Chronique de Concert
Dawa
Aujourd'hui, je vais vous parler d'un petit groupe français que je viens de découvrir. Et comme ils n'ont pas encore sorti de disques, je pense à juste titre que je vais certainement vous le faire aussi découvrir à tous.
Tout commence sur un flyer qu'on m'a sauvagement obligée à prendre à la sortie d'un concert quelconque dont je ne vous parlerai pas ce soir (au fait je vous ai dit que j'étais rentrée au concert de Keziah Jones gratuitement le mois dernier ??? Ah Paris, quelle magnifique ville quand même !) Bref, je sors de l'Elysée Montmartre, on me colle un bout de papier dans la main : l'agenda rock d'avril, ça tombe bien c'est le mois qui vient ! Je survole les annonces de concerts, de soirées, un logo m'appelle, le logo de l'Abracadabar, dans le 19ème. C'est vrai, il est joli ce logo... Et puis il a l'air cool ce bar, tous les mercredis à 21h, y'a un concert gratuit ! (Et vous savez comme j'aime quand c'est gratuit !)
Alors qu'est-ce que je fais ? Ben je chope mes deux soeurs à la sortie de l'école, et je les embarque le premier mercredi du mois à l'Abracadabar !!!
Nous arrivons donc en troupeau métro Laumière, nous déambulons un peu jusqu'au bar (avec ce si joli logo qui se voit de si loin), et là nous nous installons à une table à gauche de la scène. Ouf rien n'a encore commencé. On se commande un diabolo fraise (ben oui, il nous faut toute notre tête pour apprécier !), tout en jetant un oeil au programme de ce soir : deux groupes vont apparemment se succéder, Dawa et Libre. Déjà, rien qu'au nom, je sais pas, mais moi, Libre, ça me donne pas envie. Dawa par contre, ça sonne bien, ça incite plus à la bonne humeur, enfin, tout ça c'est personnel... (Ben oui, mais t'es quand même sur Ciao pour donner ton avis, alors te fais pas prier maintenant !) Bon, d'accord ! Ben voilà, on sait pas pourquoi, mais mes soeurs et moi sommes unanimes avant même que le concert ne commence ! Nous, on a décidé qu'on était là pour le Dawa !
A l'entrée du bar, des gens ont rapproché toute une rangée de tables, et mettent une ambiance folle. Apparemment, eux aussi sont là pour le premier groupe. A notre droite, une autre table est occupée par d'autres fans, caméscope et appareils photo sont de mise... Et à l'autre bout de la pièce, près des toilettes, y'a même une folle furieuse avec un tee-shirt Dawa, qui gigote dans tous les sens. Tiens, me dis-je, mais Dawa, c'est connu ? Je retourne mon programme dans tous les sens pour voir si j'ai pas loupé un épisode... Dawa (rock fançais). Ben c'est fou ce que ça m'aide ça !
Ah, les voilà qui s'installent. S'ils sont connus, je vais quand même m'en rendre compte... Entrent en scène un petit bonhomme avec une casquette, qui s'installe à la batterie électronique (le pauvre !), un autre petit bonhomme à tête de d'Artagnan qui se met à droite de la scène en enfourchant une guitare, puis un grand baraqué au crâne rasé se pointe et investit une basse violette, pendant qu'un second guitariste à lunettes se poste du côté gauche. Mais qui c'est qui va chanter alors ? Non parce que moi, si y'a pas de chanteur, je renonce ! La musique commence alors. Ouh là, c'est du gros son ! Ca a l'air de déménager ! Pourtant, la salle de l'Abracadabar ne semble pas très appropriée à ce genre de démonstrations sonores : pas d'estrade pour la scène, je vous ai déjà parlé de la batterie électronique, et puis apparemment, les musiciens ne s'entendent pas jouer... Mais bon, ils assurent les petits gars ! C'est péchu, ça a du retour ! Ah, et puis oui, finalement il y a un chanteur ! Bon, ben je suis pas venue pour rien ! Clope au bec, Gainsbarre style, notre héro commence à chanter. Y'a de la voix... Mélange entre Bertrand Cantat et un jeune. (Ben j'aime pas Noir Désir, chacun son truc...) Je me surprend à dodeliner de la tête. Stupeur, mes soeurs en font de même. Y'a pas à dire, ils sont forts.
Après la première chanson, qui obtient un score maximum à l'applaudimètre, notre ménestrel s'adresse à son public pour présenter le groupe. Apparemment, messieurs les bassistes et batteurs sont des petits nouveaux. On accueille Jérôme à la mine chafouine faisant une courbette sur sa basse, et à la batterie, Aurélien, toujours caché par un espèce de paravent assez embarrassant. Applaudissements.
Deuxième chanson. Là, dès les premiers accords, la table du fond se lève en hurlant. La folle au tee-shirt connait toutes les paroles par coeur. Les guitares seules entament un rythme lancinant qui incite au secouage de tête. Puis entrent dans le morceau batterie, basse et chant simultanément... "Hey, crois-tu vraiment... (poum poum) Qu'il y ait un destin... (poum poum) Parce que j'attend... (poum poum) Mais rien ne vient..." C'est bon ! Ca rentre dans la tête tellement facilement qu'on dirait que je connais déjà la mélodie. Du pur bonheur. J'en oublie que j'ai une paille dans la bouche. Le couplet, relativement calme est suivi d'un refrain qui pète tout. Et puis c'est qu'il jouent bien ces cons !!! Pas un kouak, pas un larsen, y'a pas à dire, ils sont en place. Re-applaudissements.
Et on enchaîne direct sur un troisième morceau. Pas même le loisir de souffler ! Tiens, c'est une chanson en anglais ! On m'aurait menti ? Il est où le pur rock français ??? C'est pas grave, pas le temps de m'offusquer sur le trompage de marchandise. "You're my own religion, you're my own religion...", c'est que ça dépote ! Et puis ce petit riff de guitare derrière, qui se fond avec le chant !
Apparemment le groupe aussi s'amuse follement. Le chanteur, après les premiers moments de surprise où il prend ses marques semble de plus en plus à l'aise. D'artagnan entame quelques petits pas de danse tout à fait charmants et rythmés tout en fermant les yeux et grattant sauvagement sa guitare. Jer le bassiste, se déchaîne à l'arrière de la scène en se secouant d'avant en arrière, de gauche à droite, et en diagonale. Le deuxième guitariste s'escrime aux choeurs pendant que le batteur bastonne furieusement grosse caisse et cymbales. Puis le morceau se calme, notre chanteur, à genoux au centre de la scène dégage la vue sur le bassiste qui s'est calmé lui aussi, et les musiciens, yeux levés au ciel nous transmettent toute l'émotion possible à travers les dernières notes du morceau. Ouaw !
Notre chanteur ne lâche pas le micro et nous présente maintenant ses deux guitaristes. A ma gauche, nous avons Ryan, qui assure guitare rythmique et choeurs, et à ma droite, notre mousquetaire, c'est Stef, qui ne se prive pas de quelques solos fameux. Bon, d'accord monsieur le chanteur, mais toi t'es qui ? Y'aurait pas un bon samaritain pour te présenter toi ? Ben non, ben tant pis alors...
Ouh là, mais qu'est-ce qui se passe tout à coup ? Quoi ? C'est Ryan qui prend le relais au chant ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Que va faire notre Chanteur-Dont-On-Ne-Dit-Pas-Le-Nom pendant ce temps ? Eh bien, sans se démonter, il prend une guitare accoustique et entame les premiers accords d'une magnifique ballade ! C'est qu'ils sont polyvalents nos amis ! Apparemment, toute cette mise en scène n'était pas prévue, dans la salle, chacun affiche une mine étonnée. Devant moi, une petite blondinette ouvre de grands yeux et les fixe sur Ryan. Même la folle au tee-shirt Dawa a arrêté de gigoter ! Ryan se concentre et il commence à chanter. Sa voix est douce et légèrement plus aiguë que celle du chanteur, et l'on sent qu'il n'a pas l'habitude de lui prendre la vedette. Pourtant, malgré une légère hésitation au niveau des paroles du second couplet, il prend de l'assurance, et quand la batterie, puis la basse entrent dans le morceau sans prévenir, que le chanteur reprend sa place, et que lui et Ryan commencent à chanter ensemble, ben moi, ça me donne des frissons !
Ben oui, j'ai beau faire la dure à cuire, en vérité, je suis une sentimentale... Je vais quand même pas verser ma petite larme ! Ah, non, je vais pas la verser. Malgré tout le solennel de la chose, j'éclate de rire... Jérôme et Stef viennent de s'embrasser sur la bouche, pour rigoler... Messieurs, ce n'est pas sérieux, comment voulez-vous que les autres se concentrent, c'est qu'il faut assurer le sifflotement de la fin du morceau ! C'est pas facile quand on est mort de rire ! Allez, on se ressaisit, que diable, le concert n'est pas fini ! Applaudissements redoublés, y'a pas à dire, les gens ont beaucoup aimé.
Bon, allez, maintenant, c'est fini les conneries, on est là pour le rock, le pur rock qui remue les tripes. D'après ce que j'entend, le morceau suivant s'appelle "Nouvelle atmosphère". Guitares saccadées, paroles cassantes mais empreintes de poésie, moi je passe un bon moment. Et si en plus on enchaîne sur une reprise (c'est à dire enfin une chanson que je vais surement connaître), alors là, c'est le bonheur. D'autant qu'il ne s'agit pas de n'importe quelle reprise. Du Dolly, s'il vous plaît ! "Je ne veux pas rester sage", effectuée à la perfection, un brin plus rapide, ce qui confère au morceau la dynamique qu'il n'a pas forcément dans l'original... Je suis bluffée ! La voix du chanteur est largement plus suave et chaude que celle de la chanteuse de Dolly, tout en restant arrogante. De l'art quoi. C'est vrai, c'est rare qu'on ne soit pas déçu par une reprise. Mais de là à se rendre compte qu'on l'est finalement par l'originale, ça dépasse l'entendement et les règles de la bienséance...
Bon, il serait temps de finir les petits gars, sinon, je vais remettre en question tous mes classiques. Pour la fin de ce set, une intro à la Offspring, suivie d'un riff de guitare à la Metallica, on dirait que le titre c'est "Dis-leur bien ce qui est vrai", mais je ne suis pas sûre de bien comprendre les paroles, il semble que le micro du chanteur ait une faiblesse. Dommage, ça aura été presque parfait ! Après le dernier coup de batterie, le chanteur remercie son public, et annonce le groupe d'après, puis il nous prévient que Dawa sera en concert au Glaz'Art le 23 avril 2003. Sérieux ??? Mes soeurs et moi, on se regarde avec un léger sourire en coin et une lueur dans l'oeil... Ben nous on y sera au Glaz'Art ce mercredi 23 avril !!! Non mais ! Faudrait voir à pas nous prendre que pour des imbéciles ! C'est pas souvent qu'on passe un si bon moment, alors que deux heures plus tôt on ne connaîssait même pas l'existence de ce groupe !
Comme trois groupies, nous réussissons à choper un des musiciens, Jérôme notre bassiste, qui sautille partout, et qui a l'air très content de lui, pour acheter nos places pour le concert du 23. On en profite pour féliciter, faire signer des autographes... (Ah ben oui, même pour les groupes pas connus, nous sommes hystériques, enfin, surtout moi...). Et puis finalement, on s'en va, c'est qu'il faudrait pas louper le dernier métro quand même... Et tant pis pour le groupe d'après.
Voilà ! Si comme moi vous aimez le rock français, que vous aimez aussi aider les petits groupes qui débutent, que vous aimez les concerts, et que vous êtes sur Paris le mercredi 23 avril, n'hésitez pas à venir me rejoindre au Glaz'Art.
Critique écrite le 24 avril 2003 par emceka
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