Chronique de Concert
Doc Vinegar & les Types Arty + Neurotic Swingers
En ouverture, contrairement à diverses annonces et rumeurs contradictoires (W.I. Captain Kirk ? Keith Richards O.D. ?), ce sera finalement Doc Vinegar & ses Types Arty, élégant quatuor de rock quinqua, qui porte haut les couleurs d'un rock vintage sixties bien léché, disons sous inspiration Beatles / Easybeats et autres groupes à brushing rotatif de Carnaby Street. Ce sont pour la plupart (ou la totalité ?) les mêmes qui nous ont régalé, mon niston et moi, de reprises de David Bowie il y a quelques semaines au Lollipop Music Store sous le nom de The Spiders From Venus (voir chronique par ailleurs)... Leur ouvrage personnelle est plutôt belle, sans pourtant s'appuyer sur des reprises, qui seraient faciles et sans doute plaisantes, des nombreux tubes de l'époque (ou alors sans reprises trop évidentes, doit-on reconnaître humblement).
Sapés comme le veut cette musique, le groupe est un modèle d'élégance, malgré sa musique pop d'abord un peu trop lisse à mon goût. Le concert monte peu à peu en puissance, à noter le titre Tea Party pour son efficacité (et parce qu'ils l'ont nommé !). En constatant que les derniers titres sont globalement les plus efficaces, et que leur set est un peu long, un petit ajustement de la set-list semble pouvoir muscler leur propos ? Le public, qui s'attendait peut-être à du plus pétaradant en ouverture (cf rumeurs initiales), leur a néanmoins réservé un accueil un peu circonspect. Les Keith Richards Overdose, bien informés sans doute, passent la porte à la dernière minute. En terme de réussite commerciale (et puisque Ventilo les a un peu artificiellement comparés aux Neurotic Swingers), rappelons que trois d'entre eux ont joué dans un groupe de punks roses... qui a tourné en Europe et même aux States il me semble... et qui a fini sur une compile de Rock'n'Folk. Si, si ! C'était à l'époque des Neurotic Swingers, d'ailleurs.
En deuxième partie, devant une salle désormais bien remplie et assez remontée, les (re)voici donc, les Neurotic Swingers, les euh, Noceurs Névrosés donc, groupe séparé par la vie a priori, mais dont personne ne semble être parti fâché... En tout cas pas assez pour ne pas avoir envie, en 2015, de remettre le couvert une bonne fois en jouant à domicile (le chanteur ayant retrouvé le chemin du Poste à Galène de Marseille, depuis son Aveyron d'adoption). Au moins l'un des membres a d'ailleurs pu réaliser ce soir le rêve de jouer enfin devant sa jeune progéniture (trop jeune pour avoir connu le groupe), et qui à n'en pas douter ne regardera plus jamais son papa guitariste-chanteur autrement qu'avec des étoiles dans les yeux ! Chacun est aussi revenu fort d'expériences annexes survenues entre-temps (non exhaustivement : Ich Bin Dead, The A-Phones ... Keith Richards Overdose, encore...) et leur plaisir à se retrouver est communicatif, tout comme les vannes marrantes et gentiment auto-dérisoires de leur chanteur.
On passera rapidement sur leur principale évolution physique, la souvent désagréable question capillaire : on était restés sur un gang dont les trois de devant entrechoquaient régulièrement leurs cheveux, alors dûment gominés, teints ou déteints, et dressés sur leur tête. De ces trois hérissons multicolores, il reste un béret, un chapeau et une coiffure bien sage, seul le batteur ne semble pas avoir changé de ce point de vue-là. Mais bon, à l'époque des Neurotics, moi j'avais bien les cheveux chatain et pas gris, alors... Dès qu'ils commencent à jouer, on retrouve avec un grand plaisir leurs pastilles lollipop-punk super efficaces : les Neurotic Swingers ont autant de rock'n'roll que de punk'77 dans leur ADN ! Bon, on ne va pas se mentir : on ne réécoute certes pas leurs disques tous les matins. En plus, arrivés juste avant le revival du vinyle, leurs malchanceuses galettes sont nées sur ce désolant format musical numérique qu'on appelait alors un CD et qui ne sert plus que, parfois, en voiture ou dans un ordinateur, quand il n'a pas déjà fini comme effrayeur à oiseaux dans un cerisier chez mamie.
Et pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence : un titre sur deux au moins, sonne toujours hyper, hyper familier ! Force est de constater que leurs 3 ou 4 disques (avec le système des compilations, la comptabilité n'est pas si simple) ont durablement marqué nos oreilles ! Un titre sur deux au moins, est un tube et tous styles confondus : les totalement punks Speed Drinker & Night Riders, les joyeusement pétaradantes Please Hate Me & Shake Me, cotoient sans difficultés les gentiment rock Party Killer & Girl in a Broken Car, voire la totalement pop et si attachante What's your Definition of Underground... Le riff acéré de Go Back Home, contrairement à nos pauvres figures, n'a pas pris une ride, et leur interplanétaire bombe à deux voix I'm Just Losing My Soul reste un pur moment de jouissance, sur lequel une partie de la fosse prendra même la sage décision de se fritter un peu la couenne... Une fosse en partie garnie, il faut le noter, d'anciens grands aficionados de concert aujourd'hui disparus, et qui semblent s'être "décanapéisés" spécialement pour l'occasion - qu'ils en soient ici félicités !
L'encore du groupe, après rappel vigoureux du public, nous réservera deux belles poires pour la soif, du genre en pleine gueule, les poires : le Nineteen des Dogs, et leur autre tube interplanétaire personnel, Burn the Floor et son pont infernal. En ajoutant à cette liste de chansons décidément bien roborative, leur attitude scénique impeccable, la performance ne ressemble décidément pas à celle d'un groupe disparu ou en bout de course. Par exemple, on s'est amusés comme toujours de revoir Pascal monter au front pour haranguer le public avec ce qu'il faut bien appeler un "regard bête" (mais si, du genre, "viens on sort se fumer dehors !"), lui qui est comme chacun sait le plus gentil garçon du monde. Et sans forcément se rendre compte tout de suite que des "amis" à lui essayaient de le faire déjouer en posant leurs sales pattes sur sa guitare depuis la fosse...
Au final et comme espéré, une très belle soirée donc, et l'espoir raisonnable de voir les Neurotic Swingers vers 2025, quand nos cheveux seront irrémédiablement blancs et les leurs, définitivement oubliés, revenir jouer encore et toujours, pour notre plus grand plaisir, leur bonne quinzaine de chansons a priori totalement indémodables.
Setlist (telle que ramassée) :
Pipeline
Speed drinker
7 drugs in 7 days
Please Hate Me
Shake Me
Sexy & Mysterious
Night Riders
Losing Control
Girls in a Broken Car
Party Killer
Go back Home
What's your Definition
I'm just losing my soul
No Home
---------
Nineteen
Burn the Floor
Plus de photos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 28 novembre 2015 par Philippe
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> Réponse le 01 décembre 2015, par WiziK
Erratum : les disques des Neurotic Swingers sont tous sortis en vinyle ! En pénitence, l'auteur est condamné à les acheter sans délai... Réagir
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