Chronique de Concert
Ekoué et Le Bavar
Surprise, alors que pour chaque concert de La Rumeur à l'Affranchi, la salle était presque pleine, nous ne sommes ce soir qu'une petite quarantaine.
Arrivés un peu tard, je ne verrai que deux morceaux du 13 all star, trop peu pour m'en faire une idée, mais pas assez accrocheur pour me donner envie d'en connaitre plus pour l'instant.
D'autant que je suis impatiente de retrouver Ekoué sur scène, pas revu depuis leur dernier passage aux Agglos à Port de Bouc.
Arrivés sur scène avec whisky et cigares, Ekoué, La Bavar et Soul G aux platines. Vu l'affluence, ils vont nous demander de nous rapprocher de la scène. Du coup ça donne un aspect très intimiste et ça laisse l'impression d'une espèce de communion (pas dans le sens religieux hein svp) entre le public et les keums, de vrai complicité d'autant qu'ils vont nous délivrer un set aussi tendu que si la salle était pleine. Et oui ... on va essayer de faire autant de bruit que 200 personnes et hurler fils de pute à l'attention de Skyrock le plus fort possible.
Ils vont alterner des morceaux du nouveau street album, du premier épisode de NSEO et bien sur de La Rumeur. Ekoué est un peu foncedé, le wisky peut-être, du coup ses discours s'embrouillent un peu et il va se manquer sur le début de Qui ça étonne encore ? Mais on s'en fout, ça arrive. Son flow et son énergie couplée à son plaisir sensible d'être là suffisent à rattraper le coup. Et ça permet au Bavar de prendre plus d'ampleur, lui qui est d'habitude d'avantage en retrait derrière Ekoué et Hamé. Son flow est bien rythmé et même si j'adore le côté sobre et presque monocorde du phrasé d'Ekoué, ils se complètent vraiment bien.
D'affreux, bêtes et dangereux, à 365 cicatrices, ou Le chant des casseurs les morceaux sonnent bien, le propos toujours aussi sombre et acéré servi par un DJ techniquement impeccable et aux basses implacable.
Mais c'est bien la moindre de choses vu leurs thèmes récurrents, toujours ni épuisés ni en passe d'être soldés : le racisme, la barbarie de notre société incapable de faire amende honorable de son passé colonial, ah l'identité nationale... j'arrête là, ils en parlent bien mieux que moi.
Et c'est pour ça précisément que ces mecs restent à part dans le paysage du hiphop actuel. Leur discours colle tellement à la réalité et te la renvoie toujours dans le gueule. On ne peut pas leur reprocher la moindre entorse à une certaine vision de l'intégrité. Toujours en procès contre le ministère de l'intérieur hein ? Toujours pas de ligne de défense basée sur le liberté d'expression hein ?
C'est pour ça aussi que je fais tourner régulièrement toutes leurs prods dans mes oreilles et que je vais les voir en concert dès que je peux. Non c'n'est pas joyeux, mais tellement bien dit, tellement bien écrit ! Non c' n'est pas festif mais putain que ça sonne bien ! Et non c'n'est pas léger mais bordel ça fait du bien ! Et tu sors avec l'impression d'avoir fait la fête un peu moins con et un peu moins aveugle ! Ça sert aussi à ça la musique, non ?
Critique écrite le 15 novembre 2009 par Camicam
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