Chronique de Concert
Didier Super (ta vie sera plus moche que la mienne)
Ayant fait mine de ne pas voir que le "pas du tout" en petit (qui précédait en le "en concert" - écrit lui en gros) dans le sous-titre de l'affiche de ce nouveau spectacle intitulé "ta vie seras plus moche que la mienne" je me suis rendu au théâtre de l'Art Dû avec mon appareil photo (et ma gopro) histoire d'avoir un peu de matière pour illustrer cette chronique. Et je ne le regrette pas car non seulement il y a pas mal de chansons, mais surtout je me suis régalé. Décidément les concerts (ou spectacles musicaux) dans les théâtres je devrais en voir plus souvent (je fais allusion au fait que j'ai couvert quelques dates du festival de Jazz au théâtre du têtard récemment et que c'était aussi très bon).
Donc là je reviens à peine de l'Art Dû, ancien garage converti en théâtre dans le bas de la rue Marengo (donc tout près de chez moi là encore) et chose rare je vais écrire la chronique "à chaud" et je ne vais pas vous la raconter de façon linéaire comme je le fais souvent pour les concerts en suivant la setlist car cela pourrait vous gâcher la surprise. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il n'y a pas (encore*) de vidéo. Comme il nous le dira en voix off au début du spectacle sur le ton de l'humour mais sérieusement en nous demandant de ne pas filmer : cela lui permettra de continuer à faire les mêmes vannes plus longtemps dans ses spectacles (là je viens du coup d'en désamorcer une).
Bref j'ai pris quelques notes mais je ne vais pas trop m'en servir, et en raconter le minimum. Tout ce que je peux dire c'est que le spectacle nous est présenté comme un spectacle pour enfant (ce qu'il n'est évidemment pas sur le fond), qu'il fait beaucoup de grimaces et dit beaucoup d'horreurs mais qu'il a l'air tellement gentil et bienveillant malgré tout (je n'ai pourtant échangé qu'un mail et un sms avec lui pour réserver une place) que ça passe. Le fait que ça aille un peu par étape aussi et qu'il alterne un peu tous les genres aide aussi beaucoup.
Ne l'ayant jamais vu auparavant j'ai vraiment trouvé le rythme du spectacle parfait. Pas un temps mort, même quand il fait croire qu'il y en a un. J'ai éclaté de rire plusieurs fois, souris quasiment tout le temps, sauf dans les moments où je me disais que là il allait loin (dans ces moments-là il était souvent le premier à nous aider à désamorcer la chose à coup de "je ne suis pas fier de tout ce que j'ai mis dans ce spectacle").
Il réussit le tour de force de parler de sujet grave, polémiques voire blessant sans qu'on soit outré ou blessé que ce soit la religion (tout le monde en prend pour son grade et bien que croyant moi-même je n'ai pas été vexé), le racisme, le féminisme (ça revient à plusieurs reprises), l'homosexualité, le chômage, le suicide, le bataclan, les noyés en Méditerranée, le viol, la pauvreté, la vénalité et l'individualisme... ou des trucs plus philosophiques comme ce qui est bien est ce qui est mal par exemple.
Tout ca s'enchaine sans pause avec juste un rideau qui lui permet de se cacher pour enfiler quelques bouts de déguisement (pour lui ou un de ses deux poupées gonflables qui partagent parfois la scène avec lui) ou faire des trucs tout seul ou enfin d'aller chercher des accessoires aussi variés qu'un chien une canette, un pétard, une bombe, une bâche, une tronçonneuse, une guitare bien sûr ... Par ce côté volontairement un peu cheap et inventif dans les accessoires il m'a fait penser à Gustave Parking (mon comique préféré jusque-là).
D'ailleurs ce n'est pas qu'à cause des accessoires qu'il m'a fait penser à Gustave. Ils partagent pas mal de points communs je trouve dans le thèmes abordés, mes messages sous-jacents, la finesse du propos et la qualité des textes. Certes Didier est plus trash mais c'est un peu le même esprit. Plus trash notamment dans ses interactions avec le public qui je l'espère vient un petit peu en sachant à qui il a à faire. Personnellement j'ai pris soin de ne pas me mettre sur les premiers rangs (et je ne le regrette pas).
L'autre artiste auquel il m'a fait penser c'est David Lafore qui s'il est plus musicien que Didier est aussi assez bon dans ses interactions avec le public qu'il est capable par exemple de garder en tension plusieurs minutes juste en le regardant (et puis un morceau comme Assassinat, Didier pourrait le faire). Tous les deux très forts en impro et jouant avec le public, le lieu, le contexte ("et bien moi je me comprends" - "je ferai mieux demain", ...)
J'ai aussi pensé à Boby Lapointe et Didier Volubile qui lui-même m'a toujours fait penser à Bourvil, et bien sûr à Coluche. Comme ces illustres clowns là, Didier Super nous touche avec ses textes et ses messages qui ne sont jamais gratuits. A titre d'exemple de message/ texte qu'il a presque dit et qui fait mal parce qu'il nous met le nez dedans il y a ce "Le racisme ce n'est pas que quand on bute des noirs c'est aussi quand on les laisse crever".
Bref un spectacle intense dans un lieu sympa par une "vedette" qui a beaucoup de recul sur beaucoup de choses et qui n'attend pas qu'on ait fini de rire pour enchainer qui au final m'a tellement plu, que je me demande si je ne serais pas prêt à revenir pour y accompagner Svet samedi (si elle n'est pas cuite en sortant de sa garde) ... En tout cas vous l'aurez compris je vous le recommande !
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* je lui ai envoyé les quelques vidéos pourris que j'ai faites pour voir s'il en validerait une comme complément d'illustration (pour le son de sa voix, son ton, son rythme, pour la réaction du public, ...)
Critique écrite le 06 avril 2018 par pirlouiiiit
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> Réponse le 07 avril 2018, par Philippe
Super marrant, j'ai bien rigolé moi aussi ! Surtout quand il a arrêté de me parler (c'est le genre de spectacle où on prend à partie un mec au premier rang - moi bien sûr, et pourtant j'étais assis là par hasard...) Il a finalement mis en spectacle comique tous ses sujets de prédilection (punk à chien, etc). Tout en gardant les petits chansonettes vachardes qui ont fait sa renommée et qui sont toujours aussi abjectes et drôles à la fois, interprétées avec une mini-guitare à l'accordage approximatif. Effectivement tout le monde s'en prend tellement dans la gueule que ça désamorce toute vexation. On sent quand même une "tendresse" particulière pour les curés et les islamistes, cela dit. J'avoue que l'explosion est franchement ce qui m'a fait le plus rire et pourtant j'en ai pris plein la... La suite | Réagir
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