Chronique de Concert
Elvis Perkins + Jaakko Eino Kalevi
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 6 décembre 2015
Critique écrite le 08 décembre 2015 par Pierre Andrieu
Dimanche soir de rêve à la Coopé, avec une affiche de très, très haut niveau réunissant le prometteur et ultra doué finlandais planant Jaakko Eino Kalevi, auteur d'un récent album éponyme d'obédience électro pop chez Domino Records, et le génial songwriter new-yorkais de folk music, Elvis Perkins, venu présenter sa dernière perle en date, I Aubade...
Jaakko Eino Kalevi
Il y a du monde (pas assez à notre goût mais bon... ), le public est attentif et respectueux et Jaakko Eino Kalevi a tout loisir de prendre ses aises pour lever le voile sur son univers, à la fois accrocheur, sucré, glacial, mystérieux, et addictif. Les fans de Mister Perkins semblent être un peu " défrisés " par cette électro pop 100% synthétique jouée en version duo voix/machines et batterie... Malgré une raideur et une timidité assez normales pour des débuts et un manque de communication un peu dommageable, Jaakko Eino Kalevi s'en sort plutôt bien, car ses compositions sont marquantes - elles donnent envie de danser en regardant les étoiles et/ou en pleurant - , sa voix tour à tour masculine et féminine imprime un certain style, le groove funky qui se dégage de certains titres fait bouger les hanches et ses influences séduisent, on pense à The Knife, Kraftwerk et Jay Jay Johanson, pas exactement des baltringues donc. Bref, le désormais résident berlinois venu tout droit d'Helsinki a pas mal d'atouts pour faire de nombreux tours du monde avec ses œuvres catchy et troublantes...
Elvis Perkins
Après avoir tant désiré le voir en live, on était enfin arrivé à approcher Elvis Perkins en live, à la Fondation Cartier, à Paris, en juin dernier... Ce concert mémorable dans un cadre absolument parfait (un amphithéâtre au milieu de la verdure derrière le bâtiment où ont lieu les expos) nous ayant enchanté au plus haut point, l'annonce du retour du divin folksinger pour une tournée fin 2015, avec un arrêt en Auvergne, fut accueillie par de grandes bouffées de joie. Totalement justifiées si l'on en juge par la qualité vraiment irréprochable de la prestation de l'auteur du très touchant tube While You Were Sleeping dans un club de la Coopé rempli de fans énamourés, en extase justifiée devant ce show rare.
Très bien accompagné par ses trois excellents musiciens (à la batterie, à l'orgue, à la basse et au glockenspiel), la discrète mais hyper charismatique star de la soirée (qui joue admirablement de la guitare et de l'harmonica) se lance dans un set bouleversant du début à la fin. Les chansons de cet authentique gentleman sont belles à pleurer, ses textes sont brillants, sa voix est un pur bonheur, n'en jetez plus, on tient sans doute là l'un des concerts de l'année ! Un set qui, loin de proposer des émotions monochromes, permet en partant d'une base folk pop mélancolique, de fréquenter également des territoires plus enlevés, type fanfare folklorique & pop, voire carrément psyché pop, grâce aux superbes envolées d'orgue électrique. Le terme est un peu galvaudé mais plusieurs fois au cours de cette soirée l'on se dit que ce concert est tout simplement " magique " ; les sommets atteints étant hallucinants, et la communion public/artistes étant assez incroyable. On en oublierait presque le monde dans lequel on vit, la Terre qui ne tourne pas rond et toute la merde déversée dans nos cerveaux par les chaînes d'infos en continu. Mais sur ce, avec une subtilité qui l'honore, Elvis Perkins introduit la chanson My 2$ par un petit discours évoquant le fait d'utiliser son argent à bon escient avant de se lancer dans une dylanienne composition anti Coca Cola, Nike ou encore Monsanto, c'est à dire autant de firmes qui fusillent allègrement la planète, exploitent les gens les plus dans le besoin et ne payent par leurs impôts. Donc, en plus de trousser des morceaux d'une singulière beauté, le gars que l'on a en face de nous ne vit pas dans une tour d'ivoire coupée du quotidien du commun des mortels. Décidément, certains ont toutes les qualités !
En rappel, l'assistance très en joie a droit au très attendu et magistral titre While You Were Sleeping, la folk song tire larmes par excellence, débutée en solo avant que tout le combo vienne apporter sa pierre à ce précieux édifice. Après ces six minutes de bonheur intégral, c'est déjà la fin du concert, malheureusement. Pour être franc, on serait bien resté à écouter cet authentique génie jusqu'au bout de la nuit...
Photos : Yann Cabello www.profocus63.com www.facebook.com/yann.cabello.7 twitter.com/Profocus63 instagram.com/profocus63
Critique écrite le 08 décembre 2015 par Pierre Andrieu
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