Chronique de Concert
Eiffel + Phoebe Killder & the Short Straws
Avant de rentrer dans le vif de la soirée, il est bon de signaler que notre cher Boby national, taulier de Concertandco chez qui il officie depuis maintenant quatre riches années, s'est fait lâchement voler son appareil photo. Rassurez-vous, l'amour propre plus fort que tout, il sera bien là en ma compagnie avec son petit appareil argentique, bombardant la scène de "clics" revanchards, dont il a le secret. En attendant, si vous voulez faire des dons, joignez-le directement sur sa page fb, il accepte tout. (FAIL)
Phoebe Killder & the Short Straws : parlons peu, parlons rock
La soirée s'ouvre avec Phoebe Killdeer & the Short Straws, collectif australo-français né en 2007 et qui officie dans... du bon rock qui dépote à mort (ben quoi ? je vous avais prévenu qu'on allait parler rock). On est d'ailleurs immédiatement interpellé par le charisme des membres, du guitariste Cédric Le Roux, aux faux airs de Phil Lyner (c'est écrit sur le site !), au bassiste Alexandre Maillard, en passant par la chanteuse Phoebe Killdeer. Le duo de gratteux n'hésite d'ailleurs pas à aller matraquer la batterie du pauvre Raphael Seguinier en plein morceau, tandis que la leader australienne agite ses maracas, les yeux révulsés. Bref c'est énergique, c'est frais, on en redemande, mais c'est déjà fini, pour nous... et pour eux. Eh oui, il s'agissait là de leur dernière apparition live, chaque membre souhaitant se concentrer sur d'autres projets et repartir de zéro. On ne peut que souhaiter une bonne continuation à ses braillards, qu'on retrouvera assurément sur scène un jour ou l'autre ; mais il est possible en attendant de se rabattre sur leur skeud "Innerquake" sorti l'an passé, afin de se faire botter le cul sur demande.
Eiffel à Marseille : comme un couac
Le temps de siffler une bière en compagnie du guitariste Cédric, histoire de partager un peu de nostalgie (musicale pour lui, mécanique pour Boby), qu'un son vaguement énervé se fait entendre dans la salle. Il s'agissait probablement d'une musique d'ambiance faite pour patienter, le temps pour les techniciens de changer et d'installer le matos. Que néni ! En ouvrant machinalement la porte, Eiffel était là, qui avait attaqué sa setlist.
Celle-ci commence par "Place de mon cur", également placée en tête du dernier album. Rien de terrible cependant, Romain Humeau gueulant tranquillement (oui, c'est possible) le refrain-titre, jusqu'à sortir celui-ci de son contexte et qu'il n'en garde plus aucun sens, si tant est qu'il en ait eu auparavant. "Aucune importance, on est dans un concert rock !" me direz-vous. Oui, mais ça sent déjà le réchauffé.
Et tout le concert se déroule sur les mêmes bases. L'homogénéité, qui fait d'habitude la force du rock, est ici une faiblesse : tous les titres se ressemblent clairement, et ne sont distinguables que dans leur texte, si on est d'humeur à y faire attention. Textes qui se veulent faussement hermétiques ("président du ciel" ?) et qui trouvent difficilement un écho, et ce malgré tous les efforts de Romain. En effet, celui-ci se promène à cloche-pied le long de la scène, saute dans la foule, s'en va taper quelques notes rageuses sur un clavier...
Mais malgré ça, le concert est étonnamment insipide. A part une poignée d'aficionados (dit "les ahuris") encourageant la troupe, le reste du public présent se regarde, défait, à la recherche de l'élément manquant qui leur faisait bouger les cervicales auparavant, et qu'ils ne retrouvaient pas ce soir-là ; presque désolé envers Eiffel de ne pas avoir la réaction escomptée.
Peut être que leur dernier album est en réalité qualitativement décevant ("La Chamade" serait presque ridicule, en particulier son final, où le mot est répété dans le vide, comme pour éteindre ce qui n'a pas été allumé) ; ou que l'on ne peut simplement plus présenter ce rock simpliste et passéiste aujourd'hui (utilisation de nombreux effets synthétiques un poil kitchounets, pour ne pas dire franchement médiocres), ce qui serait plus grave.
Pourtant, le groupe possède un bon goût certain ancré au fond de lui, suffit-il de regarder le tee-shirt des Clash arboré fièrement par Romain pour s'en convaincre. D'ailleurs, il faut souligner la qualité de son chant (qui n'est pas à prouver) : la voix est puissante, tirailleuse, ténébreuse quand il faut, audible (les textes se comprennent sans mal si l'on y prête attention)... sauf lorsque Romain nous avoue oublier les paroles, en temps réel.
Mais loin de l'enfoncer, ce fait expose le côté humain du live et est le seul moment d'émotion pure de toute la prestation. Enfin, on retiendra la bassiste Estelle Humeau, appliquée et en place, avec une classe et désinvolture totalement rock (il fallait mater sa posture lorsqu'elle s'empare d'une flûte ténor), merci l'éclairage !
Aller, pour conclure, il faut dire que j'ai jeté un coup d'oreille à l'album. Malgré la pochette peu inspirée (n'est pas Gorillaz qui veut !), la musique se révèle tout à fait honorable. Bien entendu, il ne faut pas chercher l'originalité (ce n'est d'ailleurs pas sur ce terrain qu'Eiffel est attendu), mais la prod est intelligente, et les arrangements efficaces ("La Chamade" prend une dimension nettement meilleure, même si le fait que le mot ne soit pas répété à la fin y est pour beaucoup). Pour Eiffel ce fut un soir sans, mais quoi qu'on en dise, ce groupe reste une valeur sure de la scène rock française, en plus avec des mecs sympas et accessibles.
P.S. - Un message destiné à tous les rock critics et chroniqueurs : voici la preuve qu'il est possible d'évoquer Eiffel sans citer Noir Désir ou Bertrand Cantat (enfin presque).
Plus de photos de Eiffel par Pirlouiiiit (qui ne se doutant pas que c'était le dernier concert est allé voir Scorpions) en cliquant ici
Critique écrite le 04 décembre 2012 par Pouille-pouille
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