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Chronique de Concert

Emilie Simon

Emilie Simon en concert

Espace Julien, Marseille 26 mai 2006

Critique écrite le par


Devant l'Espace Julien, un très beau serpentin de public dû à une ouverture tardive (un petit carton jaune en passant, tiens, et finalement un rouge car 29 euros c'est quand même cher pour rater la première partie !). On arrivera donc pour voir les deux dernières chansons (ce n'est heureusement pas comme annoncé le stratosphérique Peter von Poehl, dont je voulais vraiment voir la prestation...). En fait c'est un type appelé Mehdi alias Medicine Man, ça a l'air de plaire au public mais on est arrivés trop tard pour en juger (j'ai quand même vu la présentation marrante des harmonicas).


La salle est donc comble pour voir la fée Emilie Simon, pas passée ici depuis Flowers (il y a au moins 3 ans) et touchée par le succès (et le syndrôme "vu à la télé et au ciné") depuis. Pour ma part je suis resté charmé de sa prestation un peu bourrative mais charmante aux Eurockéennes 2005, où elle jouait avec tout un orchestre. J'ai toutefois un avis mi-figue mi-raisin sur son dernier album Végétal, c'est l'occasion de voir ce que ça donne en live ! Un groupe plus réduit (mais avec les mêmes instruments bizarres) prend possession de la scène.


On attaque avec Dame de Lotus et, chose très mignonne, Emilie en profite pour venir un peu montrer sa jolie robe noire devant le public. Car pour en passer par le couplet forcément sexiste (au sens pinguinesque) : cette fille est certainemnt la plus jolie chose chantante que j'ai vue depuis Pascaline des Elles, elle était déjà adorable un peu plus en formes et elle semble avoir minci. Des centaines de garçons (et sans doute quelques filles) bavent donc de longues minutes avant de s'habituer à sa présence assez intimidante...


Au début de Fleur de Saison (percussions mi-électroniques, mi-bricolage) on s'aperçoit que les premiers rangs connaissent toutes les paroles par coeur. Et tout le monde s'agite sur Rose hybride de Thé, chanson presque parlée sur un fond techno-rock. La chanteuse s'installe au piano pour In The Lake (à 3 mètres de nous, Pirlouiiiit se déchaîne sur son appareil photo), c'est très joli mais ça serait encore mieux avec une orchestration plus légère (pourquoi pas que du piano d'ailleurs ?). Par contre Sweet blossom, un peu plus brutale que sur album, sonne très bien en version rock, d'autant qu'Emilie a chaussé son fameux bras technologique (il ne sert plus à grand chose avec 4 musiciens, mais ça fait toujours très classe).


Bon évidemment il va falloir entendre aussi les chansons moins convaincantes, passons sur Annie sauvée par une intro composée de moult bruits étranges (générés notamment en barbotant dans le bassin à mains électronique). De même la mineure Opium, plus amusante que sur album car pendant qu'elle joue, un musicien trifouille force bruitages, notes et grattements, dans le piano ouvert. Swimming intéresse plus que sur disque, par son côté un peu lancinant, rythmé par un tambour puissant.


De même pour le Vieil amant, vraiment très agréable et douce (l'air de rien pendant qu'on est autour du piano, ça s'agite en coulisses pour faire marcher un grmbl d'ordinateur qui fait des siennes de l'autre côté de la scène). Suit, enfin, un titre de la B.O. de la Marche de l'Empereur, All is White à l'orchestration un poil surchargée, mais qui rappelle agréablement ce film très touchant.


Le moment suivant est de pure magie : une intro seule à la guitare et un couplet de I wanna Be Your Dog, avant de l'interpréter comme sur album. Manque une vraie batterie pour sonner aussi sale que l'original (ce qui n'est peut-être pas le but cela dit ?) mais on ne boude pas notre plaisir : c'est tout simplement bon ! Pareil pour Song on the Storm (les manchots, toujours) qui déclenche une véritable ovation, suivie de Never Fall in Love, paroles banales mais rythmique diabolique !


Quand Emilie Simon chante Desert, c'est amusant, ça fait comme qui dirait disparaître tout le monde. Ca me l'avait déjà fait à Belfort : 29 546 personnes évanouies puisqu'elle ne chantait plus que pour moi ! Charmé et presque amoureux, on en oublie à chaque fois que ça se finit par "Je te quitte, voilà" (et là on est vraiment seul du coup !). Les jolies filles sont faites pour briser les jolis coeurs, c'est un fait. Alicia aussi est cruelle, qui s'amuse à vous endormir dans ses bras de lierre mortifères, pendant que le sorcier du son Cyrille joue d'un instrument très bizarre, une sorte de clarinette lumineuse transformée en synthétiseur. La chanson triste En Cendres vient conclure agréablement la première partie.


Le groupe revient pour My old Friend (une fois encore le musicien trifouille le piano pendant qu'Emilie interprète une partition vocale superbe. Puis une chanson du premier album, la très jolie Graines d'Etoiles qu'elle chantait, je crois avec Neil Hannon, qui se termine dans un vacarme industriel enthousiasmant, un "Merci Marseille" charmant et un nouveau départ. Puis elle revient accompagée de Mehdi en guitare solo pour interpréter un Flowers très rock, au moment précis où j'avais envie de l'entendre, pendant que des plantes carnivores fleurissent sur l'écran du fond !


Le concert se finit sur un dernier rappel en solo, le meilleur : elle nous donne, seule au piano, une version tout simplement splendide de Come as you Are (aussi émouvante que Smells like Teen spirit reprise par Scala), puis (bonus de fin de tournée peut-être ?) une non moins belle version de True Colors (version Cindy Lauper), ce qui prouve un bel éclectisme musical. Alors bien sûr, comme il s'agit de promouvoir Vegetal on restera frustrés de quelques anciennes chansons (mais il faut dire qu'on aurait volontiers passé la nuit à l'écouter...)


En tout cas elle semble sincèrement émue de finir sa tournée sur une telle ovation, piaille plusieurs "Merci Marseille !", nous dit à bientôt (espérons !) et s'en va vers d'autres aventures dans son grand autobus rouge, qui sait, dormir à la maison à Montpellier ? Bonne route à toi qui peuple nos rêveries, bien nommée Emilie ...


A lire aussi sur le site : une interview ce jour-même d'Emilie Simon par (ce salopard de petit veinard de) Sami !

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