Ce samedi 25 mai, c'est à l'Epicerie Moderne qu'avait lieu le concert de deux groupes palpitants (et c'est peu dire!!) : Françoiz Breut et son équipe, suivies par Elysian Fields !





Françoiz Breut

Dès 20H30, ça ne chôme pas! On prend vite la direction de la salle, la chanteuse est déjà en place avec son groupe. On découvre à cette occasion les morceaux de son sixième et nouvel album, " Zoo ", sorti sur le label Caramel Beurre Salé et produit par Adrian Utley.



Il y est question de son rapport à la nature (image de l'animal relative à notre propre part animale), des souvenirs, du futur et du passé. Françoiz Breut est une totale découverte pour ma part. J'appréhende avec curiosité les premières mélodies. Le style oscille entre une pop " vaporeuse " et ce qui me semble être un conte chanté. Sa voix, (et sa diction plus précisément), découpant bien les mots les uns des autres me donne l'effet d'assister à la lecture d'un conte mis en musique.



Sur un ton parfois faussement ingénu, il y a une légèreté dans son interprétation qui tient un peu du cabaret - dans la même idée que le groupe d'Amanda Palmer et Brian Viglione, The Dresden Dolls, en beaucoup moins baroque. Françoiz B. est accompagnée par Stéphane Daubersy, à la guitare, Roméo Poirier à la batterie et Marc Mélia aux claviers. L'ensemble instrumental glisse limpidement.



Le clavier situe l'atmosphère. La batterie est mélodieuse et feutrée, la guitare comme une compagne de route. En fonction des morceaux, Françoiz Breut se met parfois au clavier ou sort le dulcimer. Avec son morceau " La danse des Ombres " issu justement de Zoo, on part sur une théâtre fictif d'ombres chinoises suggéré par un éclairage subtil. C'est tantôt doux, tantôt rempli de malice. Malgré tout, Françoiz Brut marque une attitude toute en réserve et retenue. Un beau set!





Elysian fields

L'entracte annoncée, le bon timing pour se reprendre une petite bière avant la venue des new-yorkais d'Elysian fields et l'occasion de pouvoir encore explorer le travail graphique de Florent Blache (savant mélange de lignes/images qui rencontrent des textes au travers de multiples combinaisons en tableaux). Bientôt, on regagne la salle et on attend avec délice le prochain trouble musical.




Jennifer Charles et Oren Bloedow, accompagnés de Sarah Murcia à la contrebasse et Matt Johnson à la batterie, ne tardent pas à surgir. Et là aussi, nous est présenté un nouvel album issu de cette année, intitulé " Ghost of No ", le onzième en date.



Car depuis 1995, genèse du groupe, nous n'avons pas fini de nous régaler de cette musique savoureuse, de ce timbre envoûtant où se mêlent le mystère et la torpeur. Mixé par Mark Plati (David Bowie), il a été enregistré avec Chris Vatalaro (Brian Eno, Mark Ronson), Matt Johnson (Jeff Buckley, St. Vincent) ou encore James Genus et Ben Perowsky. Et le set ne manquera pas de nous ravir! Sitôt le premier morceau annoncé, on retrouve cette voix sensuelle, magique, à la manière de Lydia Lunch. C'est un voyage sonore aux confins d'un blues ténébreux, jazzy qui nous ramènerait du coté d'un Nick Cave ou d'un Rowland S Howard. Parfois, on s'engage dans un tunnel instrumental plus folk, similaire aux univers de PJ Harvey ou Mazzy Star.



Quand d'ailleurs, Oren Bloedow s'installe au piano à queue pour les morceaux " Shadow of the living light ", " Misunderstood " ou " How we die ", le ton est donné. On est largué: c'est langoureux, intemporel! Jennifer Charles aussi, semble comme possédée par sa musique. Très expressive, son visage baigne dans une lumière intimiste. Au début, il s'agit d'une ampoule mise sur pieds puis lors d'un rappel, elle revient munie d'une petite lampe qui évolue au gré de ses gestes.



Et c'est pas moins de deux rappels qui viennent clore cette soirée. Le public, ébahi, n'en finit pas d'implorer le retour sur scène d'Elysian Fields. Un grand merci à eux pour leurs superbes interprétations et à l'Epicerie Moderne pour cette soirée riche en émotions...