Chronique de Concert
Deep Purple
Depuis le début de la soirée l'excitation n'a cessé de grandir. Ce soir je vais assister à un concert de Deep Purple, vous imaginez un peu ? Les inventeurs, avec l'autre pilier du genre dans les années 70, Led Zeppelin ( à l'influence toutefois plus bluesy et rock'n'roll ) du son hard rock.
Une légende, un mythe. Ceux qui avaient loupé Robert Plant il y a qqles mois de cela à l'Usine ( il me semble ) pouvaient se consoler ce soir de voir et d'entendre un groupe rare, hors du commun en ce qu'il a inventé les codes distinctifs d'un genre musical, sa définition tant dans le son ( riff ravageur, bref, violent, naissance du guitar-héro, cris de contre ut rythmant les paroles etc. ) que dans le look ( types crasseux, poilus, accompagnés d'une ou plusieurs bières et d'une ou plusieurs gonzesses etc. ) tout au long bien sûr d'une discographie mais surtout grâce à un album référence In Rock. cet album marquera l'histoire de la musique par son aspect novateur au même titre que never mind the bollocks des
Y a qqles années de ça j'ai eu l'occasion d'écouter l'album de leur reformation ( avec la formation originelle et légendaire donc Blacmore et Lord respectivement à la guitare et aux claviers ) ...qui m'avait bien laissé sur ma faim. Ça manquait d'énergie et de magie ). Voilà c'était pour la page Decaux. Mais l'instant est béni, tout le reste est souvenir comme disait un chanteur qui s'est suicidé en 1973.
Et maintenant, j'y suis. La salle est comble. Autour de moi, la moyenne d'âge est assez élevée. Normal ! Rien de moqueur dans ce constat. J'imagine tous ces types, certains au look très propre sur eux, il y a 30 ans en arrière, les cheveux longs, les pat' d'eph', dans leur chambre, en train de se secouer frénétiquement la tête, au son rock psychédélique lourd sortant de leur radio cassette ou de leur électrophone, des Deep, pendant que leurs parents tambourinaient à la porte pour leur demander de baisser cette musique de sauvage (pourtant gorgée de référence à la musique dite classique ).
Avec mon pote Pirlouiiiit on a honteusement loupé la 1ère partie. La faute à des restes de cakes accompagnés de cawa ! Et ouais on est des blaireaux ! Toutes nos excuses les plus plates et les plus sincères au groupe en question. (c'est pas faute d'avoir pédaler comme des dératés en chemin pourtant ). C'est Ian Paice qui le premier se manifeste en martelant ses fûts et ça y est, je peux enfin le dire, j'assiste à un concert des Deep ... La première impression, le plaisir d'être là bien evidemment, d'entendre le son live du pourpre profond de mon enfance, ce groupe que j'écoutais avec mes frères.
Ian Gillian pouce en direct ces cris aigues sur scène...mais sa voix n'est pas assez échauffée pour que cela rende encore bien. J écoute les 1ers solo à rallonge du très habile de ses mains Steeve Morse, Glover à l'autre bout avec son bandana et sa chemise sans manches promène ses doigts d'un bout à l'autre du manche de sa basse...c'est sympa !
Sympa pourtant très vite je dois bien le concéder, je réalise à quel point je n'ai pas affaire au groupe de mon enfance : les gus frôlent ou dépassent la 60aine et cela se voit. Le groupe est loin des excentricités dont mon grand frère me parlait plus jeune. Le chanteur ne bouge pas des masses, il est presque statique et aux solos de Morse (4 dès la 1ère chanson ) il reste dans son coin la main gauche imitant dans l'air celle de son guitar-hero. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu ayant un registre limité de "mise en espace" de la scène, il me donne l'impression d'utiliser de vielles ficelles ou fait ce qu'il peut pour se donner une contenance ( il appuie nonchalamment son coude sur l'épaule de Morse, joue du tambourin à sonnailles dès qu'il ne chante plus etc. )
Ian Paice a vraiment la gueule d'un vieux derrière sa batterie qu'il malmène pourtant comme du temps de sa superbe, lorsqu' il était encore une brute hirsute et animale. Et de fait, cette remarque doit donner le "la" de la prestation : la musique est là ! et c'est tout ce qui compte en vérité ! des solos longs comme les jambes d'Adriana Karembeu, temps moyen pour le cerveau de rejoindre la lune, de rebondir dessus et de se mettre en orbite juste au-dessus de la terre-marseille-le dôme pour les écouter.
Les 1er dialogues guitares-voix (typiques de Deep) ne se feront pas prier quand ce ne sont pas des duos homériques guitare-Hammond. La guitare est vibrante, la rythmique complexe le chant de + en + convaincant. C'est une orgie décibels, de riff rageurs, de claviers sur-vitaminé, de hurlements, et un beau mélange des genres : du Deep pur sucre !
Perso, il m'a semblé que le concert prenait une autre allure suite à l'intervention solo de Don Hairey (chais aps comment ça s'écrit... si c'est bien le nom que j'ai reconnu à la présentation faite par Gilllan. Si c'est bien de lui dont il s'agit c'est l'ex-keyboard d'Ozzy et de UFO. Lui qui avait l'air si tranquille derrière ses claviers depuis le début du concert, lui si pépère, à la mine si débonnaire, bondira de clavier en orgue en délectant la salle de ses mélanges des genres : du Bach, du rock'n'roll, des phrasés tour à tour à tendance méditative, psychédélique, liturgique ( donc dignes des interventions d'un John Lord). Il nous surprendra en jouant le thème de "Star Wars" et même, même du "la cannebière"...non, sans dec' ? Ouais les gô ouais ! les Deep ont joué "sur la canne...canne...cannebièèèèreu !" ! c'est pas ti sympathique tout ça, hein je vous pose la question ? Ben j'ai la réponse : OH QUE OUI ! le public ne s'y trompe pas ! il salue la qualité produite, souris aux clins d'il, il est en osmose avec SON groupe quoi !
A partir de ce moment, le concert prendra une autre dimension.
Les Purple sont de sacrés musiciens, ça breake à tous les coins de mesure, des morceaux débordant d'une énergie indéniable côtoient des titres plus calmes et mélodiques When a blind man cries, ou l'on peut entendre de superbes parties de guitare au son clair de Morse, chaque fois dans un contexte différent.
Un mention spéciale à ce type, et pas uniquement pour sa virtuosité ou sa finesse guitaristique (qui ne sont plus à prouver ) mais pour le sourire non compassé, non contrefait, non artificiel, qu'il n'aura de cesse d'arborer durant les 2 heures de concert (un peu plus chais plus ). Il était enchanté de voir un public ravi, délirant de bonheur et chacun se nourrissait de l'autre ( pour avoir vu Placebo à Nîmes cet été, le contraste est saisissant et Molko aurait pas mal de leçon de connivence à profiter de Morse).
Sans dec', il a été grandiose, pas seulement pcq celui qu'il fait le moins rassis de tous ( ça va je déconne ) mais surtout pcq on le sentait vraiment heureux d'être là, de voir des "vieux" mais aussi des très jeunes ( 14 ans ! ) se réjouir d' entendre, par exemple, au hasard, l'hymne consacré du hard-rock, à l'intro reprise par des générations et des générations de guitaristes en herbe, l'indépassable, l'intemporel Smoke on the water (inspiré au groupe par l'incendie du Casino de Montreux où ils devaient jouer ). Si ça intéresse qqu'un loin d'être ma préférée du groupe. Loin.
M'enfin qu'on aime ou pas elle incontournable. Morse est même allé jusqu'à poser tout en jouant pour ses fans qui le mitraillaient avec leur portable. Mais il n'y avait rien de narcissique. C'était un jeu. D'évidence, on sentait l'envie de faire plaisir, le plaisir de faire plaisir ( en tout cas je l'ai carrément ressenti ainsi ), c'était la parfaite communion avec son public, vous savez ce partage sans division ! On communie dans le plaisir que l'on prend à partager un gâteau, un trésor, un amour ou un concert. J'insiste au risque de paraître non objectif, il faisait vraiment plaisir à voir. D'ailleurs à un moment, il se rapprochera de Glover pour lui souffler à l'oreille qqchose comme "on se rapproche des fans ?". le bassiste des pourpres acquiesce par une inflexion de la tête semblant signifier nonchalamment "ouais pourquoi pas".
Et là on voit nos deux gus se mettre au bord de la scène et entamer une série de "haut en bas" avec leur tête faisant partie de la légende ( ou du cliché ) des hard-rockers ! le pied quoi ! ah c'est clair c'est pas Metallica secouant feu-leur chevelure mais je n'ai quand même plus cette image du début de soirée de vieux papys encore sur scène. Un concert qui aura été un vrai défilé de chansons au souci constant de la recherche de mélodies.
Franchement, suis ressorti avec une pêche de tous les diables. Ils m'ont vraiment mis en joie. Et je vous pose la question : qu'est-ce que la joie sinon autre chose que notre guide et notre règle, comme une sorte d'étoile du berger de l âme ? C est le passage de l' homme d une moindre a une plus grande perfection comme disait l autre. Mais comme cette perfection elle même ne s'inscrit dans rien de moins que la réalité, cela signifie que la joie est le passage a une réalité supérieure, ou plutôt a un degré supérieur de réalité. Se réjouir c est exister davantage : la joie est un sentiment qui accompagne en nous une expansion, ou une intensification, de notre puissance d exister et d agir. c est le plaisir - en joie et en acte - d exister plus et mieux....OOOOOOOOOOH TA GUEULE !
Euuuh ouais pardon...vyez leur musique nous égare littéralement ! allez moa j'dis longue vie à Deep Purple (le dire avec un cri rauque façon James Hetfield ou comme ces jeunes qui n'ont cessé de la faire à côté de moi au concert), ce groupe certes plus aussi déroutant qu'à ses débuts ( menfin, pourraient bien encore nous étonner ces gars-là quand on ressent le plaisir et la complicité qu'ils ont à jouer ensemble...loin de l'époque - si riche paradoxalement - de l'affrontement des ego démesurés d' un Blackmore vs Lord - explication ici où là des longueurs superflues, solos à rallonge, intro liturgique et pompeuse de certains morceaux tels queLazy par exemple ????? ) mais maîtrisant parfaitement son sujet et très très très attachant qui plus est !
Photos Pirlouiiiit parti environ au 6ème morceau - pendant le solo de Steve Morse trier ces photos et celles de la veille
Critique écrite le 15 novembre 2006 par Eric B.
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> Réponse le 27 février 2007, par Kévin
[le Dôme à Marseille - 14 novembre 2006] Ayant loupé leur concert à lyon à la Halle Tony Garnier en janvier 2006, j'ais pu me rattraper à 200% à leur concert à Marseille le 14 novembre 2006 ! Arrivé suffisament tôt, je me suis retrouvé à la barrière en face de Steve Morse, avec qui j'ai échangé de nombreux regards et sourires complices toute la soirée ! La set-list est quasi-parfaite (avec des surprises comme Into the fire ou Fireball), un Ian Gillan bien en voix, un groupe en forme et qui envoit du gros ! En tant que batteur, je trouve Ian Paice toujours aussi Exellent et je ne trouve pas qu'il a l'air d'un vieux. A 59 ans j'espère pouvoir encore jouer et marteller comme lui ! Steve Morse est vraimant un guitariste de fou et c'est vrai qu'il sourit tout le temps mais il est sincère et ça se voit. Mon seul regret de la... La suite | Réagir
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