"Rappelle-toi de ta jeunesse / Tu brillais alors comme le soleil / Continue encore et toujours / Diamant fou... / Tu as été pris entre les feux croisés / De L'enfance et de la célébrité / Soufflé par le vent d'acier / Allez, toi la cible des rires lointains / Allez, toi l'étranger, toi la légende, toi le martyr, viens briller... ".
En Solo Au Pied Du MUR...
Comme c'est devenu une douce habitude, la soirée s'achèvera sous les accords reconnaissables entre mille, de Comfortably Numb. Logique, vu que cette grande chanson - l'une des rares contributions de Gilmour à The Wall (1979) : entièrement fomenté, imaginé et écrit par Roger Waters - avait déjà failli figurer sur le tout premier opus solo de David dès 1978 (le plutôt recommandable : David Gilmour) puis finalement, après des semaines et semaines de lutte fratricide concernant sa version finale ou ses arrangements, abouti sur Le Mur précité.
Un morceau dont le titre (Confortablement Engourdi) aurait pu résumer EN PARTIE cette soirée, ou PARTIES de celle-ci : "Quand j'étais enfant / Une vision a traversé mon esprit / Furtivement, du coin de l'il / Je me suis vite retourné, elle avait déjà disparu / Je n'arrive plus à remettre la main dessus / L'enfant a grandi, le rêve a disparu / Je suis devenu Confortablement Engourdi...".
"Aurait pu", si la version en question n'avait pas été "envoyée" avec force envie, et nantie, en sus, d'une paire de soli dévastateurs et inspirés ; de quoi quitter alors le lieu majestueux avec un beau souvenir fiché au creux des neurones : dame, nous aurons eu la chance de pouvoir, une fois de plus, mirer et écouter l'un des grands du genre encore en activité, tout en revisitant, par là même, un pan important de notre culture musicale "Rock" commune, bâtie d'envie et défrichée entre XXe et XIe. Rien que pour ça, il faut s'en féliciter, sans pour autant s'en satisfaire uniquement, ou bien, tout LUI passer... Nope !
Question...
Question d'actualité (au vu de la photo, ci-dessus) ne serait-il pas temps, au niveau de l'entourage des artistes et des artistes eux-mêmes, de se pencher, rapidement, mais plus avant, sur le fait d'exiler au fond des Arênes de Nîmes (au niveau de la sono) les photographes accrédités pour faire leur métier et/ou assouvir leur passion (musicale et picturale) puis la partager de plaisir avec tous et toutes, tandis que, tout devant, une armée de bras surélevés équipés de i-Phone 6S et autres téléphones derniers cris, shootent et filment tranquillement tout du long sans autre but que de remplir leurs "banque d'images perso" ou bien alimenter LEURS réseaux sociaux à EUX, par EUX et pour EUX...
Critique écrite le 25 juillet 2016 par Jacques 2 Chabannes
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