Chronique de Concert
Derek Poteat, Ahmad Compaoré, Philippe Petit
L'avant veille McYavell m'appelle pour me dire que ce soir il ira sur le Levantin (catamaran) pour une de ces fameuses mini croisière / concert jazz du jeudi ... J'hésite puis renonce car le retour est prévu à 23h30 et que cela risque d'être trop tard pour ensuite voir le concert de Derek Poteat, Ahmad Compaoré, Philippe Petit à la Machine à Coudre. Je laisse donc le jazz à McYavell et arrive à 22h20 à la Machine inquiet à l'idée que le concert ait peut être commencé à l'heure. A mon grand étonnement il y a très peu de monde ... mais après coup je ne suis guère surpris ... entre la demi finale de l'euro Italie-Allemagne, la température dans la journée (29-30°C) - ce soir il fait bon à la Machine), le fait qu'il s'agit d'une première (les 3 musiciens n'ont encore jamais joué ensemble, même en répète - comme quoi il n'y a pas que la Meson qui donne des "Carte Blanche") ... Et même ceux qui après le match se seraient posé la question de venir ... avec un concert annoncé à 21h30, qui oserait décollé du confort de son canapé ou de la terrasse d'un café pour prendre le risque d'arriver pour les dernières notes d'un concert. Une fois de plus, je pense que si on arrivait à faire une meilleure estimation des débuts de concert (et/ou que s'en tienne à l'horaire annoncé) tout le monde y gagnerait !
C'est en pensant à ce genre de chose que je suis en compagnie de J2P et Claire la fin du match diffusée dans le restau juste en face de la Machine (score final 2-1 pour les Italiens). Le match est fini ... on attend encore un peu ... et à 23h, Philippe Petit qui était assis derrière son ordi depuis un petit moment fini par prendre la parole. Il nous explique que c'est une première, qu'ils ne se sont pas concertés, la preuve, lui attendait qu'ils arrivent sur scène et eux attendait dans la loge qu'il commence. Il nous remercie d'être venu ... nous devons être une vingtaine. Si je connais bien Philippe Petit et Ahmad Compaoré pour les avoir vus dans de nombreux projets, je ne connais pas Derek Poteat (qui a notamment été le bassiste de Ahleuchatistas). Je suis curieux (et en même temps un peu inquiet) les trucs trop expérimentaux / improvisés pouvant parfois tomber à plat.
Philippe attaque donc seul sur son espèce de planche à couper branchée, qu'il frotte, tapote, astique ... il est rejoint par Ahmad et Derek ... Ahmad s'occupe de lancer son enregistreur mp3, Derek bidouille l'une des ses (quinze je crois) pédales. Le concert mettra un petit moment à démarrer, les 3 se cherchant un petit peu. Philippe très concentré (limite enfermé) sur sa planche et son ordi semble s'efforcer de tirer l'ensemble ... Ahmad écoute, regarde, essaie ... et puis petit à petit ça va partir ! Quelque chose de sombre, de chaotique ... dans ces moments là le rythme insufflé par la batterie est essentiel pour accroché l'auditeur (en tout cas moi). Et à ce petit jeu là Ahmad fait partie de ces quelques batteurs qui peuvent tout faire (comme Gildas Etevenard par exemple).
Placé au centre il fera une nouvelle fois le lien, le liant entre les sons relativement discrets de Derek et ceux tout en tension / crispation de Philippe. Dans la première moité il y a un moment où je penserai à certains morceaux de Tom Waits (période Bone Machine / Black Rider). Un peu plus tard assis et calé contre le célèbre poteau central de la Machine je manquerai de m'endormir (ça m'a paru long mais ça a pu durer quelques secondes) bercé par ces ambiances noires mais pas agressives pour autant. Pour la deuxième partie, Philippe rangera sa planche pour l'échanger contre une espèce de mini guitare (en tout cas un truc avec un manche et des cordes) qui se contentera de caresser avec divers ustensiles.
La suite ira crescendo, en passant par des phase d'orage où les quelques flashs de l'autre photographe ajouteront au côté tonnerre... jusqu'à ce qu'il se mette debout au micro et au kazoo pour évacuer toute la tension accumuler pendant le concert (et peut être même avant) en un cri qui m'aurait certainement fait tomber de mon tabouret si j'avais encore été en train de somnoler. Après ce cri, une légère redescente pour un atterrissage en douceur à minuit pile il se mettront tous debout, et nous remercieront de notre attention. Comme le soulignera Ahmad qu'il y ait du monde ou pas ils jouent à fond. Le public de ce soir m'a paru conquis, en tout cas je l'étais comme les quelques personnes qui se sont pressées pour feliciter Ahmad - qu'elles avaient pourtant l'habitude de voir dans des projets plus "classique" (pas "classique" je veux bien sûr dire "jazz").
Demain Derek Poteat continuera sa route vers l'Espagne pour aller jouer avec d'autres personnes. Nous nous souviendrons de son passage grace à ce concert, qui donnera surement des idées à Ahmad et Philippe qui désormais se connaissent un peu mieux ...
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Critique écrite le 29 juin 2012 par Pirlouiiiit
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