Chronique de Concert
Emmanuel Moire - Sirius Plan
Mais ce soir, il n'y a pas que Monsieur Moire, non ... Il y a aussi sa première partie. Un trio de fille nommé Sirius Plan. Ambiance bleue et fumeuse (toujours très fumeux le Silo). La salle se remplit de plus en plus et du second balcon, où je suis, c'est plutôt impressionnant.
La voix off d'Emmanuel se fait entendre. Il commence par nous dire " Bonsoir ", puis nous annonce l'arrivée sur scène de Gaëlle, Elodie et Claire, à qui il nous demande de faire bon accueil. Elles prennent place. Une à la guitare, une autre debout devant une petite batterie et la troisième frappant deux baguettes au-dessus de sa tête. Mais surtout, trois très belles voix en canon qui s'élèvent. Des voix un peu à la Anaïs et un rythme bien entrainant ... En mot, un truc qui fonctionne plutôt très bien !!
Les baguettes se transforment en une seconde guitare carrée, rigolote. A chaque fois, leurs trois voix se mêlent de façon très harmonieuse et poétique à la fois. Ce sont elles qui mènent clairement la danse, en osmose parfaite, pour le mélange français/anglais de L'ailleurs M'attend.
Entre les morceaux, petits conciliabules entre elles et messages amusants pour nous. Elles nous présentent Old Man, mais c'est Gaëlle, à la batterie, qui mène le chant cette fois. Puis Claire prend le relais et, dans l'alternance, on perçoit mieux la différence de couleur de leurs timbres, qui se sont mêlés jusque là. Avec aussi une mélodie qui se teinte légèrement de Folk.
Folk nous avons commencé, Folk nous continuons, mais pour une cover de Cash à présent. Avec la drôle de petite guitare carrée qui est de retour. Pendant l'intro, ça taquine sur la manière de parler d'Emmanuel et de son accent. Mais le message est clair : il veut que tout le monde enlève son gilet à la fin !! Alors " Si tu sens ta fesse gauche qui bouge ta fesse droite, c'est normal ... C'est ton corps qui te fait un signe et te dis : Allez Danse ! " Un peu plus de Blues dans la voix et les filles se lâchent définitivement.
C'est la dernière mais, avant de partir, une dernière chose ... Et chacune à leur tour " Emmanuel Merci " presque murmuré, avec amour. " Et au magnifique public d'Emmanuel : Merci " Toujours trois fois, pour ce running gag triple en canon. Et perso, je trouve que ce dernier morceau arrive un peu vite, d'une parce que ça me plait et de deux parce que cela nous donne vraiment un mini Set. Mais bon, c'est comme ça, alors profitons. Un bel hymne à la liberté du corps et au devoir de s'assumer. Texte plaisant, drôle et fin, avec un petit fond de Rock pas désagréable du tout (on sera vraiment passé par tout l'éventail des musiques et de leur savoir faire). Et je ne sais pas si les gilets sont tombés, mais les bravos montent franchement en tous cas. Joli succès pour cette première partie de soirée, qui semble avoir ravi le public ... Avec même une petite touche d'émotion en prime, ce qui ne gâche rien, bien au contraire.
Claire Joseph : Guitare & Chant
Elodie Legros aka Skye : Guitare & Chant
Gaëlle Mievis : Chant & Drum
Setlist
1 - Du Rose Dans Les Veines
2 - L'ailleurs M'attend
3 - Old Man
4 - Big River (Cash)
5 - Beauté/Adulte Et Sexy (Emmanuel Moire)
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Le trio de Sirius Plan parti, le public commence à s'impatienter et à crier. Le moindre mouvement sur scène déclenche une semi hystérie. Mais la patience des fans va vite être récompensée ... Piano, violons, violoncelle ... Un fond sourd de batterie et les premières notes commencent sur des hurlements de plaisir !
Très longue intro sous forme de medley, les lumières encore légèrement présentes dans la salle, et déjà beaucoup chantent les paroles des morceaux qu'ils ont tout de suite reconnu. Les mains frappent ... Sacré suspens ! On entend sa voix monter des coulisses et un gros logo EM en 3D (franchement pas joliment animé) apparait sur l'écran de fond. Vraiment un peu long comme amorce. La musique devient un tantinet plus Electro et puis il apparait enfin. Hyper théâtrale comme entrée ... Un peu too much même. Non ?!? Mais bon, il est enfin là. On le devine à contre jour, plus qu'on ne le voit et il ne bouge pas d'un cheveu.
La Vie Ailleurs commence et c'est méga froid. Un drôle de parti pris selon moi. Mais vient l'effet programmé sur " l'étincelle " qui l'allume, comme elle allume la salle. Bon, c'est une mise en scène comme une autre. Les dix premiers rangs sont debout, à crier, et semble l'apprécier (comme le reste de la salle d'ailleurs). Ce doit être moi. Il est vrai que je trouve toujours que la simplicité est le meilleur des habillages et la plus grande des qualités. Mais laissons faire. Une chose est sûre et certaine : il est beau, très beau même et avec un sourire à tomber en plus ... Donc je vais essayer de ne plus penser à cette entrée grandiloquente et me laisser porter par la suite de ce set.
Avant de continuer, il tient à nous remercier et fait aussi allusion à Danse avec les Stars. Il est vrai qu'avec cette émission de " Danse Crochet ", il est un peu entré dans nos maisons et nos familles. Merci donc à nous de l'avoir encouragé et soutenu. Forcément, c'est une hystérie féminine qui lui répond ... C'est ce que je craignais. Jamais fan du public acquis, dont on ne sait pas s'il aime vraiment ce qui se passe à l'instant T, ou bien si tout lui plaira par définition, quelqu'en soit la qualité. Je pense qu'on peut aimer l'homme, être touché par l'artiste (ce qui est tout à fait mon cas), sans pour autant ne pas rester objectif face à sa prestation d'un soir ... Qui ne remet en rien son talent en cause.
Il part s'assoir sur le côté du piano, comme à la recherche d'un endroit pour se blottir. Commence La Blessure. La musique est un chouilla trop forte pour sa voix, par moment. Dommage. Lui joue très bien ses textes, semblant chercher refuge contre son piano, presque recroquevillé, toujours dans la pénombre, juste le visage à peine éclairé.
Je ne connais pas très bien son répertoire et j'apprécie de le découvrir. Des textes écrits avec beaucoup de finesse, je trouve, et fait de jeux à demi mots très plaisants. De belles mélodies. Il esquisse quelques pas de danse, tout sourire. C'est doux et chaleureux. Il rit quand une grosse voix reprend son prénom au milieu des cris des filles. Puis il prend place derrière le piano blanc. Ils sont juste tous les deux et c'est finalement bien plus plaisant que la grosse artillerie. Là, on profite vraiment de sa voix, avec cette intonation touchante, qui se casse légèrement sur ses fins de phrases.
Après chaque morceau, se sont des cris et encore des cris. Batterie, guitare et basse reviennent. On est reparti dans le Rock (on va dire ...) et c'est comme si toute l'émotion repartait. Ce n'est pas du tout déplaisant, mais je suis étonnée qu'il y ait si peu d'âme avec un tel artiste. Comme si son côté à fleur de peau s'évaporait quand la musique s'affirme un peu plus. Vraiment dommage. Ceci étant, c'est une belle démonstration vocale, mais perso, ça ne me branche pas plus que ça (je n'ai jamais aimé les chanteurs dits à voix).
La veste tombe et c'est évidemment des hurlements dans la salle. Il répond avec humour : " Calme toi ... Marseille, c'est un animal en fait ! " Puis cela plaisante sur le fameux gilet que ces demoiselles de Sirius Plan ont évoqué. " Il ne faut jamais croire les filles ! " Puis il cherche un peu le public, en mettant en doute que ce ne soit le meilleur, sachant que Lyon n'a pas été mal du tout la veille. Bien sûr : Il cherche, il trouve ;) Puis il propose un petit flashback de ses chansons d'avant.
Le public ravi reprend avec lui Etre A La Hauteur et, encore une fois, je trouve beaucoup plus plaisant cette formation de type acoustique. Ça enchaîne vite. Il est toujours là, entouré de ses musiciens, en toute simplicité. Puis allume une bougie qu'il pose sur le piano. Prends place devant le clavier et on murmure autour de moi : " C'est la chanson pour son frère ... " Sois Tranquille commence. Les cordes sont rejointes pas la guitare et la basse. Je trouve, comme c'est le cas depuis le début de ce concert, que ce côté intimiste, c'est beaucoup plus son univers. On ne voit pas grand chose, mais on se laisse plus facilement porter. Avec l'émotion qui touche et qui fait mouche, forcément. Et avec une clappe qui dure encore et encore à la fin, accompagnée de pieds qui frappent le sol.
Petit raté au démarrage de Beau Malheur. Mais pas grave, on reprend. Le public se lève et s'approche mais, encore une fois, je suis surprise par ce jeu de scène hyper minimaliste. Il nous fait un clip visuellement juste magnifique et là : Presque rien. Mais comme le public est acquis, alors tout va bien. Ça fonctionne quand même. Et je reste déçue. Il est touchant et fait partie de ces personnes qui font presque parti de la famille. On a l'impression qu'on le connait et son capital sympathie est énorme. Comme si on ne pouvait rien contre lui. Mais alors pourquoi se contenter de ça ? Pourquoi une mise en scène quasi inexistante ? Pourquoi des lumières fadasses ? Pourquoi si peu de magie ?? Je m'attendais à rêver, à être emportée et je me retrouve devant un artiste qui fait son job, juste proprement.
Il a pourtant droit à une standing ovation de ce public qui l'aime tant. La scène s'habille de rouge et prend un peu plus de vie. Ça c'est plutôt plaisant. Et, lorsqu'il décide de monter dans la salle, on frôle l'émeute. Mais ce n'est qu'un début, puisqu'il tombe le gilet à présent. Répond aux hurlement par un " Tout va bien ! " (ces réactions type teen-agers aux hormones bouillonnantes l'agacent-elles ?!) et se retrouve en chemise et bretelles bleu nuit (assorties à ces superbes chaussures, s'il vous plait ... Un homme de goût cet Emmanuel !)
En tous cas, cela s'est clairement animé sur scène et ce sera ambiance Techno Dance pour Adulte Et Sexy ! On va d'ailleurs rester jusqu'à la fin su Set dans son répertoire de chansons populaires, avec musique très dansante. Du Christophe Willem quelque part. Il quitte la scène sur un " Merci " et surtout un " Je t'aime " dans ses paroles, qui en mettent plus d'une au bord du malaise. Mais aussi avec notre magnifique logo du début (je me moque, mais sincèrement, il est tout moche et super ringard dans sa version 3D), qui devient : Le CHEMIN.
Rappel sur fond de chansons de stade (et bien oui, on est à Marseille que diable!) Il flatte notre belle ville phocéenne et rappelle les filles de Sirius Plan pour la suivante. Ils papotent ensemble sur ce très bon public qu'ils ont ce soir. Puis vient la musique. Juste une guitare (celle d'Elodie). Lui assis sur un tabouret haut, une fille de chaque côté. Ce doit être un moment emplie de poésie, mais c'est sans compter une petite troupe au centre de la salle qui fait sa vie et son spectacle off. Ok. Sympa. Mais il faut savoir que ce genre de délire ne fait en général rire que ceux qui y participent ! Alors que sur scène, avec le trio des filles, je dois dire que c'est vraiment hyper sympa ce qu'ils nous font.
Marseille et ses airs de stade, hélas ... Comment y échapper ! Il profite de la dissipation générale pour nous présenter tout le monde. Les musiciens, bien sûr, dont Eric (le batteur) qui a des amis dans la salle, mais aussi Manu et Yohan au son, Romain à la lumière, Franck et Christophe à la table et enfin Rémi pour l'organisation. Puis il reprends ces rappels avec Quatre Vies. J'aime définitivement mieux ces ambiances simples et calmes, pour moi, elles lui correspondent tellement mieux.
Un Set décousu et auquel il est difficile de trouver une unité, sinon Emmanuel Moire lui-même ... Mais est-ce suffisant ? Des chansons qui peuvent avoir un univers, indépendamment les unes des autres, mais pas dans leur globalité. Un drôle de sentiment de bazar et d'inachevé.
Ils s'attrapent par le cou pour saluer encore une fois. Puis Emmanuel prend une guitare, mais ne parvient même pas à continuer, tant c'est le bordel dans la salle. " Oh Marseille, tu es indisciplinée. Je suis partagé entre l'amour que j'ai pour toi et la peur que j'ai de toi ! " Il s'amuse, mais demande tout de même fermement le calme pour cette " inédite " toute en douceur, que l'on ne parvient même plus à entendre (chacun voulant faire son malin et y aller de son bon mot). Nous parvenons tout de même à entendre Le Chemin, en acoustique guitare/voix. Très joli morceau. Et puis, c'est le moment des cadeaux, avec ses derniers mots à propos du challenge du meilleur public : " Une bonne nouvelle : Vous avez gagné, c'est évident ! "
Emmanuel Moire : Chant, Piano & Guitare
Catherine : Violoncelle
Julien : Alto
Clara : Violon
Mao Blanc : Guitare
Mathieu Liopart : Basse
Frédéric Adrignola : Piano
Eric Langlois : Batterie
Setlist
1 - Intro Medley Instrumental
2 - La Vie Ailleurs
3 - La Blessure
4 - Suffit Mon Amour
5 - Venir Voir
6 - L'adversaire
7 - L'attraction
8 - Etre A La Hauteur
9 - Le Sourire
10 - Sans Dire Un Mot
11 - Sois Tranquille
12 - Beau Malheur
13 - Ici Ailleurs
14 - Adulte Et Sexy
15 - Ne S'aimer Que La Nuit
16 - Promis
17 - Quatre Vies
18 - Le Chemin
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 16 février 2014 par Ysabel
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