Chronique de Concert
Eddy de Pretto + Nae
Complètement suspicieux, j'ai néanmoins jeté une oreille sur l'album "Cure" sorti en début d'année, et ce que j'y ai trouvé m'a très agréablement surpris. Sur une orchestration très moderne étaient couchés des textes bien foutus, traitant, pour certain il est vrai, des questions de genre, mais de manière naturelle, sans jamais se faire l'ambassadeur de quoi que ce soit, et ayant du coup une portée plus importante, plus inclusive si ce n'est universelle. Sur disque, Eddy de Pretto pourrait être présenté comme un cousin de Stromae, mais dans une version un peu plus viscérale, moins festive, et portant plus de sens.
C'est donc avec curiosité que nous nous rendîmes à Istres, la ville la plus loin du monde (ou du moins c'est l'impression que nous en avons eu). L'usine n'ayant ouvert ses portes qu'à 20h00 nous avons bien pu profiter du froid polaire qui régnait ce soir là, sans possibilité de boire un coup, car le snack extérieur (qui propose d'excellentes galettes saucisses il est bon de le signaler) n'avait pas le droit de servir de boisson. Le bonheur.
Et c'est bien dommage, car dès l'ouverture des portes nous y avons retrouvé une salle très agréable (que je n'avais pas faite depuis des années), à l'acoustique sympa et au bar aux tarifs très raisonnable.
Naé
Première partie assurée par une chanteuse française appelé Naé. Très joli bout de meuf, débarquant sur scène avec un DJ et un pianiste et qui après nous avoir expliqué qu'elle avait mis 9h de route pour venir (j'en ai donc déduis qu'elle devait venir d'Aubagne) attaque par un morceau R'n'B en anglais. Arrangement superbe, voix extraordinaire et maîtrisée : nous avons pensé avoir affaire à la réincarnation d'Amy Winehouse. Las. Dès le deuxième morceau, la demoiselle n'a chanté que des chansons en français d'une mièvrerie sans nom, pour finir par faire une reprises "pour les anciens comme elle". Naïvement j'ai pensé qu'elle allait reprendre du Led Zeppelin. En fait non, c'était la chanson "l'Olivier" de Wallen. Déception. Bref, on espérait une nouvelle Aretha, on a eu une Amel Bent en solde.
Eddy de Pretto
Cette première partie en demi-teinte ne nous a néanmoins pas refroidi pour la tête d'affiche (si tant est que nous puissions encore refroidir après avoir poireauté devant la salle pendant une plombe). Eddy de Pretto qui se présenta à nous dans un attelage assez original : deux sur scène. Lui et un batteur. Donc en gros les mélodies étaient jouées sur bande, et le batteur apportait la patate et un effet live bienvenu. Et force est d'admettre que, contre toutes attentes cette formule fonctionna très bien. D'autant qu'elle fut soutenue par une mise en scène très classe, aux éclairages très ciblés, principalement blancs, mais qui du coup, lorsque la couleur faisait son apparition apportait un effet saisissant.
Et d'entrée, la très bonne surprise fut que, comparé aux versions de l'album, ces chansons ont sur scène une grosse énergie, soutenue par l'interprétation impeccable d'un Eddy de Pretto très dynamique sur scène, entraînant et fun. Le gars semble maîtriser vraiment l'aspect live de son boulot, ce qui est toujours impressionnant pour un artiste si jeune et qui n'en est qu'à son premier album. Ce boost de pêche ira jusqu'à apporter un côté "dansant", qui était absent sur certains morceaux, comme par exemple "Desmurs".
Les tubes s'enchaînent, repris par coeur par un public conquis, et assez varié, la jeunesse cohabitant plutôt bien avec un public plus âgé, les fameux abonnés aux Inrocks dont j'ai parlé plus haut. A propos du public d'ailleurs, un moment cocasse fut lorsque Eddy de Pretto demanda aux habitants d'Istres de lever la main, ce qui permis de remarquer que les véritables istréens étaient ultra minoritaires (moins d'une cinquantaine dans une salle à guichet fermé). Bien joué pour l'Usine, moins bien joué pour les salles marseillaises qui ont raté ce concert.
N'ayant que le contenu d'un seul album à nous proposer, le concert ne s'eternisera pas. Après en avoir joué l'intégralité de ses morceaux, plus une reprise assez improbable (et surprenamment efficace) de JUL, Je suis pas fou, Eddy de Pretto quittera la scène au bout d'une heure et quart, sur une superbe version de son plus gros tube, Kid. Laissant malgré ça un public conquis et heureux.
En conclusion, Eddy de Pretto est un nouvel artiste vraiment intéressant, qui a passé avec brio l'épreuve essentielle de la scène. Il réussit à toucher un public large, varié. Propose suffisamment de fond pour intéresser les vieux et suffisamment de fun pour accrocher les jeunes (ou l'inverse). S'il arrive à passer la prochaine étape, le si difficile deuxième album, on risque d'entendre parler de lui pendant longtemps.
You Can Believe The Hype.
Critique écrite le 17 décembre 2018 par Fred Boyer
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