Chronique de Concert
Avatar + The Mahones + Dylan Walshe
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 23 janvier 2019
Critique écrite le 25 janvier 2019 par Jérôme Justine
Mercredi 23 janvier 2019. Clermont-Ferrand, Auvergne, France. Depuis 24 heures, il neige, il gèle, il fait froid, "Winter is coming" comme dirait l'autre. Est-ce un hasard ? Je ne pense pas. Aujourd'hui, la Coopérative de Mai reçoit des Suédois, des Canadiens, des Irlandais.... Alors hein, le hasard il a bon dos ! Bref, ce soir, après quelques hésitations, je vais aller découvrir le groupe de métal suédois qui cartonne depuis quelques temps : Avatar. Avec presque 700 personnes, (666 disent les mauvaises langues !), rendez-vous a été donné à 20h pour une soirée surprenante.
Dylan Walshe
Arrivé de bonne heure, je retrouve rapidement mon photographe préféré qui évidemment râle et veut boire une bière. Ses vux réalisés, nous nous installons pour la première première partie. Celle-ci est peu commune pour un début de concert de métal. En effet, le rouquin gaucher barbu casquetté qui officie seul en scène avec sa guitare, ses harmonicas et ses percussions aux pieds se nomme Dylan Walshe et joue du folk. Pas n'importe quel folk, du folk irlandais. Un peu comme si Ed Sheeran faisait la première partie de Slayer. Une sorte de test grandeur nature de la tolérance et de l'ouverture d'esprit musicale du métalleux moyen. Et ça marche, car, même s'il y a peu de monde encore dans la salle, l'écoute est attentive. Même si le gars a un accent à couper à la hache, ce qui n'aide pas à la communication avec un public déjà peu doué pour les langues étrangères, le courant passe bien. La musique est agréable, engagée, le mec est détendu, un petit whisky à la main pour passer ces trente minutes avec nous. Une petite reprise de The Clash, un petit morceau a capela, c'est fini et c'était bien.
The Mahones
Après quelques minutes d'attente et une seconde bière pour grongron, qui de "toute façon, j'fais trois titres et j'me casse parce que moi j'aime pas ça !!!", The Mahones se mettent en place. On reste dans l'ambiance irlandaise à la Pogues, car ce groupe formé au début des années 90 sévit dans le domaine du punk rock celtique. Composé de Finny Mc Donnel au chant (encore un rouquin barbu !!), de Katie Mc Donnel à l'accordéon, de Erik Chamberland à la basse et de Dom "the Bomb" Whelan à la batterie, The Mahones va avoir le rôle de chauffer la salle (parce que la protest-song, c'est sympa à écouter mais pour faire bouger du métalleux c'est pas complètement ça !). Alignés sur le devant de la scène et affligés d'un son à faire avorter un caribou, le boulot va être difficile. La salle est désormais presque pleine, et l'énergie de ce groupe va petit à petit faire le job. Le batteur, originaire de Montréal, musclé comme moi si je faisais du sport (beaucoup de sport !!), a un jeu impressionnant, à mi chemin entre la jonglerie avec des baguettes vertes fluo et l'abattage de séquoia à main nue. Il attire toute l'attention sur scène, et même si parfois il en fait peut-être un peu trop, c'est incontestablement lui qui tient la boutique et qui donne la pêche. Une reprise de You really got me, hélas version Van Halen, quelques gorgées de Guinness, une apologie de la Kronenbourg (meilleure que la bière canadienne !!!), et il est temps de quitter la scène pour laisser la place à ce qui sera la découverte de ce soir, Avatar.
Avatar
Avatar, groupe originaire de Göteborg, grimpe lentement mais sûrement les échelons du métal depuis son premier album en 2006. Ayant commencé par un death métal assez classique, le combo assume depuis deux albums et plus particulièrement depuis le dernier en date, un death métal plus mélodique, voire franchement pop. Tournant depuis plus d'un an pour défendre sur les scènes des festivals et des salles du monde entier son concept album sorti en 2018, Avatar attaque ce soir ses dates françaises. Le concept est simple, Avatar vient de créer un pays, le Avatar Country dont le guitariste barbu du groupe Jonas "Kungen" Jarlsby est le roi. Les concerts font partie d'une tournée de propagande pour gagner des habitants dans ce nouveau royaume. Le concept est original et les détails sont présents partout : dans les habits des roadies, dans le drapeau devant de scène cachant la mise en place du dispositif scénique, dans le fond sonore d'attente de changement de plateau, dans les micros rétractables, jerrican pour boire...
N'étant pas un fan invétéré des groupes trop grimés et des concepts trop fumeux, pensant que bien souvent trop de show tue le show, trop de maquillage ne servant qu'à cacher une certaine médiocrité musicale (non, je n'ai pas parlé de Kiss), je reste un peu sur la défensive quant à ce que je vais entendre et voir ce soir. D'autant plus que la bande d'ados aux physiques ingrats, à la maturité digne d'un enfant de 9 ans qui s'impose devant moi commence à me gonfler sévère.... Mais bon, je comprends que ce n'est pas toujours simple de gérer ces problèmes hormonaux et qu'un bon pogo les éloignera de mon champ de vision ! Au bout de 30 minutes pétantes, le rideau/blason de devant de scène tombe et le show commence, montrant un très gros dispositif scénique. Tournant depuis plus d'un an à un rythme effréné, on peut s'attendre à un spectacle très en place, avec un bon son d'autant plus que le gars aux manettes du son n'est rien d'autre que l'ingé son des regrettés Motörhead.
Le Roi, apparaît en fond de scène sur son trône (ce doit pas être évident de jouer de la guitare ainsi !) pour le premier morceau. Les autres membres du groupes apparaissent aussi, tous habillés de la même manière à la The Hives : Tim Öhrström(à la guitare), Henrik Sandelin(à la basse), John Alfredsson(à la batterie) et Johannes Eckerström (au chant). Ce dernier est certainement une des raisons du succès de ce groupe : chanteur grimaçant à la voix claire aussi efficace que la voix saturée, mélange savant d'un jeu buccal et lingual à la Gene Simmons, d'un maquillage à la King Diamond, d'un maniement de la canne à la Alice Cooper, Johannes déploie une énergie colossale tout au long des deux heures du set. Tout est très en place : les déplacements des musiciens sur les divers niveaux de la scène, les moments de préparation à la future névralgie cervico-bracchiale des musiciens (appelés aussi headbanging), les discours, les harangues...
C'est autour d'une set list classique ("Glory To Our King", "A Statue of the King", "Legend of the King", "Paint Me Red", "King's Harvest", "Bloody Angel", "For the Swarm", "Get in Line", "Tower", "The Eagle Has Landed", "Let It Burn", "King After King", "Reload", "Smells Like a Freakshow", "Torn Apart", "The King Welcomes You to Avatar Country", "Hail the Apocalypse"), entrecoupée régulièrement pour laisser notre chanteur schizophrène faire son numéro, qu'Avatar va jouer pendant presque deux heures. Le show est intense, les lumières parfaites, le décorum en place, la machine à bulles sympathique mais parfois, malgré des morceaux intéressants, me faisant penser à du System of a Down, il me paraît évident que sans tout ce cirque je me ferai peut-être un peu chier. C'est en place, c'est bien fait, c'est conceptuel, mais musicalement c'est irrégulier, avec de bons morceaux qui entraînent la fosse dans de gros débordements de câlins virils et d'autres qui traînent en longueur et n'apportent pas grand-chose. Mais ne boudons pas notre plaisir, il est rare que des groupes de cette qualité ne viennent jusqu'à nous, alors, quand on aime ce type de musique, ça vaut le coup d'aller jusqu'à eux. Même si tout ces roux barbus et l'arrivée soudaine de ce froid et de cette neige, c'est louche, c'est louche !
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 25 janvier 2019 par Jérôme Justine
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