Chronique de Concert
Dépêche Mode
Tant qu'il y aura la mode...
... Il y aura Dépêche Mode. Combien d'images leur aura t-on successivement collé tout au long de leur longue carrière ? Autant qu'il y de photographies de vous dans vos albums de familles... Du statut de simple groupe à minettes en 1980-81 après le succès du suave et gentillet "i just can't get enough", le groupe a ensuite été affilié (à tort) à la mouvance anglo-saxonne de l'époque, la vague néo-romantique. En 1983 avec l'album "Construction time again" ils deviennent un groupe pop industriel. Puis en 1984 et l'album sombre de toute leur discographie : "Black Celebration" le groupe s'est vu échoir le titre de groupe gothique (tout aussi faux que les précédents). De 1985 à 1990 Dépêche Mode est, et avec certitudes cette fois-ci, enfermé dans le carcan de la sacro-sainte new-wave (dénomination totalement dénuée de sens puisque si l'on entend par nouvelle vague le fait d'utiliser les machines comme instruments mélodiques, Krafwerk, ou le Suicide d'Alan Véga le faisait déjà bien avant 1985...) . Enfin, new wave, pourquoi pas... Sauf qu'en 1991 l'album "Songs of faith & devotion" inaugure un évident virage rock, voir grunge (On est alors en pleine folie Nirvana, Pearl Jam et consort...). Le groupe confirme à ce moment-là ses énormes facultés d'anticipation des mouvements musicaux à venir, mais aussi à se fondre et s'insérer dans les épiphénomènes musico-culturels des époques traversées. Dépêche Mode apparaît dés lors comme un groupuscule aux milles visages, ou un monstre sans tête, nourrissant et se nourrissant de son époque.
Et today alors, qu'en est-il du "Monster Dépêche Mode" ? Il rayonne, se porte comme un charme et se paie même le luxe d'être l'un des groupes les plus courtisés et revendiqué de cette décennie. En effet, au sein de l'éternelle nouvelle scène électronique Française, ces grands pères de DM se découvrent des enfants illégitimes tous les jours : De Daft Punk à Bertrand Burgalat, tous se pressent pour les remixer, et pour le reste de la planète musique, hommage appuyé et soutient indéfectible de Placebo, Smashing Pumpkins, Gus Gus, DJ Shadow, et même... Etienne Daho. Autant d'images pour autant de fans de tous les horizons musicaux. Avec DM, il y a en aura eue pour tous les goûts...
Toutes ces populations, cette faune, âgée de " 7 à 77 ans " s'étaient donc données rendez-vous à la Halle ce mardi soir. "Musique pour les masses", serait-on tenté de dire. Pour y voir quoi justement ? Eh bien... Un groupe dont seul trois musiciens d'origine sont encore en place, enrichie par des apports extérieurs, des percussions, une batterie, (une vrai ! Fini les enclumes...), des chanteuses gospels... Pour une musique nouvelle, au sein de la discographie du groupe. En effet, entre chaque album, les membres du groupe changent, vieillissent un peu plus chaque jour, s'ouvrent sans doute à de nouveaux univers musicaux. Le résultat s'en ressent encore sur ce nouvel opus : Plus calme, mature, apaisé, adulte, celui-ci semble être le point culminant (pour aujourd'hui...) de l'éternelle obsession de Dépêche Mode : Réussir la parfaite fusion entre l'expérimentation de sonorités électroniques nouvelles et l'éternelle envie du groupe de séduire les masses, les radios. Séduire l'individu tout autant que la collectivité à laquelle cet individu appartient. Pari réussi.
Deux heures de concert non-stop durant lesquelles le groupe rejouent ces anciennes chansons avec un remodelage version 2001, puis dévoilent les attendues nouvelles compositions de cette année. Une première heure de concert exclusivement réservée aux récentes compositions d'Exciter et Ultra. Au programme : Ambiances atmosphériques glaciales façons Björk ou Gus Gus, puis rythmes break beat à la Chemical Brothers sur certains morceaux, bercements harmonieux et mélodies sereines imparables sur d'autres, et enfin, cadencement trip hop brutal à faire pâlir de honte ces mous du synthé de Nine Inch Nails. Puis, à l'heure de concert, arrive le tubesque " Enjoy the silence " et son riff de guitares imparables. À partir de ce morceau, DM pioche joyeusement dans son ancien répertoire et rejoue, pour le plaisir, les anciens hits d'antan. Une large revu qui ne laisse pourtant point de place à la fainéantise : Sur certaines séquences s'ajoute rythme jungle ou machinerie synthétique à tout va... les DJ's s'en donne à cur joie.
Au final, un show immense, au sens propre comme au sens figuré : Pour les esprits (la musique), les yeux (le show visuel : diffusions de mini-films inédits, imagerie artistique et poétique) et les jambes (encore la musique !). Mais avant toute chose la sensation parfois irréelle de voir défiler devant ses yeux un groupe au sommet de son art, maîtrisant à la perfection l'art du spectacle, l'art de faire danser et l'art musical tout court. Parfaite fusion entre la puissance rock et l'esprit propre à la musique électronique pop-ulaire, Dépêche Mode déploie, devant nos yeux et oreilles charmées, le temps d'une soirée, la plus parfaite musique populaire qu'il puisse exister : MINIMALISTE ET GRAND PUBLIC en même temps... Chaque morceau s'adressant, aussi paradoxal que cela puisse paraître à vous seul et à tout le monde en même temps. Aussi percutant en catimini que devant un stade comble. C'est là toute la force d'un groupe qui s'enrichit avec les années.
Comme précédemment décrit plus haut, il existe une multitude de Dépêche mode. Chacune de ces facettes s'accordant à une période de votre vie : L'âge bête, la jeunesse, l'adolescence, le jeune adulte, l'adulte.... Il y en a pour tout le monde et vous aussi en particulier. On se retrouve tous dans la discographie de Dépêche Mode. Il y a toujours une partie de notre vie dans un des disques de ces éternels p'tits gars de Basildon....
Critique écrite le 21 janvier 2002 par LaurentM
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