Chronique de Concert
Carte Blanche à David Lafore avec Gildas Etevenard, Ed Hosdikian, Ottilie B, Hank
Carte Blanche à David Lafore, jour 2. Hier ce fut tellement bien que je ne suis pas complètement surpris de revoir des têtes vues la veille. Pourtant ce soir il y a à la Déviation une bien belle soirée qui réunit Fantazio qui se faisait rare dans le sud, De la Crau et Manu Theron (qui était présent hier dans le public). Bref, ce soir c'est encore plus complet que la veille. Cette après-midi je suis venu accompagné Lucie qui a interviewé David pendant les balances de ses nouveaux invités (interview à lire ici). J'en ai profité pour lancer un time lapse qui a couvert toutes les balances et la soirée (voir le résultat ici).
Cette fois j'ai décidé de ne prendre aucune note, mais pour me souvenir un peu de ce qui s'est passé et ne pas mélanger avec la veille, j'ai enregistré des bouts de 20 à 40 secondes de chaque morceau (c'est d'ailleurs un bout de cela qui me sert de bande son au time lapse). Ce soir le programme est plus culotté : en dehors de Gildas et Edmond déjà présents la veille, David a invité Ottilie B qu'il ne connaît pas vraiment (en tout cas sur scène) et HANK à l'univers (et au dispositif) si particulier qu'on imagine mal comment insérer cela dans un concert collectif.
Hors de question de leur faire faire la première partie : genre aux 2/3 du concert ce serait bien leur dit-il quand je pars après l'interview. Vu leur barda ça va être du sport ! Ce soir encore David commencera en mettant machinalement ses chaussures de scène. Les gens ne le savent pas tous mais (pour moi en tout cas) ça a déjà commencé. Dernières petites discussions autour de la setlist avec Gildas, Edmond et Ottilie et c'est reparti. Après une présentation de l'artiste et de la soirée par Gilles (c'est aussi ce genre d'intro qui rendent la Meson aussi sympathique) David attaque en solo.
Une liste à ses pieds au sein de laquelle il n'a que l'embarras du choix. Cette fois ce sera après un faux départ Nirvanaesque plein de "ouh ! ouh !", la très douce Pantalon blanc à la guitare ... les gens ne savent pas tous à quel degré ils doivent prendre ce morceau. Juste après, ce sera beaucoup plus nerveux avec une version particulièrement speed de J'ai l'amour.
Puis il laisse de côté sa guitare pour la toujours aussi efficace Petite Culotte. Puis re sérieux avec Je suis au bout. David prend un malin plaisir à souffler le chaud et le froid sur une public qui voit ses sens bousculés ... entre rire franc et (presque) larmes. La preuve juste après ce sera l'horrible Assassinat qui bien qu'il fasse s'ouvrir grand des yeux terrifiés, sera (comme à chaque fois) repris par tout le monde dans le public (il s'est tellement emporté que j'ai cru qu'il allait en perdre sa voix).
Laissons nous, plus sérieux, sera l'occasion de voir arriver Gildas à ses côtés. Toujours aussi beau. Ensuite ils seront rejoints par Ottile B et Edmond. Je suis content de revoir Ottile car je ne l'avais pas vu depuis longtemps :; la dernière fois c'était en 2013 ... je la retrouve avec beaucoup moins de cheveux mais avec une sérénité retrouvée.
Les deux morceaux qu'elle jouera sont vraiment très beau. Textes bien ciselés, percutants et comme je le disais avec un certain apaisement qui semble à avoir pris la place de ce que je ressentais comme une certains agressivité à l'époque. On retrouve en tout cas tout ce qui faisait son son, cette voix reconnaissable au premier couplet, ce chant diphonique. Sur le deuxième ambiance maloya elle joue du kayamb' ça joue ça swingue ... ce soir encore David nous emmène loin avec ces nouveaux invités. Tout le monde joue le jeu
Alors qu'ils ne se connaissaient pas il y a quelques heures encore ... c'est possible car ils sont vraiment bons. Et sincères. Pas de chiqué ni de tentative de briller plus que les autres ce soir encore. Suivra un beau solo de Edmond qui comme hier mais plus longtemps et poussant le concept plus ,loin enlèvera la bec de son saxo pour mettre le micro dans son saxo jouant ainsi avec les touches comme de percus. Tout en soufflant dans le bec dans l'autre main ...
Puis ce sera un solo tout aussi impressionnant de Gildas (que David nous avait présenté comme un des meilleur trompettiste de Marseille) avec un nouveau texte parlant d'un chien qui va à la messe (spontanément mimé par David) dans l'espoir d'y récolter une de ces gaufrettes sacrées dont les fidèles sont si friands. .. sans succès.
Sur Danse avec moi tout ce beau petit monde contribue à poser une ambiance langoureusement triste. Suivra Le soleil brille si minimalistement electro sur disque et qui révèle en trio tout sa puissance mystique ... Retour de Ottilie pour un très touchant duo Tous deux, tout nus avec David qui lui donne la réplique (comme dans les plus beaux duos de la pop française genre Dominique A / Françoiz Breut par exemple).
Cela fait près d'une heure trente que le concert a commencé ... c'est le moment d'accueillir Hank qui attendait au bar. Pas de coupure. Le groupe à savoir bassiste, cavacoiste électrique ett nombreuses machines, installera en un temps record tout son bazar sous le regard fasciné du public distrait par les propos éducatifs de David.
Changement d'ambiance radical ensuite puisque comme vous ne le savez peut-être pas le groupe accompagne en fait les enregistrements de Charles Bukowski (représenté par une ampoule qui pend au milieu). Beaucoup plus rock, beaucoup plus sombre, beaucoup plus bruyant aussi, et dans un anglais moins compréhensible que celui de David, qui a d'ailleurs pris place par terre dans le public et n'en perdra pas une miette.
Le groupe jouera ainsi 3 ou 4 morceaux, avant d'être rejoint par David qui viendra lui lire une version traduite de l'Oiseau bleu (que je connais bien pour l'avoir entendu plusieurs fois chanté par Monsieur Vertigo. Quelques personnes profiteront de l'obscurité pour prendre l'air. On aurait pu se dire qu'après 30 minutes de Hank on allait avoir du mal à revenir à l'univers de David, mais pas du tout.
On en est déjà a 2h de concert (je les sens d'être assis par terre) mais ce n'est pas fini. Pendant que le groupe range devant nous, David qui s'est un peu décalé attaque avec Gidlas et Edmond j'ai massacré tout un pays et ses histoires de "truite électrique" , suivi de la magnifique (je manque un peu de qualificatifs) In the car (comme quoi même pas besoin de jouer à l'américain pour faire de superbes chansons en anglais).
Je crois que c'est sur celle là que Edmond sortira son duduk. Morceau qui finit super électrique avec vrai pétage de plombs comme on les aime avec levée de jambes, poses de guitar hero etc ... et pourtant avec atterrissage parfaitement maitrisé.
Re-retour de Ottilie B qui vient avec un simple tambour pour une nouvelle très belle chanson que je ne connaissais pas [mon enregistrent s'arrête là]. Il y aura juste après une très longue version (près de 10 minutes) de Un baiser une bombe (ça sent la fin) avec un chant partagé avec Ottilie à qui il a demandé de faire des petits halètements apparemment.
Le concert aurait très bien pu s'arrêter là mais le public en redemande encore. David revient pour Mouillée, et encore une une nuit d'été alors qu'il avait déjà commencé à récupérer ses affaires éparpillées à ses pieds. Il est 23h36 lorsqu'il quitte définitivement la scène (il avait commencé un peu avant 21h). Quelle soirée. Je réveille Lucie qui s'est endormie sur les genoux de mon père vers la moitié.
On se remet doucement de nos émotions. Outre de magnifiques versions de morceaux que j'aimais déjà quand il les joue seul je retiendrai de ce concert le sourire amusé de Edmond qui regarde David faire le pitre, celui concentré de David par moments, les yeux qui pétillent de Ottilie B, les yeux fermés mais les oreilles grandes ouvertes de Gildas ...quel week-end mes amis !
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Critique écrite le 03 février 2019 par Pirlouiiiit
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