Chronique de Concert
Elektrolux + Les Robertes
Cédric attaque avec une voix grave d'outre tombe, qui fait penser aux timbres bien hardos (assez rigolo d'ailleurs ce contraste avec une allure plutôt sobre et discrète). D'aucun m'avait parlé d'un insoutenable climat sexuel auquel je devais être soumise ce soir ... Bon, faut pas pousser non plus, je vais réussir sans trop lutter à contenir ma libido (Moi je préfère largement le guitariste de Phoebe Killdeer ... Enfin les goûts et les couleurs !!) Mais il faut reconnaître que la voix est chaude et que la musique envoie les pieds. En plus, ils ne se lassent pas de brancher le public avec des trucs du genre "Ah !! Ils sont encore là !" ou bien "Bon un truc un peu plus dansant, mais vous avez pas encore assez picolé !!"
Mais en guise de plus dansant, on a droit à du encore plus lourd. A eux trois, ils en dégagent de l'énergie et leur rythme infernal gagne le public, lui communiquant l'envie de bouger qui va avec. Ils continuent aussi à jouer à fond sur le côté décalé, lançant leurs vannes avec l'air le plus sérieux du monde (très pince-sans-rire), du genre "Bonsoir la Machine à Coudre ... A non ! Merde !! ... On a tellement l'habitude !!" Ceci étant, on retrouve ici aussi la même proximité avec les artistes, de part cet espace restreint et une scène quasi à hauteur du sol.
Les titres et surtout les thèmes abordés sont aussi extravagants que leur répertoire. On a, par exemple, Drummer's Sideburns : Chanson dédiée aux rouflaquettes du batteur qui, je confirme, valent le détour !! Il est d'ailleurs tout mimi assis devant sa batterie, avec la petite lampe de chevet à franges de Mamie au-dessus de lui ;) Un peu une tronche à la Lennon dans ses années Bab et d'une zenitude qui semble à toute épreuve.
Le set continu ainsi sur sa lancée, hyper musclé, magnifié par cette voix rauque et profonde. Et plus ça va, plus le rythme devient épique. Certains riffs de guitare flirtent avec du folk genre cow-boy de western. Joli décalage avec le timbre hard corps de Cédric. "Ça va, c'est pas trop chiant ?!!" lance Manu à une fille du premier rang. Ils sont comme à la maison et le public aussi en fait. Il faut reconnaître que le côté Bar amène certains à tchatcher pas mal.
Quand ça gueule : "Putain, c'est mou !!", ils sont juste morts de rire. Mais rien ne les perturbe, ni ne les détourne de cette musique qui les habite et les possède. Eric est proche de la transe. Les vibrations gagnent de plus en plus le public et même lorsqu'on pense avoir atteint les fonds les plus insondables de la voix du chanteur, il parvient quand même à vous étonner encore.
Petit moment de poésie déglinguée quand la boîte à musique de Slipping Beauty déraille. Et puis, la machine infernale repart de plus belle et elle ne semble pas prête à s'arrêter de sitôt. Alors, lorsque quelqu'un crie "Les Robertes ??!!" Ils répondent "Ça arrive ... 2 minutes ! On a pas encore fini !!"
Pourtant, cet univers terriblement rock semble ralentir son train d'enfer pour Omar Killed Me, musicalement assez différent, avec des moments quasi parlés et la voix grave de Cédric qui vibre terriblement. C'est une rupture permanente des rythmes, jouant sur des dissonances jubilatoires. Puis, c'est le dernier morceau annoncé, qui renoue avec le reste du set : rapide, rock, efficace. Permettant au chanteur de jouer avec sa voix jusqu'à la dernière note.
Mais après avoir quitté la scène (assez brusquement d'ailleurs, mais ces Messieurs ne font pas dans la dentelle !), ils cèdent sans trop se faire prier à la Vox Populi. Et comme ça allait plutôt vite jusqu'ici, quel objectif peut-on leur donner pour terminer en beauté ? Aucune crainte à avoir. Ils relèvent le défi et ne vont pas lâcher l'affaire. Jusqu'à la dernière, on se demande si les instruments vont tenir le coup. "Aller, encore une et on part !" Alors, je ne sais pas si c'est le temps qui leur manque ou s'ils sont irrésistiblement happés par l'envie de se jeter une petite bière, mais on a carrément les fesses qui décollent des sièges (enfin pour ceux qui comme moi sont assis !) ... Et cet incroyable batteur qui ne bouge même pas d'un pouce ;) !! On s'accroche. Et en pleine relance, ils nous balancent "Bonsoir" et se barrent. Ça c'est une fin de set qui assure !!
Cédric : Chant & Guitare
Eric : Basse
Manu : Batterie
Setlist
1 - 40 Watt Bulb
2 - Capitalist Ghost
3 - Nova Express
4 - Drummer's Sideburns
5 - Mighty Mighty Man
6 - You-Doo Voodoo
7 - Sexy Fridge
8 - Nowhere
9 - Burning Bridges
10 - The Death Of R'n'R
11 - Slipping Beauty
12 - Stare
13 - Lobsters
14 - Steamheat
15 - Omar Killed Me
16 - Elektrolux
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17 - Summer Song
18 - Hamburger Boys
19 - C# Girl
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Après le set de déménageurs de pianos soviétiques que nous a proposé Elektrolux, la scène se prépare à recevoir un groupe annoncé comme plus que délirant par un certain photographe-écrivain de mes amis. Enfin, qui faisait partie de mes amis devrais-je dire, avant de m'avoir posé un lapin ce soir et surtout après m'avoir promis une soirée complice pour l'écriture d'une chronique à quatre mains (enfin à deux, selon son point de vue) ... Bref un gros lâcheur, il faut bien le dire. Mais bon, pas grave. Je vais juste ne jamais lui pardonner, mais c'est tout ;)
C'est donc seule que je vais devoir vous parler des Robertes. J'avais déjà repéré Mathilde, la chanteuse, qui trainait un peu devant le Bar de l'Espace Ju pendant le premier set, mais elle n'avait pas encore revêtue son habit de lumière. Et c'est peu de le dire. Parce que lorsqu'ils font leur entrée tous les quatre, le dress code est simple : manteaux d'après guerre pour eux et tenues très légères pour elles. Pour un peu, on se croirait revenus sur la scène de Cabaret (du mois dernier au Dôme). Ils sont à fond dans le décalage trash. Perrine porte fièrement sa sangle guitare par dessus un soutien gorge rouge en dentelle et Mathilde, quand à elle, ressemble à un drôle d'oiseau, toute emmitouflée dans ses plûmes. La mise en scène est à la fois chiadée et délirante. Tout y est théâtralisé. Et il faut dire qu'elle fait son effet avec son truc en plumes, ses bas à coutures légèrement filés et son mini short pailleté ... Sans oublier les petites lampes derrières eux qui finissent de planter le décor.
Mais la mise en scène n'est pas la seule chose qui soit déroutante. Il y a aussi la voix de Mathilde, à moitié rauque, qui descend aussi bien dans les graves qu'elle ne monte dans les aigües ... Bon parfois au détriment de la justesse, mais je pense que c'est le côté déjanté qui est recherché. Les textes mélangent parfois le français et l'anglais. Elle semble en permanence emportée par leur musique aux accents Post Punk, qui l'entraine dans une drôle de pantomime d'un autre monde.
"C'est le moment d'enlever une couche ... Aller tout le monde !!". Et ce sont ses plumes qui tombent, laissant apparaître un col roulé plutôt sage, qui dénote de manière amusante avec le reste. Mais on a aussi droit un strip-tease de Fabz, qui fait glisser langoureusement ses bretelles. Bref, la folie continue. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Mathilde remonte son pull au-dessus du nombril. Elle joue avec le public, minaude un instant et se met à bouger dans tous les sens quelques minutes après. Elle balance ses chaussures ... Est-ce qu'à la fin du set, elle enlève le bas ?!! En tout cas elle passe son temps à titiller et chahuter le public pour qu'il ouvre les hostilités et les accompagne dans leur effeuillage.
La musique est assez entêtante, avec toujours une ligne de batterie très présente et une basse qui martèle. Ça part pas mal dans tous sens. Ce n'est pas forcément structuré et on s'en prend plein les oreilles, mais il est indéniable que l'ambiance a gagné le public. La chaleur entre dans les corps et dans les esprits. De plus en plus de danseurs occupent à présent l'espace laissé devant le bar et cette petite salle donne vraiment la sensation de les avoir pour nous tous seuls, en concert privé. Quand ça s'emballe sur scène, on croirait voir de petits soldats ou des marionnettes qui ont pété les plombs et les ondes de choc se propagent jusque dans le public pour déclencher des pogos endiablés. Résultat : ça marche, tout le monde commence à se déloquer !!
Mathilde est totalement déchainée. Elle se met à hurler des onomatopées au paroxysme de la transe. Selon les moments, la musique devient psyché ou lascive. Ça danse tout et n'importe quoi. On ne peut qu'être emportés par ce raz de marrée. Les morceaux se font de plus en plus longs et, jusqu'à la fin, les illades de la belle tiennent tout le monde en haleine. Mais lorsqu'ils quittent la salle en fin de set, ils ne nous trouvent pas assez méritants pour nous faire la grâce de revenir : "Pas assez de cris ... Bonne nuit les Petits et Au revoir !!" Non, déconnez pas ... Vous êtes pas assez méchants pour faire ça !!
Alors quand ils reviennent, on leur prouve qu'on est à la hauteur. Ils envoient la purée et un pogo délirant commence. La folie est à son comble. On a même droit à une pluie de confettis dorés lancés depuis le balcon pour le dernier morceau (mais oui, c'est qu'on donne dans la poésie Messieurs Dames ... La poésie trash mais la poésie quand même !) et on entame une dernière danse pour terminer la nuit en beauté. Quelle soirée !!
Mathilde Vandendorpe : Chant & Guitare
Perrine Turiez : Guitare
Fred Nief : Basse
Fabien Cartalade aka Fabz : Batterie
Setlist
1 - Balloon Bird
2 - White Water
3 - Let's Play
4 - Holy Rock
5 - Ocean Of Eggs
6 - White Light
7 - Satan
8 - Darkcity's Princess
9 - Jack Hollow
10 - Biscuit And Cramyboy
11 - Two Chairs
12 - Wanna Get In Your Bed
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13 - Stark Raving Mad
14 - Cowboy Blue
15 - Jazz Point Conne
16 - Rich
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 26 mars 2012 par Ysabel
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