Chronique de Concert
Eagles Of Death Metal + White Miles (The Nos Amis Tour)
"THE NOS AMIS TOUR"
Trois mois après la tragédie du Bataclan, le groupe Eagles Of Death Metal est revenu à Paris pour finir son concert interrompu définitivement le 13 novembre par une lâche attaque terroriste ayant fait 89 morts, de très nombreux blessés et ayant causé de multiples séquelles psychologiques chez les rescapés, tous considérés désormais comme des amis par le groupe américain... Il était important d'être là pour l'étape parisienne du "The Nos Amis Tour", pour rendre hommage aux personnes décédées, pour soutenir ceux qui sont traumatisés à vie et qui sont là ce soir, pour le combo emmené par Jesse Hughes (dont on avait vu un très bon concert, en juin 2015 au Trianon, l'une des causes de notre non présence au Bataclan... ) et pour signifier bruyamment aux barbares qu'ils n'auront jamais le dernier mot.
White Miles
Après avoir croisé les multiples médias charognards (ceux-là mêmes qui pensaient que les auteurs de l'album Peace Love and Death Metal était un groupe de... death metal) qui filment en direct leurs envoyés spéciaux avec en fond le fameux fronton de l'Olympia, avoir franchi avec succès cinq ou six contrôles de sécurité avec moult fouilles et vérifications des billets, on réussit enfin à entrer dans l'Olympia pour assister à la première partie du show, assurée par le duo de rock stoner White Miles. Remonté à bloc, très pro et galvanisé par l'enjeu, le groupe se lance dans une prestation assez impressionnante de puissance, avec pas mal de bons morceaux, certes peu orignaux (pour faire court, c'est du blues rock musclé chanté par une furie), mais efficaces, sobres et assez intenses. La chanteuse guitariste au crane rasé paye réellement de sa personne en se jetant partout, le batteur défonce sa batterie, et le truc réussit à décoller, malgré deux ou trois grosses ficelles rock FM...
Eagles Of Death Metal
S'ensuit une loooooongue attente où l'on imagine que les Eagles Of Death Metal essayent de se donner du courage dans les loges afin d'affronter à nouveau une scène à Paris, ville où ils ont failli laisser leurs vies, et où ils ont perdu un des leurs et de trop nombreux fans. C'est avec le mythique Il est cinq heures, Paris s'éveille du cultissime Jacques Dutronc en bande son que les musiciens arrivent sur scène, sous une très longue et hyper émouvante ovation du public. Le premier titre, l'explosif I Only Want You (entrecoupé d'une minute de silence écourtée par un "à poil !" crié par un membre de l'assistance), permet de constater la virulence intacte du combo, qui est propulsé par un fringant Josh Homme à la batterie ce soir.
"Le show est bandant... "
Le leader des Queens Of The Stone Age et cofondateur des Aigles du Metal de La Mort n'était pas au Bataclan et a voulu soutenir son pote dans l'épreuve qu'il avait à affronter. Respect... Avec deux ou trois petites baisses de régime dues à des titres moins percutants que d'autres (des récents souvent... ), à des mini problèmes de son ou à l'émotion qui semble parfois submerger Hughes (qui s'est sans doute un peu trop "chargé" pour tenir le choc), le show est bandant, et permet de balayer l'effroyable souvenir du dernier concert du combo californien.
"Tout faire oublier avec des morceaux très sex and drugs and rock 'n roll... "
L'hystérique et facétieux Boots Electric (aka mister Hughes), l'imperturbable Baby Duck (l'Elvis roux, Monsieur Homme, qui se recoiffe, fume carrément sa clope ou un joint et fait mine de lire une revue porno - alors que c'est un programme de... Laurent Gerra, excusez du peu - pendant que Julian Dorio, le deuxième batteur, joue) et leurs acolytes boostés à l'adrénaline font le job en bons entertainers ricains qu'ils sont, désireux de faire plaisir à tout le monde et de tout faire oublier avec des morceaux très sex and drugs and rock 'n roll. Le public, légèrement sur la retenue au tout début, pète joyeusement les plombs sur les excellentissimes Don't Speak, So Easy, Complexity, Silverlake (K.S.O.F.M.), Cherry Cola, I Got a Feelin (Just Nineteen) et Wannabe in L.A., l'emblématique I Love You All the Time (devenu un hymne à l'amour et à la Ville Lumière après les attentats) ou encore le poignant Save a Prayer (des pourtant peu reluisants Duran Duran).
"Magistral doigt d'honneur aux cons de fanatiques... "
Nerveux (on le serait à moins en pareille situation... ), Jesse H. foire une ou deux intros, pète consciencieusement une jolie guitare blanche de rage (les restes de l'instruments feront la joie des premiers rangs) et se lance dans d'hasardeux mais drolatiques solos à la fin (pas toujours sonorisés en plus, le leader d'EODM étant monté au balcon de l'Olympia). Même si le show resserré et sec comme un coup de trique du Trianon était plus réussi, celui donné boulevard des Capucines, dans des conditions hyper spéciales, donne également furieusement envie de vivre et de profiter des multiples plaisirs que procure l'existence (détails contre une enveloppe timbrée pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore). Quel magistral doigt d'honneur aux cons de fanatiques que de voir Jesse Hughes revenir triompher en rappel en reprenant en solo avec sa guitare Wild Customs bleue blanc rouge spécialement créée pour l'occasion le jubilatoire Brown Sugar des Rolling Stones, un appel assez clair à la "débauche" la plus définitive...
"Paradis du rock 'n roll... "
Même si l'on ne partage pas du tout (mais alors pas du tout !) ses idées politiques et ses opinions pro armes à la Trump, on aime d'amour le très ouvertement gay friendly (ce look !) lider maximo d'EODM, un chic type capable de faire passer au second plan toutes les merdes quotidiennes dont nos vies sont saturées. Quand Jesse danse comme un dératé pour faire l'idiot, quand il hurle dans le micro comme un authentique taré, ou ferraille sur sa six cordes comme un fou, il n'y a que ça qui compte sur l'instant. Il suffit d'entendre les riffs de I Want You So Hard (Boy's Bad News) et Speaking in Tongues, les très attendus titres qui clôturent le set, pour gravir quatre à quatre les marches qui mènent au paradis du rock 'n roll.
"Concert plein de vie... "
Quand les lumières se rallument, alors que le groupe au grand complet (les deux co-leaders, Dave Catching, Matt McJunkins, Julian Dorio et Eden Galindo) et son technicien guitares saluent longuement, l'ingé son a la mauvaise idée de lancer un titre trop fort, ce qui fait instantanément penser à une explosion. Dur retour à la réalité, surtout quand on voit peu après devant soi des personnes littéralement fondre en larmes et des survivants du Bataclan sortir de la salle en boitant... Ce concert plein de vie était une belle étape vers un début de guérison collective. Inutile de préciser qu'on est de tout cur avec les personnes de l'association Life For Paris, qui échangent longuement entre eux en bas des fameuses marches de l'Olympia au moment où l'on quitte la salle.
Photos : Manu Wino manuwino.com, www.facebook.com/manuwino, twitter.com/ManuWino...
Critique écrite le 18 février 2016 par Pierre Andrieu
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> Réponse le 18 février 2016, par Philippe
Oh yeah ! Merci, voilà une très belle façon de finir ce qui avait si mal été interrompu... Big up spécial à Manu Wino, fidèle au poste et déjà présent le 13 novembre dernier ! Belle vidéo finale, aussi émouvante que potache : let's go back to the rock ! Réagir
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