Chronique de Concert
Festival Prog'Sud : Sylbàt + The D Project + Eclat
J'ai raté hier soir Tony Levin (pour la bonne cause) et les échos sont très bons. Il a paraît-il terminé son set en jouant du King Crimson et "c'était grand" me dit un festivalier.
Soirée 100% francophone ce soir, la seule du festival. Vont en effet se succéder deux groupes français et un groupe québécois.
Sylbàt, groupe breton nous propose du rock progressif celte. Le premier titre, Bullmachine ne me laisse rien augurer de bon avec son thème répétitif joué successivement à la harpe (Clotilde Trouillaud) et à la guitare (Hélène Brunet). De plus, le final dudit morceau arrive comme un cheveu sur la soupe. Et puis ils ont la bonne idée de poursuivre avec La Valse Des Loups, pièce d'un tout autre calibre dans laquelle Clotilde, en solo à la harpe en intro nous fait tomber sous le charme. Une jolie mélodie un peu trop musclée à mon goût par la basse d'Hilaire Rama et la batterie de Patrick Boileau qui gagneraient à être plus subtiles.
La harpe, habituée à un climat plus océanique que méditerranéen devra régulièrement être accordée en tout cas au début du set. Le chaud et le froid, c'est aussi au sens figuré dans ce que nous propose le groupe. Le froid, ce sont des titres pas transcendants comme La Gigue Hantesque (humour breton), Menn ou Magmafrica (joué en rappel) dont le joli final ne fait pas complètement oublier le début... Je préfère m'attarder sur le chaud : de véritables réussites comme Androïde (encore un jeu de mot, l'An-Dro étant une danse bretonne). Les doigts de fée de Clotilde Trouillaud parcourent les cordes de la harpe. Cette fois-ci, la rythmique est à l'unisson et le crescendo du morceau me donne des frissons dans le dos.
C'est en plus le moment que choisit Hélène Brunet pour nous gratifier du plus beau solo de guitare de la soirée. Avec ses sonorités à la Robert Fripp, on aurait souhaité qu'il ne s'arrête jamais. Aussi à l'aise quand elle joue du laúd, elle était aussi en solo hier dans la soirée inaugurale. Je vais finir par regretter d'avoir participé à une bonne cause...
Après cette prouesse, elle va boire un coup. Pas de répit en revanche pour "Mélisande" Trouillaud qui nous fait une démo de virtuosité sur Mara, le morceau titre de leur opus. Mara est une petite fille curieuse, fil conducteur de l'album.
Je garde le meilleur pour la fin, la sublime Marche Des Sept Pas. La ligne mélodique, l'enchaînement harpe/guitare, le solo d'Hélène Brunet, les changements d'intensité, tout y est parfait.
Quand tout sera de ce calibre, le rock progressif sera breton.
Les québécois de D Project emmenés par Stéphane Desbiens (d'où le D) se produisent ce soir en France pour la première fois. Le premier titre joué, tiré de leur premier album, est très pêchu grâce à la guitare, la basse et la batterie. Les claviers enregistrés et le violon adoucissent un peu le propos.
On ne peut omettre d'évoquer David Gilmour lorsque Stéphane Desbiens joue de la guitare. Même sonorité, même capacité à faire pleurer un instrument qui ne lui a rien fait. C'est beau. Il pourrait s'en contenter et s'abstenir de jouer du piano (comme sur Red Mountain titre qui évoque l'Everest, montagne qui semble le fasciner). La maîtrise y est beaucoup moins grande (on va dire que c'est parce qu'il n'enlève pas sa guitare pour pianoter et que ça le gêne pour jouer). Il chante aussi. Si à l'issue de la soirée j'en arrive à avoir préféré les deux autres groupes (exclusivement instrumentaux), je me demande si ce n'est pas un peu à cause de son chant qui, sans être désagréable, ne casse pas trois pattes à un canard. Mais les compositions sont de qualité (Shimmering Lights, Radio Sherpa (instrumental), et le remarquable Hide From The Sun joué en final) et toujours ponctuées d'un long solo de Stéphane Desbiens (sa silhouette conjuguée aux effets de lumière et au son de guitare m'ont fait apparaître DG plusieurs fois dans la soirée).
L'originalité du groupe vient du Chapman Stick à 8 cordes de Mathieu Gosselin sur lequel il exerce un tapping à deux mains lui permettant de jouer de la basse de la main gauche et de la guitare de la main droite. Situé juste en face de lui, je n'ai pas perdu une miette de sa technique.
Pas de rappel pour ce groupe (il se fait tard). En regardant les affiches près de la buvette, je vois qu'Eclat se produit dans ce festival pour la septième fois. Ce soir se conjuguent deux événements : les dix ans de Prog'Sud et les vingt ans du groupe qu'ils ont choisi de fêter ici et nulle part ailleurs.
Ils vont nous proposer un survol de ces 20 ans, de Circus (1990) à l'époque où ils s'appelaient Eclat De Vers à des titres très récents (dont un hommage à la maison de disque qui les supporte depuis tant d'années) en passant par La Machine et Mare Nostrum (1997), Le Cri De La Terre, Tri Un, Energies et Mr Z. (2002).
Appuyée sur une rythmique particulièrement efficace (Fred Schneider/basse et Marco Fabbri/batterie), les claviers de Thierry Massé et la guitare d'Alain Chiarazzo jouent de fort sympathiques thèmes mélodiques. Encore une fois, c'est la guitare qui se taille la part du lion avec des soli magiques d'Alain. A noter que j'ai rarement -peut-être même jamais- assisté à un concert avec un son aussi pur. Fred est tout fier de jouer une ballade de sa composition (Médication ?) et lui aussi fait du tapping sur sa basse à 5 cordes (avec une corde en trop comme il dit).
Le jeu d'Alain me fait sur certaines pièces ;-) penser à Gilmour, sur d'autres à Santana (la moustache doit y être pour beaucoup). Les deux hommages de la soirée (Mr Z. à Frank Zappa et surtout Saboka Song (?) à Jerry Marotta m'ont laissé pantois. J'en oublie presque que leurs transitions étaient interminables. C'était peut-être dû à l'émotion provoquée par leur anniversaire.
Jean-Marc Nègre les rejoint pour le seul moment vocal du set puis deux ados qui n'étaient pas nés aux débuts d'Eclat déploient une banderole pour célébrer l'événement. Alain Chiarazzo profite du rappel pour gagner le jeu des plus belles distorsions de guitare de la soirée.
Tous les artistes montés sur scène ont tenu à remercier l'accueil et l'organisation, notamment Eliane, à l'origine du projet. Il est vrai que la programmation, le site, la buvette/buffet (irrésistible et délicieuse assiette provençale !) et la qualité du son aident à comprendre la fidélité des spectateurs et de certains groupes à ce festival.
Bonus vidéo : Sylbàt "La Valse Des Loups"
Et d'autres de Sylbàt, The D Project et Eclat.
Critique écrite le 23 mai 2009 par Mcyavell
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