Chronique de Concert
Devil Crockett + Mick Wigfall & the Toxics + The Meteors
Bien belle soirée au Trolleybus, qui accueillait les mythiques The Meteors (enfin mythiques, pour une frange infime et très pointue de la population, dont je ne fais pas partie...). Dans la foule qui se presse devant l'entrée et dans les pubs alentour, il y a donc un bon paquet de gens floqués à l'effigie du groupe, ou vêtus d'habits noirs cintrés (et qui vont du chevelu très bien taillé et gominé, au crâne rasé de frais)... Le public du psychobilly quoi, dont les filles - j'oserai une généralité - sont toujours des créatures aussi superbes, pour certaines pimpantes comme des pin-ups des années 50.
(... Juste 2 photos ratées pour rappeler à quoi sert un photographe, pas arrivé pour les Croquettes du Diable...)
Et il y a un paquet de curieux, ce qu'on appellera le public rock de Marseille : nous aussi nous sommes déplacés en nombre, comme à chaque fois qu'une légende, même quasiment inconnue (pour moi), passe par Marseille. La jauge doit pratiquement être atteinte donc, même si presque tout le monde est encore assez loin de la scène quand les Devil Crockett attaquent sur la scène étroite, coincés entre des baffles envahissants. Sapés comme d'illustres crétins (une tradition chez eux, déjà constatée la dernière fois), ils démarrent en trombe et dans un son assez abominable, devant un public d'abord circonspect.
Après quelques réglages et quelques titres, on entend enfin tout le monde (ils sont désormais 5), notamment leur excellent contrebassiste, sur Zombiphilia, et ça devient bien : le chanteur est toujours ce pois sauteur Jimcarreysque et surexcité, provoquant un effet comique persistant avec ses collègues qui semblent revenir d'une partie de boules au camping des flots bleus. Appuyé sur son groupe pétaradant et très en place, il est néanmoins aussi capable de grandes envolés de voix rauque très efficace, et même de tentatives un peu hasardeuses à l'harmonica : en tout cas les breaks sont maîtrisés, les problèmes techniques réglés avec brio, et les doigts du contrebassiste galopent sans jamais se fatiguer sur les cordes immenses !
Leur show un petit peu long est émaillé de plaisants passage surf, d'une reprise assez dingo de Folsom Prison Blue de l'Homme en Noir, d'un Jack the Ripper dont je me demande encore si c'était une reprise de The Horrors, ou pas. La salle s'est bien remplie et commence à bien brasser, même si on peut déplorer que quand ce jeune homme à l'immense (et impressionnant) iroquois rouge tourne la tête, il nous masque la moitié du groupe d'un coup ! On a en tout cas encore passé un très bon moment avec eux. Quelques minutes après, on constate qu'ils avaient bien prévu aussi une tenue normale, pour la suite de la soirée !
Le temps d'aller et venir un peu dans le grand couloir, de sortir saluer quelques copains, et voici que Mick Wigfall et ses Toxics ont pris la scène : contrairement à la fête de la Musique où je suis arrivé pile à la fin, je ne vais pas en perdre une miette ! De facture plus classique (globalement, rock'n'roll), ils nous font une excellente impression dès les premiers accords, tout comme aux gens du public à qui le moindre rockabilly donne prétexte à des bousculades enjouées. Ce brassage constant et un peu appuyé est un tout petit peu gonflant à force, mais c'est bon enfant et appréciable pour l'ambiance générale - Vand se réjouit par exemple de voir enfin à nouveau une salle aussi remplie et mouvante !
Mick Wigfall est un petit bonhomme buriné et gominé, un lad qui joue de la contrebasse tout en chantant (bien : il est anglais, lui !), son guitariste (d'obédience rock, voire hard rock je dirais) assure mortellement ses riffs, et le batteur (affublé d'un masque de catcheur mexicain une bonne partie du show) est lui aussi parfait.
Alors qu'ils jouent du blues (j'ai retenu, un titre rapeux et fabuleux et hargneux qui doit s'appeler Big in Japan), du rock'n'roll ou du rockabilly, ils nous emballent franchement : leur ADN musical représente très exactement tout ce que j'aime dans les rock des années 60, c'est vraiment la grande classe !
Point culminant, une reprise de Baby please don't go (de Van Morrison et les Eux bien sûr), totalement jouissive ! Un acolyte (ndP : le chanteur de Where's Captain Kirk ?) les rejoint pour un autre grand classique R'n'R (désolé, mon cerveau a buggé, pas retrouvé le titre), tandis que la salle en folie atteint un niveau de température et de fumée digne des clubs de rock les plus crasseux... Avant que la tireuse de bière ne tombe en panne, on se sent donc très bien au Trolleybus ! Et la soirée est déjà réussie, à notre goût, quand ils se retirent de scène après un show, lui, un peu trop court. A revoir !
Reste à en découdre avec The Meteors, qui attirent enfin tout le monde à l'intérieur et devant la scène. Le batteur a une tête de colonel américain à la retraite (en gros, celle du type qui a les seins qui poussent dans Fight Club), le contre-bassiste est un géant très costaud mais avec une vraie tête de gentil (il semble pendant un moment au bord du malaise de chaleur), et le chanteur est un petit gars à l'air pas méchant non plus avec ses rouflaquettes, qui braille avec une belle énergie et prône la tolérance et le mélange de genres : un trio plutôt attachant donc - à l'exception du batteur qui est aussi clairement le plus faible des trois.
On aurait aimé trouver ça génial et donc pouvoir en dire encore plus de bien (ne serait-ce que pour ne pas se mettre à dos quelques individus à l'air patibulaire mais presque)... Mais ça va me faire la même impression que pour les Hellbats (il y a 6 ans déjà, comme le temps passe !) : le psychobilly "orthodoxe" parait basé sur 2 ou 3 riffs pratiquement uniques, et toutes les chansons se ressemblent (je ne prétends pas avoir l'oreille affutés au style, hein !). C'est donc l'ennui qui nous gagne, heureusement qu'une partie du spectacle est dans le public (Cadenas va-t-il taper sur chauve teigneux ? Bretelle va-t-il tomber le pantalon ? Iroquois va-t-il finir complètement voilé ? Cherche-la-merde va-t-il réussir à se prendre une beigne pour démarrer la baston dont il rêve ?)
On ne le saura pas, puisque d'un commun accord avec Svet et Pirlouiiiit, on quitte les Meteors après une grosse demi-heure et une tentative blues (ça change un peu mais ce n'est pas trop leur rayon), pour aller boire un dernier coup en plein air. Puisque manifestement ce concert a attiré un important public, espérons en tout cas que la soirée organisée par le O'Bundies s'est bien terminée : heureusement donc qu'il reste des activistes toujours prêts à risquer leur chemise pour organiser des moments comme celui-ci... dont les hautes instances de Marseille Capicule 2013 ne sauront pourtant jamais rien. Allez, sans rancune, chers skinheads : OTMAPP ! ;-)
Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici ... désolé pour les Devil Crockett j'étais à Brigitte Fontaine
et une petite de the Meteors ici
Critique écrite le 18 septembre 2011 par Philippe
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> Réponse le 19 septembre 2011, par Vand
Le gros qu'a les seins qui poussent dans Fight Club, c'est Meat Loaf pignouf ;) Un ancêtre de droite lignée du Psychobilly en plus, pour le coup... Et toujours aucune rixe à la fin de la soirée, 20/20 pour l'orga ! Sinon, même avis que le tien, déjà que j'avais la flemme de rédiger, je vais pas me gêner de piquer ta chronique ;) Ndph : attention lundi matin j'ai corrigé une grosse faute et taillé des rouflaquettes dans la "barbe" du chanteur des Meteors !! ;- Réagir
> Réponse le 19 septembre 2011, par Pirlouiiiit
[Trolleybus, Marseille - 17/09/2011] précisions diverses : - "Pour la chanson de Mick Wigfall, c'était Teenage Kick de Undertones" Thérèse Docteur (NdPh : bon sang mais c'est mais bien sûr !) - "Il me semble avoir entendu du Anti Nowhere League aussi !!" Pierrot Conger - "Juste pour info, le guitariste de Mick Wigfall est Séb, des Warrior Kids." Oh ! Réagir
> Réponse le 20 septembre 2011, par JEAN LOUIS
Pour info Mister K, le batteur masqué de Mick Wigfall & the Toxics était celui des Mosquitoes avec Michel BASLY (Cowboys from outerspace)!!!! Réagir
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