Chronique de Concert
Duck Tape + Boucan Clan + Goulamas'k (Festival Boucan d'Hiver)
On arrive pendant le court mais très punchy set des Duck Tape, déjà repérés et appréciés à la Rue du Rock #5 à l'automne dernier. Le duo guitare/batterie/hurlage s'éclate à péter les frontières entre punk, metal, grunge, pour livrer un grand raffut réjouissant (et maîtrisé quand même) à un public de bonne composition, bien décidé à profiter de son super petit festival (qui continue le lendemain avec, entre autres, l'Imhotep d'IAM !). Pas assez méfiant sur la durée du concert, je passe un moment à profiter de la cour, qui accueille deux beaux food trucks dont un breton avec, ô joie, des galettes-saucisses au menu - le froid, la pluie et les crêpes : tous les éléments d'une belle soirée de juillet en Bretagne ! Le temps de saluer mes quelques copains-copines et de rouler une clope, et le concert est déjà, zut, fini. Belle démonstration de force du duo quand même, une fois de plus. On les reverra sans aucun doute, et peu importe que ce soit à la grande ville ou à la petite campagne...
Arrivent ensuite sur scène lesdits Boucan Clan, typiquement ce qu'il convient d'appeler un groupe de rock festif - un genre nettement moins programmé en ville et en gros festivals qu'il y a quelques années - d'où l'impression de voyager 15 à 20 ans en arrière. Il y a longtemps que j'avais pas vu un saxophone et un trombone à coulisse croiser le fer avec une guitare et une basse (peut-être même depuis The Specials en 2010...) ! Le public est manifestement venu pour eux et la salle est alors presque bondée - 300 personnes, à la louche ? - salle qui interpelle et vanne joyeusement les musiciens. l'ADN du groupe est principalement d'obédience ska, avec leurs deux bons cuivres en goguette, un chanteur qui a une furieuse bonne bouille, un animateur-saxophone-congas qui ne laissera jamais retomber la pression. Tant d'enthousiasme est difficilement résistible !
Le set est très pro, avec petites chorégraphies incluses - ils ont du métier et certains titres comme Léa sont particulièrement entraînants et bien construits. Par moments, en gonflant un peu les cordes et en musclant la voix, ça sonne même un peu fusion (un genre également disparu de mes radars), efficace et pétaradant. J'adhère un peu moins aux quelques balades et titres plus calmes ou un peu reggae - l'occasion de régler son compte à cette galette-saucisse qui me narguait - mais la fin du set, à nouveau en mode ska joliment hargneux, me remet en joie. Pour le dernier titre, ils invitent sur scène les petits (pour la plupart floqués du très cool t-shirt "Je suis un boucan" - une expression que seuls peuvent comprendre les sudistes), ceci afin que les grands puissent se malaxer la couenne dans la fosse et, comme ils disent, "se coller les genoux aux oreilles" dans un dernier titre franchement classieux où tout le public bondit comme une boîte de pois sauteurs. J'avoue que j'écouterais pas forcément leur musique à la maison, mais sur scène après une semaine merdique et une journée plutôt déprimante, c'est le fix de son idéal pour bien commencer le week-end !
Goulamas'k ? Ce nom me disait quelque chose... Après vérification c'était bien les mêmes que nous avons croisés il y a pas mal d'années, au parc Borély, en mode fanfare punk au biniou, avec des maquillages et déguisements d'insectes extravagants. Physiquement ce sont plutôt des punks (torses rapidement nus, crêtes ou dreadocks sur crâne rasé, kilt pour l'un d'entre eux), avec un chanteur dégarni mais motivé, qui a sans doute l'âge d'être un pote de Manu Chao... Réflexion que je me fais instantanément puisque le premier titre sonne comme du Mano Negra chimiquement pur (le voyage dans le temps continue encore plus loin, donc...). Le son un peu bordélique au départ finit par se caler, eux aussi sont très efficaces et assez fun à regarder - je penserai souvent à Ska-P, les punks espagnols rigolos, surtout pendant le titre Skatalunya (...comme son nom l'indique, et après avoir brandi le drapeau qui va bien).
Le musicien en kilt apporte une bonne touche d'exotisme, jouant tantôt du biniou, tantôt de la cornemuse, le tout donnant un son punk celtique exotique ici, avec un guitariste qui prend aussi à l'occasion une mandoline. A ce stade, peu importe que ça flirte parfois avec le kitsch, on en est plus là... Le chant alterne entre français, espagnol, catalan et peut-être d'autres choses encore. Les textes semblent du genre classique alterno-engagé (pour la seule langue que j'entends) et on quitte le groupe, un peu avant la fin (ma capitaine de soirée travaille demain !), sur cette maxime-refrain qu'il conviendra de méditer : "Même si l'homme tombe, l'olivier résistera !"...Là-aussi, un truc à voir et écouter plutôt en live à mon goût, mais tout à fait dans la ligne de cette soirée joyeuse, aussi professionnelle dans son organisation, que sans chichi dans son déroulement, et de qualité dans le spectacle proposé ! Bravo aux organisateurs boucannés donc, on a bien noté votre nom et vos belles capacités... on se revoit l'été prochain, plutôt au soleil, dans un village voisin ?
Photos : oui, je sais, il me faut un vrai appareil...
Critique écrite le 27 janvier 2018 par Philippe
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