Chronique de Concert
Emel Mathlouthi + Djazia Satour (19èmes Rencontres d'Averroès)
Ce soir je me serais bien laissé tenté par la Balkan Connection au Cabaret qui regroupe Watcha Clan et Click Here ... mais les ayant vu tous deux séparément il n'y a pas si longtemps (POC 2011 et fête du panier 2012 respectivement) j'ai préféré me diriger du côté de l'Espace Julien où avaient lieu la 19ème édition des Rencontres d'Averroès. Lors de la 18ème édition j'avais (enfin) découvert Thierry Robin sur la scène du Palais des Congrès, cette année c'était au tour de Emel Mathlouthi.
En première partie il y a une autre chanteuse du nom de Djazia Satour qui fut en fait la chanteuse du groupe MIG pendant 6 ans. Je me disais aussi qu'elle avait l'air bien à l'aise pour quelqu'un qui débutait. Lorsque je rentre et découvre l'Espace en configuration assise elle est en train de chanter un morceau en arabe. Accompagnée d'un guitariste (Benoit Richou) et d'un percussionniste (dont c'était le premier concert ce soir) elle enchainera avec beaucoup d'aisance des morceaux en arabe et d'autres en anglais ...
L'occasion pour moi de me rendre compte que lorsque je ne comprends vraiment rien j'ai plus de mal à rester captiver sur la longueur. En effet même si je n'écoute (ou en tout cas ne comprends) pas tous les textes des morceaux en anglais ou même français au moins j'ai une idée globale du thème, alors que là l'écoute des très jolis morceaux qu'elle chantait en arabe se révélait parfois assez frustrante.
Quand elle se met à chanter en anglais et qu'elle se met à singer les divas soul on pense forcement à Amy Winehouse ou à Selah Sue ... d'ailleurs sur ces morceaux là elle a un peu tendance à en faire un peu trop comme cette dernière. Elle fera une reprise (un morceau qui parle de l'Illinois) d'un artiste blues méconnu (cf réponse pour le nom) dont elle a semble-t-il parlé dans les loges avec Emel, et qui lui donnera l'occasion de faire chanter tout le public de façon très réussie.
Pour finir elle fera un morceau qu'elle a justement écrit en hommage à ce monsieur. Au final une première partie très énergique qui balaie des styles assez variés (grâce aussi à l'adresse des 2 musiciens qui l'accompagnent) allant du trad. algérien (pour autant que je sois capable d'en juger) à la soul afro-americaine en passant par le folk ... le tout avec beaucoup de présence. Ils ont mis l'essentiel du public dans leur poche.
Sitôt le dernier morceau joué je file à l'Equitable Café pour prendre des nouvelles de Leute, qui sont si bonnes que je reste plus longtemps que prévu et arrive alors que Emel Mathlouthi. Je découvre alors une chanteuse pas très grande (en tout par rapport à sa guitare) accompagnée d'un violoniste (Zied Zouari) au violon, d'un batteur / percussionniste (Imed Alibi que je ne vois pas de là où je suis), d'un gars aux machines/platines qui occupait beaucoup de place musicalement (Emmanuel Trouve) et d'un guitariste (et non bassiste comme je l'avais curieusement écrit) dont je n'ai pas trouvé pas le nom.
C'est sur lui que je bloque au début, ou plutôt sur son t-shirt Born in Hell avec plein de têtes de mort ...Le décalage entre ce qui se passe sur scène et les rangées de chaises dans la salle est saisissant. Car contrairement à ce que j'avais écouté vite fait sur internet (je m'attendais à quelque chose d'assez traditionnel et grave/triste), la musique de Emel Amthlouth est assez occidentale (par opposition à oriental / du Maghreb).
En fait ça faisait très metal FM par moment (elle ne reniera d'ailleurs pas ses influences "heavy metal" lors d'un de ses échanges avec le public). En fait c'est surtout avec le jeu de scène que j'ai eu du mal ... très mis en scène et théâtralisé avec certains mouvements qui paraissaient un peu forcés / artificiels (lorsqu'elle secoue ses cheveux ou qu'elle se met à bouger comme un robot).
Par moments le son est d'ailleurs trop fort (surtout ce qui sort des machines) ce qui parait un peu inutile vue la configuration et couvre un peu le chant. Je me dis même que cela va finir par faire fuir une partie du public, mais tout le monde reste à sa place. A un moment je penserai à Alanis Morissette à force de la voir arpenter la scène de long en large en sautant parfois. Entre les morceaux elle nous présentera ceux ci ce qui nous rappelle qu'en effet les textes sont assez politiques et/ou poétiques qui lui vaut son étiquette chanteuse engagée.
Mais sinon pas de prise de position explicitement faites concernant le Maghreb si ce n'est pour dire que l'Égypte n'était pas menacée par la montée des extrémistes religieux. Elle aussi chantera un ou deux morceaux en anglais dont la reprise d'une lettre à Van Gogh qu'elle nous présentera comme l'un des plus beaux textes mise en chanson et qui se révèlera un peu trop fleur bleue / adolescent pour moi avec sa conclusion légèrement adolescente "le monde n'est pas adapté pour des gens aussi beaux que toi".
Par moment je penserai aussi un tout petit peu à Susheela Raman en la voyant sur scène. Je sortirai juste avant le (long) rappel ... Malgré les quelques bémols évoqués, le fait que je n'aurai pas réussi à cerner son personnage et que je reste persuadé que sa musique me toucherait plus si elle gagnait en spontanéité et en naturel, je passerai quand même une bonne soirée.
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et une petite de Djazia Satour par ici
Critique écrite le 28 novembre 2012 par Pirlouiiiit
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