Chronique de Concert
David Rosane & the Zookeepers-Shiloh- Moon Ra
Moon Ra, quintet en activité depuis quatre ans, pratique un mélange de space rock et de krautrock exclusivement instrumental avec un son et une puissance hérités du stoner rock. Le groupe joue très régulièrement sur les scènes marseillaises et des environs depuis plus de trois ans. On retrouve donc toujours cette habile mélange de montée en puissance, de déflagrations de guitares dignes d'Hawkwind et de moment d'accalmies avec des arpèges de guitares planants, proche de ceux des premiers Pink Floyd.
Moon Ra a un son de plus en plus fin et les titres, beaucoup plus aérés, tiennent davantage compte de l'espace et des silences, sans toutefois perdre de leur force. Le clavier, très présent, développe et improvise des motifs aux sonorités analogiques et spatiales à la Hawkwind (encore eux) ou Silver Apples. Il n'y a pas de jeu de scène exubérants ici, les membres sont plutôt statiques mais ceci est compensé par leur maîtrise instrumentale et les films kaléidoscopiques et bariolés du plus bel effet projetés au fond de la scène (on reconnaît des bribes du Metropolis de Fritz Lang notamment).
J'identifie de nouveaux titres, dont un qui " grooverait " presque, mais avec une pulsation proche de celle de certains titres de Can. Ce titre en question me fait justement penser à une habile déclinaison de Mother Sky et montre que Moon Ra sait dépasser ses influences et évolue de façon subtile.
Changement radical de registre avec Shiloh. Le duo, né des cendres d'Elektrolux (Cedric, le guitariste chanteur et Manu le batteur), se présentait à ses débuts comme un " unelectrified pre-war combo ", le qualificatif " pre-war " faisant référence à l'imagerie de la grande dépression américaine. Le duo est devenu de moins en moins " unlectrified " puisque Cedric joue désormais sur une Gretch, avec la même rage et la même énergie que dans son groupe précédent.
Son chant est également toujours aussi rageur et évoque un Tom Waits punk. Shiloh revisite les racines du rock U.S, blues et rockabilly, à la manière du Gun Club ou du Blues Explosion mais avec une touche plus jazz et même country. Même si le " line-up " du groupe est réduit, nous n'avons point affaire à une musique minimaliste ou binaire ;
les plans de guitares sont complexes, Cedric alterne parties rythmiques et solo à la Johnny Kidd avec une vélocité jamais démonstrative ; les rythmes de batterie tirent plutôt vers le ternaire et le jazz. Malgré cela, la dynamique et l'énergie de Shiloh restent très rock voire punk au vu du rythme frénétique et de l'intensité des chansons (toutes de très haute tenue).
Avec Les Zookeepers, quartet mené par le franco-américain David Rosane, nous sommes également dans un registre également américanophile mais plutôt de l'école Lou Reed, Eliott Murphy ou même Dylan. David Rosane joue d'une guitare acoustique qui donne ici une tonalité très folk-rock et constitue l'ossature des chansons. Son chant parlé-chanté évoque justement celui d'un Lou Reed.
Tout en restant dans un style finalement assez " classic rock ", le groupe sait intégrer des climats et des genres assez différents : ces Les Zookeepers sont autant à l'aise en jouant laid back que sur les titres rapides. Une chanson peut sonner comme du Springsteen, une autre peut démarrer par un choeur blues pour évoluer en une power-pop de très bonne facture. Un titre, qui attire plus particulièrement mon attention, démarre par une guitare très flamenco pour se terminer en une frénésie punk rock.
Mais le groupe mélange ces genres de façon très personnelle sans que cela ne sonne de manière artificielle. L'instrumentation des Zookeepers est solide et irréprochable et le timbre de voix de David Rosane, chaleureux. On a affaire ici à un vrai songwriter. Celui-ci ne se ménage pas et dégage sur scène une belle énergie qui fait que l'on assiste à un concert vraiment plaisant. Nous avons donc eu droit à une belle soirée avec des groupes aussi bons que différents, ce qui n'est finalement pas si fréquent.
photos Julien Confalonierie
Critique écrite le 08 novembre 2016 par Phil2guy
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> Réponse le 09 novembre 2016, par Philippe
Pour ma part j'ai pris ce concert un peu en dilettante, arrivé fatigué et sans véritable intention de le voir en entier... Ma principale curiosité allait à Shiloh, "jeune groupe" de leur propre aveu, raté à la Rue du Rock en septembre dernier. Mais bien évidemment revoir Moon Rã, dont je connais très bien les qualités, ne me dérangeait pas, bien au contraire ! Fort heureusement, la salle globalement vide à 21 heures, s'est chargée raisonnablement au moment du début du concert... Passés en premier, les dieux de la lune ont délivré un show qu'on aurait pu qualifier de juste habituel (et comme habituellement très bon, donc !), sans une jolie innovation : des images du célèbre Metropolis, mixées avec des arabesques fractales en cercle, fort jolies et parfois même assez fascinantes. Leur jeu... La suite | Réagir
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