Chronique de Concert
Elsa Gelly
Voilà. La règle du jeu est posée. Cette heure et quelques de chansons françaises sera menée de bout en bout par une Elsa Gelly, sans musique, a capella, sans même une sonorisation. Bref, dans la fosse aux lions, sans filet.
Au cours des premières minutes, Elsa Gelly s'incarne en chanteuse seule en scène, presque débutante, trébuchante, hésitante, et qui tente de trouver le support et l'approbation de son public. Décalées, drôles et fortement théâtralisées, les premières chansons alternent humour, jeux de scène et postures. Fausses colères et chorégraphies exagérées, morceaux amorcés puis abandonnés, textes tâtonnés.
Le tout est mené sur un rythme endiablé, essoufflant pour le public mais visiblement pas pour l'artiste ; Elsa Gelly montre en quelques minutes qu'elle maîtrise tous les types de répertoires à grands coups de grand-écarts de cordes vocales : se voir en haut de l'affiche comme Aznavour (Je m'voyais déjà), s'offrir à nu comme Gréco (Déshabillez-moi), s'adonner à une scène de ménage sur Anaïs (Christina), fredonner une tactique du gendarme, ou se risquer à du Air guitar et un mime d'une pyrotechnie sur ... Johnny (Allumez le feu) ! Elle ose tout. Mais s'en sort, enfonce toute les portes, talent dans le coffre et humour en bandoulière.
La virage semble s'amorcer - étonnement - sur ledit Johnny et un improbable Delpech, un Titus presque en chair et en os au bout de la laisse invisible, dans une formidable brume bleue en admiration devant un vol d'oies sauvages (coup de chapeau à la mise en scène et aux lumières, incroyables, avec deux bouts de ficelles). La chanteuse hésitante, et par la même, le spectacle, semblent s'apaiser, prendre en épaisseur, en densité. Le répertoire ripe délicatement, et va puiser dans des perles de la chansons françaises plus méconnues. Révéler une Noyée de Gainsbourg presque méconnaissable et pourtant inchangée. Propulser une Vie Violence de Nougaro à poils de toute orchestration. Performer sur un De Dame et d'Homme de Minvielle sans perdre son souffle.
Les morceaux a capella, sans une once d'accompagnement, sans les habituelles introductions orchestrales, sans ponts musicaux en guise de souffle, sans solos instrumentaux outrageux, nous font percevoir ces morceaux, pourtant archi-connus, sous un angle nouveau, nus. Et l'artiste de devoir palier ces absences, à la force de la voix et de sa présence.
Pour qui apprécie moins ce deuxième répertoire-là, plus purement poétique et moins " théâtralisable ", le spectacle perd bien évidemment en intensité et en intérêt. Mais pour qui est un tant soit peu curieux de La Chanson Française dans toutes les méandres de ses sous-catégories, le spectacle devient un véritable régal.
Critique écrite le 14 février 2015 par Flag
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