Chronique de Concert
Elvis Perkins
Elvis Perkins est un de ces artistes qu'on aimerait voir plus souvent. Ses prestations sur notre continent sont rares et il n'est pas un de ces musiciens prolifiques à outrance qui sortent quatre albums par an sous cinq noms de groupe différents. Ses trois efforts studio en presque 10 ans sont tous d'une beauté renversante et d'une simplicité saisissante, à l'instar du concert de ce soir à la Flèche d'Or.
Le public est peu nombreux mais clairement composé de vieux amis du compositeur, remontant à l'époque du magnifique album Ash Wednesday. Le concert commence avec "Good Friday", interprétée par un Perkins seul à la guitare. Mise en place tranquille, le public retient son souffle lorsqu'il enchaine sur "While You Were Sleeping", titre au cours duquel il est progressivement rejoint sur scène par ses musiciens. Il nous dira à la fin que d'habitude, il attend plus longtemps pour offrir cette chanson à son public "but not for you, not tonight". Sa façon à lui, discrète et respectueuse, de rendre hommage aux victimes de ces événements que nous ne connaissons tous que trop bien.
La suite du concert alterne titres des deux premiers albums et nouveautés, le tout savamment orchestré pour captiver l'audience sans temps mort. Nous sommes parfois mis à contribution, la communication est parfaite et on assiste à un vrai moment de partage en ce mardi soir. Les titres de I Aubade semblent un peu plus engagés que ceux des précédents albums mais là encore, Perkins réussit son pari et parvient à faire passer messages et émotions. Cet homme est probablement un génie méconnu mais ce n'est pas grave, on veut bien le garder pour nous et ne le partager avec personne.
A 13 minutes du couvre-feu imposé par la salle, l'artiste semble désolé de devoir terminer le concert si rapidement. Il propose donc de venir ensuite au cur de la foule, jouer une chanson en acoustique. Après avoir rejoué "Doomsday" en version plus enlevée avec ses musiciens, Perkins tient sa promesse et s'installe au milieu de la fosse. Là, il demande quelle chanson nous ferait plaisir. Du plus haut de ma voix, je réclame "It's Only Me". Relayée par d'autres personnes, cette requête sera acceptée et d'un coup, ce concert déjà superbe se transforme en moment de grâce pur et simple. Elvis Perkins tourne lentement sur lui-même tout en chantant ce sublime titre afin que tout le monde puisse profiter correctement de la prestation. Ces 5 minutes de rab et d'intimité sont le point d'orgue de cette soirée magique. Alors qu'il termine, les sourires sont béats et les étoiles bien présentes dans les yeux des spectateurs... A moins que ce ne soient des larmes ?
Cette soirée signait mon retour dans les salles de concerts après le 13 novembre et le fait de voir Elvis Perkins, dont la vie a été bouleversée par des événements du même genre, est une belle façon de se remettre le pied à l'étrier et de réussir à se convaincre que d'une façon ou d'une autre, la vie reprend le dessus. Toujours.
Photos prises à la Coopé, à Clermont-Fd, le 6 décembre 2015 (sauf Coline et son vinyle dédicacé) : Yann Cabello www.profocus63.com www.facebook.com/yann.cabello.7 twitter.com/Profocus63 instagram.com/profocus63
Critique écrite le 09 décembre 2015 par Coline Magaud
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