Chronique de Concert
Didier Super - Ta vie sera plus moche que la mienne
Dernier de la série de trois spectacles donnés à Marseille par Didier Super, l'artiste que le monde entier nous envie. C'était une première pour moi au Théâtre de l'Art Dû (anciennement Garage Marengo), et ce fut très bonne surprise, bel endroit, équipe sympathique, petit apéro pas cher, bref : j'y retournerais avec plaisir.
Beaucoup de monde, à tel point qu'on ne peut plus vraiment parler de représentation "à guichet fermé", mais plutôt "à guichet violé", expression que je viens d'inventer et qui pourrait signifier "on a vendu toutes les places disponibles, mais on va encore en vendre une trentaine, on verra plus tard comment on gère, au pire on distribuera des bonbons au public pour faire passer la pillule".
C'est donc dans une salle comble (dont deux artistes locaux assez connues), avec des spectateurs plus ou moins bien assis, sur des fauteuils (pour les plus chanceux), des chaises, des tabourets ou des escabeaux et au détriment de toutes règles élémentaires de sécurité que le spectacle pu commencer. La présentation que j'en fait peut sembler négative, mais mon ressenti réel ne l'est pas, j'ai trouvé pour le coup que le côté assez bordélique de l'organisation était bien raccord avec la forme du spectacle de Didier Super.
Tout d'abord, il faut préciser que ce n'était pas un concert mais véritablement un one-man-show, avec quelques passages musicaux soit, mais qui racontait une histoire. Celle de Ludovic, pauvre loser au bord du suicide, qui "hérite" d'une fortune colossale et décide de l'utiliser pour régler tous les problèmes du monde. L'occasion pour Didier Super de parcourir les sujets problématiques de notre société : politique, tensions religieuses, faim dans le monde, déshumanisation, conflits armés et d'y apporter un éclairage absurde et intense.
Formellement c'est assez surprenant : l'histoire est présenté comme un conte pour enfant gonflé aux stéroïdes, charcuté, démonté comme un réveil, puis remonté en dépit (et en déni) du bon sens. Un genre de monstre de Frankeinstein narratif. On pense forcément à Gustave Parking, mais le côté extrême (et salissant) de la chose rappellera forcément aux plus anciens les passages télés délirants de Jango Edwards dans les années 80-90. Ce chaos constant est assez déstabilisant, car il donne une apparence d'improvisation. Mais ce n'est qu'une impression, au contraire, le spectacle est très écrit, comme me l'a confirmé François: les représentations de Jeudi et Samedi étaient identiques au mot près.
Au final, cette forme chaotique et cette approche excessive servent totalement le propos de l'artiste. Didier Super va loin dans ses propos, très loin, plus loin que la plupart des autres artistes. Il fait des blagues assez violentes sur des sujets aussi compliqués que la religion, les attentats, la famine, mais cet "extrémisme tout terrain" le protège aussi.
Comme absolument tous les sujets sont abordés sans la moindre pudeur, avec le plus mauvais esprit possible chaque blague potentiellement choquante n'est au final rien d'autre qu'une de plus sur la longue série que comprend ce spectacle. Et au final se dégage, en creux, un message moins punk que ce qu'il a l'air, mais clairement progressiste et humaniste. On peut même dire engagé.
Après avoir tout cassé et tout sali sur scène (et ailleurs), devant un public aux anges, mi hilare mi gêné, Didier Super terminera la représentation dans la rue, transformant le spectacle en happening convivial. Je pourrais finir par une conclusion inspirée, inspirante mais longue, je vais plutôt faire simple : ALLEZ VOIR DIDIER SUPER
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Critique écrite le 11 avril 2018 par Fred Boyer
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