Accueil Chronique de concert Deadwood (acte II) + C is for Noir
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Chronique de Concert

Deadwood (acte II) + C is for Noir

Deadwood (acte II) + C is for Noir en concert

La Machine à Coudre, Marseille 11 décembre 2015

Critique écrite le par

Holy shit. Tremblez chroniqueurs, Odliz est de retour dans la place... Plus moyen de chroniquer tranquillement, le week-end ou une semaine entière étant passée : c'est que la petite est rapide, percutante, lettrée et cultivée. Les vacances sont finies, elle est de retour de Paris ! Pas le temps de dire "ouf" et hop, elle vous a déjà chroniqué l'acte I du concert de Deadwood à Marseille, donc son showcase au Lollipop Music Store ! Sur cette partie-là, pas grand-chose à ajouter à son ressenti, d'ailleurs...


Car à nous aussi, à un sentiment de flottement devant cet étalage d'appareils et ce musicien transpirant la panique, a vite fait place cet autre sentiment, pas fréquent du tout : la certitude d'être au bon endroit et au bon moment pour assister à une prise de claque dans la gueule, à une vraie découverte en live. Et ce d'une façon d'autant plus surprenante que - oui bon, l'habit ne fait pas le moine mais quand même - ce jeune homme semblait plus qualifié a priori pour tenir la basse dans une formation crust-punk, que pour déployer un tel éventail de talents et de titres. Plus qualifié pour nous botter le cul, disons, que pour nous envoyer le cerveau en l'air... Et à nous aussi la fleur de peau a joliment frémi sur le duo final avec l'encore inconnue jeune fille en T-shirt Nirvana, qui nous a sorti un organe effarant de classe, et donc tout aussi inattendu que ce qui avait précédé.


Mais contrairement à Odliz nous avons alors pris la seule décision raisonnable : poursuivre Deadwood, où qu'il aille jouer à Marseille, jusqu'au bout de la nuit. Quitte à devoir s'arracher au toujours accueillant canapé du vendredi soir... Pas question de laisser échapper ne serait-ce que l'éventualité d'une deuxième interprétation de ce merveilleux duo final, certifié non gravé sur vinyl, en l'imaginant performée cette fois dans une cave obscure et semi-déserte - idéale pour l'ambiance façon Twin Peaks qu'évoquait ce titre badalamentien, donc... Seule inquiétude a priori : à en voir sa mine, le garçon semblait déjà être jetlagué de 6 ou 7 heures par rapport à nous, à l'heure de l'apéro, épuisé comme si on lui lachait enfin la scène de l'Embobineuse à 4 h 30 du matin... Comment allait-on le retrouver 3 heures plus tard ?


La réponse attendra cependant le passage du duo niçois de C is for Noir... Qui n'a pas démérité malgré un style pas totalement raccord avec le suivant : un garçon & une fille, deux mèches et deux claviers, pour de la chanson électro-cool pas vilaine du tout. Mais pas rock non plus et assez tranquille. Donc, pas facile pour faire décoller une salle loin de déborder, sans avoir pu apporter de supporters bruyants et ce, même avec des compositions par moment assez marquantes. Le duo semble finalement plus à l'aise en revisitant les années 80 avec une pop synthétique plaisante et assez raffinée (la musique étant un peu beaucoup jouée en playback, forcément), puis en terminant son set d'un titre calme, mais presque plus intense que le reste. Fin à 23 h 40... et c'est nous qui commençons à accuser le coup, là...


Mais pas Deadwood en apparence, manifestement plus en forme qu'en fin d'après-midi. Comme nous l'a expliqué son attachée de presse locale (qui montera d'ailleurs pousser quelques youyous avec lui sur scène), il n'est simplement pas du matin et 19 h 30, c'était trop tôt pour lui, voilà tout ! Toutes ses dents n'ont certes pas repoussé depuis, mais il a un peu meilleure mine en cette fin de soirée. Et comme prévu l'ambiance de notre cave préférée se prête parfaitement, après une intro en chant diphonique étonnante (quoi que bien aidé par deux micros !), à son blues hurlé sur beats industriels, façon Tom Waits meets Killing Joke... Non, décidément, on a pas over-réagi tout à l'heure, il se passe bien quelque chose de fascinant sur scène quand Deadwood, electro-one-man-blues-band de son état, y est !


Sa boite-à-rythme à lui a beau suinter l'huile de moteur, elle a un groove d'enfer qui lui permet de sonner comme des Cramps à lui tout seul, mais en sus avec sa voix cassée/arrachée/chiffonnée et qui tient bon, contre vents et marées, le secouant devant son propre micro comme un pantin prêt à se briser... Et embarquant le public dans son rafiot improbable sur une mer mauvaise, et qui ne va faire qu'enfler au fil du concert. La preuve, un virage électro de sa boite à rythme, assumé comme si de rien n'était, sans pratiquement s'arrêter entre les morceaux... Ce type est dingue (ça se voit quand il ouvre, parfois, rarement, les yeux) et sa force est de n'avoir précisément aucune limite connue dans la bienséance d'une courbe d'ambiance : la sienne est un roller coaster ! Le retour au blues intervient donc sans prévenir davantage, tout comme l'appel sur scène de... Violette...


Violette ! La fille au t-shirt Nirvana, mais qui s'est changée elle aussi, le regard parfois vide et les gestes malaisés, fausse timide qui regarde au dessus de nos têtes et sort une voix splendide, Shirley Bassey punk à la Machine à Coudre puisque, bien sûr, ils commencent tous les deux par leur ballade qui tue, allant crescendo jusqu'à une sorte de climax entre eux. Parlez-moi d'un duo qui fonctionne, tiens... D'ailleurs Violette reste avec son acolyte presque jusqu'à la fin, l'accompagnant à nouveau jusqu'à des pics électroïdes, pour mieux retomber ensuite dans des blues graisseux et délicats à la fois/voix. Tapant un tambourin ou lui rentrant dedans comme une boxeuse vénère, à son accompagnant - on l'a même vue distinctement lui coller un taquet dans la tronche. Car oui, c'est évident, dans Deadwood, Violette est un peu plus qu'une invitée : c'est un moteur, mieux, c'est une muse !


Même si elle le laissera fini(r), tout seul avec un rock'n'roll arraché à ses tripes, rassise dans l'ombre dans la salle comme si rien de tout ça ne la concernait plus, au fond. Comme on a filé dès la fin de ce concert aussi foutraque que démoniaque, aussi bluesy que noisy, aussi torché qu'inspiré, le mystère de ce magnifique duo reste intact. Bruxelles ? Bordeaux ? Ailleurs ? Prénom ? A propos du groupe ? Rien ! En attendant une prochaine rencontre, cultivons la magie fugace de ce moment où ce qu'on pressent être une grande découverte, a encore sa part de mystère...

Son à découvrir sur : https://soundcloud.com/deadwoodsound

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