Chronique de Concert
Deadwood (acte I)
Préparés pour la pop folk de Yann Cleary , bousculés par l'annonce de Keith Richards Overdose au remplacement, c'est finalement le lonesome Deadwood que l'on découvre en showcase à Lollipop .
Deadwood ou un type à la guitare tombante et à l'allure de hobo qui commence par trifouiller son inventaire de pédales et patauger dans sa jungle de câbles pour poser son atmosphère. Ça sent le courant d'air métallique et la trachéite façon Tom Waits . Un micro ventriloque capture ses histoires grésillées, consumées à l'eau de feu, et un autre sonorise l'écho. La guitare se joue à l'accord ou au tapping, se dévoile rauque, épaisse mais aussi mélodique.
Du rock vers le blues en passant par les marécages bayou qui suintent par tous les pores fébriles du guitariste tressaillant à chaque riff acerbe ou loop hypnotique. Du blues vers l'électro avec un beat lancinant qui le transperce et l'électrise. Le courant passe, les regards amassés entre comptoir et disques sont rivés. Une déglingue artisanale et parfaitement maîtrisée qui nous emmène dans un 16/9e de True Detective .
Clou du spectacle, le dernier morceau où une chanteuse s'invite. Nos ombres de doutes s'estompent à la première note de sa voix ; ils ne s'effacent pas, ils nous explosent à la gueule : la môme avec le T-shirt Nirvana a une voix de Shirley Bassey option Sallie Ford . Un timbre chaud, d'une rondeur et d'un coffre à refourguer la chair de poule. Elle module sa voix et la pousse et l'expulse jusqu'au dernier souffle. Son charisme de poupée désarticulée se fond à merveille dans celui plus azimuté de son acolyte, tout à sa transe mystique. Une vraie, belle claque du calibre de celles qui nous prennent au dépourvu.
Le moment de grâce s'achève et le guitariste prend la parole à la manière d'un môme enthousiaste et un peu autiste qui nous propose d'aller les revoir d'ici une heure à la Machine à Coudre pour une partie de "Sexe", heu, comprenez "Set expérimental"... Visiblement, une fois la guitare débranchée, Deadwood sort de sa zone de confort. Clins d'œil complices, les vinyls passent de main en main. Autour de moi, les sourires sont plutôt conquis.
La question ne se pose pas, on les retrouve d'autorité vendredi prochain à la Meson pour un plateau royal-au-bar avec Conger Conger !
Ou comment tourner en rond avec les chroniques.
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Bonus video :
Critique écrite le 12 décembre 2015 par odliz
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