Chronique de Concert
Dionysos (+ Lou-Adriane Cassidy) - Festival Avec Le Temps
Ben merde alors. Dionysos va sur ses 30 ans ?! Avouons qu'on l'a pas vu venir, et d'autant moins qu'on a un peu perdu de vue ce groupe depuis une bonne décennie. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir chroniqué plusieurs de leurs très bons albums de l'époque, et pas moins de 5 concerts - mais c'est un fait que notre dernière rencontre date quand même de 2012, à Rock en Seine !
En tout cas il y a du monde ce soir, possiblement sold out, et pas si vieux qu'on aurait pu l'imaginer. Je constate avec soulagement que Pirlouiiiit est là et que je n'aurai donc pas à tenter de faire des images de ces gens, très remuants dans mon souvenir. On arrive pendant la première partie, Lou-Adriane Cassidy, jeune chanteuse et guitariste canadienne, a l'accent charmant qui va avec ;
elle enchaîne quelques chansons pop-rock plaisantes et de plus en plus enlevées, avec l'aide de deux sbires et d'une boite à rythmes efficaces. Ca ne m'a pas tellement marqué mais - et c'est déjà très bien pour une première partie découverte en live - ça ne m'a pas ennuyé non plus !
L'attente est assez courte, avant qu'ils n'arrivent sur scène, magnifiquement sapés de noir et de rouge, les Dionysos. On constate que le père Mathias Malzieu marche avec des béquilles, et va bien vite s'asseoir dans un fauteuil roulant, certes superbement customisé et assez maniable. Je pense d'abord - merde, est-ce suite à cette grave maladie sanguine qu'il a subie il y a quelques années ? Mais non, c'est que le chanteur cascadeur s'est ENCORE cassé quelque chose, au Paloma de Nîmes - double fracture du tibia-péroné ! Je me souviens d'avoir lu, il y a au moins 15 ans, une hallucinante liste de tout ce qu'il s'était déjà cassé sur scène à l'époque (dans le défunt "Marseille l'Hebdo"). D'après les dates de tournée, ça fait déjà une dizaine de concerts de 2024 qu'il assure ainsi... Casquette, l'artiste !
S'ils ont manifestement tous un peu blanchi (à l'exception de Madame Babetouchka qui a sans doute vendu son âme au Diable pour rester aussi fraîche), leur pêche est intacte et l'on retrouve avec plaisir un best-of très copieux - citons notamment le pétaradant Giant Jack, le groove de la Coccinelle ou de Don Diego 2000. Le tout est parsemé de vidéos, jolies sans toujours être indispensables, sans doute issues des créations burtoniennes passées de Mathias Malzieu (que je n'ai pas suivies de près).
Le remuant lutin, assis et parfois quand même un peu debout, s'y entend toujours pour faire monter l'ambiance, façon stade de foot (en bon supporter, il évoquera évidemment l'OM), et fait notamment brailler des Ta Gueule, le Chat ! d'anthologie à tout le public, en hurlant pour sa part avec un frènche axante toujours aussi abominable et dans un téléphone saturé.
La chanson Wet, tube de fusion déglinguée qui les avait fait connaître, fonctionne toujours aussi bien ! Contrairement à sa tradition de toujours, le chanteur ne peut certes pas traverser la salle entière, "n'ayant pas toutes ses jambes" (sic) et nous fera donc porter son "ghost" pour ce faire - excellent moment de communion !
Suit une partie plus acoustique et charmante, autour d'un micro unique, avec l'émouvante Vampire en pyjama... De son abominable maladie passée, une aplasie médullaire, il nous parlera sans retenue et avec émotion, car une protagoniste de sa guérison est dans la salle ! Le mec a quand même changé de groupe sanguin, faut le faire ! Et c'est un peu une deuxième naissance, il est vrai : Dionysos est donc né deux fois ! Suit la jolie Neige, finie en solo quasi a capella.
Pour la séquence qui suit, je ne reconnais pas tout - j'ai bien du rater un album ou deux sur la période ! On parle de marcher sur l'eau, puis du monde de Harry Potter il me semble, d'une bluette peut-être un peu cucul avec une sirène...
Je reprends pied sur I Love You, oldie but goldie, country violon classe, et sur la très attendue (de moi) et explosive Mc Enroe's Poetry, toujours un grand kiff, étiré à l'envi avant de sortir sous un tonnerre d'applaudissements mérités...
Mais cette sortie n'est évidemment pas longue avant qu'ils reviennent, sur une animation à propos du Jour le plus froid du monde, titre joliment elfmanien (Tim Burton, toujours, influence certes indépassable). Suit un duo amoureux Babet/Mathieu qui ne décolle pas vraiment... mais aussi - ils n'auraient pas pu partir sans, à l'évidence - le retour du Jedi ! Qui restera leur plus grand tube, joué d'abord normalement, puis remixé-medleyisé (avec citation de Nirvana et surtout du Get Back des Beatles).
Pour changer un peu, le toujours aussi vibrionnant chanteur fait quand même sous-traiter son crowdsurfing final (sans doute contractuel lui aussi) par deux femmes volontaires : séquence amusante, super fan-service pour elles, puisqu'elles pourront rester jusqu'aux saluts finaux... Mais séquence étirée un poil au delà du raisonnable, quand même - péché mignon de Dionysos qu'on a souvent (toujours) constaté par le passé, ça nous revient à présent !
Bah, malgré ces quelques tics scéniques qui ne changeront plus, un concert avec eux reste un super moment, aussi généreux qu'endiablé, d'autant qu'on ne peut que féliciter le courageux père Malzieu de la façon dont il s'est assis : dans un fauteuil roulant oui, mais d'abord et surtout sur son arrêt de travail, qui court jusqu'au 30 mai 2024... Quel courage, quelle énergie ! Alors bonne route cher.e.s ami.e.s, et revoyons-nous sans faute, au plus tard pour vos 40 ans ?
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Critique écrite le 23 mars 2024 par Philippe
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