Chronique de Concert
Dimoné (Week end French Touch)
Comment La Meson est parvenue à inviter Dimoné dans ce confetti de salle (en comparaison des salles de concert classiques), alors que sa renommée grandissante nous l'éloigne un peu plus à chacun de ses accords et à chacun de ses vers, peu importe après tout. Comme un enfant, je préfère ne pas connaître le secret des cadeaux.
Bien entendu, impossible de faire une chronique objective ; ceux qui me connaissent savent que je suis fan. Alors comment vous dire le frisson qui me parcourt dès le premier accord de Chutt Chutt Shut Up, premier morceau du set ? Comment même vous dire le temps qui s'arrête dès l'arrivée de Dimoné face à nous, en " vraie grandeur ", pratiquement à notre hauteur, à portée de main ?
Devant un auditoire (bien) trop peu nombreux à mon goût, chemise noire cintrée et cravate fine, Dimoné apparaît avec son habituelle classe légèrement décalée, et sa " moustache en accent circonflexe ". Electrique avant même d'avoir commencé, celui qui dit vouloir vivre chaque concert pleinement tant la chance d'être là est incomparable, veut encore une fois en découdre avec l'instant présent (et avec lui-même ?).
En nage dès le deuxième ou troisième morceau, le " diable " se déchaine une nouvelle fois devant nous. Côté musique, la part belle est donnée au dernier album " Bien Hommé Mal Femmé " dont la majeure partie des morceaux sera interprétée. A tel point que lorsque le public demandera pour les rappels l'unique morceau manquant, Dimoné s'en trouvera fort dépourvu, l'oeil rieur, " on ne peut tout faire mon bon monsieur ! ". Avec toujours cet art du gimmick et du riff de guitare ou de clavier, ultra-efficaces, qui signent et déclenchent balancements de la tête ou battements des mains dès les premières mesures (" Chutt Chutt Shut up ", " Les Narcisses ", " Maquille-moi "). De savants dosages qui aboutissent à des morceaux entêtants (" Un homme Libre ", Madame Blanche ", ...), véritables tubes.
A ses côtés, l'acolyte de (presque) toujours Jean-Christophe Sirven est aux manettes de l'orchestration, assumant claviers et boucles en tous genres, mais également (surtout ?) aux coups d'oeil discrets à l'ingé son, afin que le tout soit impeccable (et ça l'a été), et offrant ainsi à Dimoné la pleine liberté de donner libre cour à sa libre interprétation.
Côté paroles, le plaisir de réentendre cette poésie un je-ne-sais-quoi d'un peu décalée, mêlant onirisme et moderne, cinématographique, comme sépia ou saturée-polaroïd, irréelle ou non, et collant pourtant à l'air du temps. Une poésie à la consonne franche et chantante comme l'accent et le phrasé marqués de l'artiste (" où l'écho cherche des noises au bruit, pour qu'il le tue, pour qu'il l'emmure, qu'il le terre, et las, qu'il demeure avortant la rumeur ", " j'essaierai de viser deux centimètres un peu plus haut, pas comme hier soir où c'était moins une au casino ", "détresser les cordes, les dresser à mordre ",...).
Et toujours ce don pour les ponts et les transitions parlées-chantées, piégées aux paroles qui chopent et suspendent le souffle du public, et qui rendent de fait les chansons d'autant plus vivantes (" tu vois ? tu vois ? une bouffée de ventoline pour notre âme. Happée apaisée. reprenant du souffle et suspendant les soupirs " sur Venise ou " tu te rappelles ? Tu te rappelles pas ?... on a crié ! " sur Encore une Année, et qui s'étirera ici telle une transe dans les virages d'un stade de foot).
S'il est vrai que la musique vivante sera toujours meilleure que la simple écoute d'un CD, vivre certaines performances dans de petites salles sera toujours plus touchant que les concerts dans les grandes salles. Sans doute, la différence entre assister, et vivre.
(photos : Dimoné en concert, le 29 janvier 2014 à l'Espace Julien de Marseille en première partie de Da Silva - © flag' 2014 pour LiveInMarseille)
Critique écrite le 22 février 2015 par Flag
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