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Chronique de Concert

Dj Battle, Klub des 7

Cartonnerie, Reims 13 octobre 2006

Critique écrite le par

Wooahh, comme c'est épuisant ! Je ressors de la page mon espace de Dj Battle. Il y a une notice qui détaille son parcours. En résumé, cela dit qu'il n'a que 21 ans et pourtant, oulala, que de chemin parcouru, Dj résident, Dj officiel, des aftershows, des tournées, des samplers, des Dvd, et que des gens connus ont fait appel à lui, comme quoi c'est un mec qui a une crédibilité jusqu'au States, et tout, et tout...



Après ça, difficile de dire que c'est un naze, faut des arguments sérieux. Heureusement, sérieux je ne le suis pas, et puis je l'ai trouvé plutôt bon dans son rôle de passe-disques. Pendant, 30-40 minutes, il nous a fait plus que gentiment patienter, avec du hip hop, bien sûr. De l'américain, du français. Son gimmick, ce soir, c'était, une corne de brume, comme dans les stades, pour rythmer ses séquences. Et puis Joey Starr qui doit sortir un album. Il avait un morceau en exclusivité.

Je le précise, pour les gens que ça peut aider, le hip hop, c'est pas mon pote. Je fais partie de ces gens qui aiment bien les Svinkels, TTC, le Klub des Loosers, les Beastie Boys, Anticon, El-P, sans pour autant être des inconditionnels du rap.
Par exemple, je n'aime pas les casquettes, je n'aime pas les gens qui commencent leur phrase par yo, ou par check one, ou par nigga, ou par bitch, je n'aime pas les débiles qui tendent leur bras pendant les concerts.



Oui... mais on s'en fout après tout de mes goûts. J'ai été très content d'assister à ce concert du Klub des 7.
Pour deux raisons principales. En un parce que c'était bon, c'était rythmé, ça bougeait dans tous les sens. En deux parce que ça fait plaisir de voir que le type masqué derrière le personnage de Fuzati, alias le Klub des loosers, est capable de mener un projet bon esprit avec six camarades.



Bon, cela ne l'a pas empêché d'en mettre plein la chatte à une pauvre fille du premier rang. C'était à la fin du set. On avait fait le tour du disque. Chacun avait pu présenter un échantillon de ce qu'il fait en dehors du Klub des 7.



Gérard Baste a ainsi eu son quart d'heure Svinkels, du nom du groupe alcooolo prout prout qu'il anime habituellement. Cyanure a fait une démonstration de la rapidité de son flow. James Delleck nous a présenté Gérard de Roubaix. Fredy K nous a rappelé combien une maman ça peut s'inquiéter... Fuzati, lui, nous a livré une nouvelle version de Baise les gens, avec les sept qui hurlaient baiser, baiser, baiser en arpentant la scène dans tous les sens comme des moustiques assoiffés de piqûres.
Globalement jusque là Fuzati était resté en retrait, laissant le devant de la scène à ses complices, sauf, à la fin, donc, quand il a lancé une session de freestyle.



L'exercice consistait à demander au public de proposer un mot à partir duquel le Mc devait bâtir une improvisation. Il y a eu cigarette, connard, puis irrationnel. C'est une fille qui a proposé ce dernier mot. Et là, Fuzati, s'est déchainé, dans le plus pur style du Klub des Loosers. "Irrationnel c'est ce que je me dis en regardant tes seins....", la pauvre fille a été mitraillée d'horreurs et de considérations sur sa chatte et son nombre de tétons, pour le plus grand plaisir du public, et peut-être même d'elle-même. Je n'ai pas été surpris par le contenu de ces paroles. J'étais prévenu. Mais j'en ai quand même gardé un goût très amer.
J'aurais bien aimé proposer un mot moi aussi.
Misogynie.
C'est l'un des nombreux clichés du rap, comme les casquettes et les chaînes en or. Chez Fuzati, ce cliché prend des allures d'obsession morbide. Ces textes sont pleins de finesse et d'autodérision, mais quand il en arrive à parler de l'autre sexe, sa plume n'est plus acérée, elle devient criminelle. La langue d'un violeur.
(.............)
Je me focalise sur cet échange parce que j'ai eu le sentiment qu'en insultant cette fille, il m'insultait. Non pas que c'était ma soeur ou ma cousine. J'ai juste tout d'un coup entendu un torrent de merde se déverser dans mes oreilles. Pire qu'un soundcheck de SunnO))). Et je n'aime pas ça.
Ce ne fut qu'un "incident isolé". Le concert, dans son ensemble fut très bon enfant, avec que de la bonne énergie. Gérard Baste a quand même déclaré qu'il y a trois grands mecs qui pèsent: 2 Pac, Biggie et Pierre Richard.
Et à la toute fin du Klub des 7, Fuzati est resté sur scène pour prendre la place de Dj Detect derrière les platines et mixer quelques morceaux de jazz-rock. C'était excellent. Le premier titre laissait entendre une longue échappée de claviers. Le genre de musique que Daft Punk a dû écouter avant de composer Discovery. Un peu comme dans Capitaine Flam, le dessin animé, une belle ambiance de voyage intergalactique.

 Critique écrite le 16 octobre 2006 par Bertrand Lasseguette


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