Chronique de Concert
Ennio Morricone
Evidemment, il fallait être au Palais des Congrès pour cette étape Parisienne de la tournée célébrant les 60 ans de carrière du Maestro Ennio Morricone. Il faut quand même avoir en tête que l'aura et le génie du Maestro dépassent largement le cadre de la bande originale de film.
Morricone, de son vivant, figure déjà dans le panthéon des grands compositeurs classiques du XXème siècle en compagnie de Debussy, Malher, Strauss, Ravel ou Bartok. Sa musique sera sans nul doute jouée et étudiée dans 200 ans par les plus grands orchestres symphoniques de la planète.
Le Maestro a aussi largement dépassé le cadre de la musique classique. Ses productions, ses innovations sonores, mélodiques et orchestrales, la diversité des styles sur lesquels il s'est penché conjuguées à l'ampleur du public qui l'a su touché à travers le monde et au respect absolu que lui vouent les plus grands musiciens de la planète l'impose définitivement comme l'un des grands génies musicaux de ses 100 dernières années.
Ces concerts parisiens étaient, compte tenu de son âge avancé, l'une des dernières occasions de voir le Maestro diriger lui-même un orchestre symphonique interprétant ses compositions. Il faut se rendre compte, même si la comparaison peut sembler faussement flatteuse, que ces concerts sont aussi historiques que les concerts où Ravel dirigeait son Bolero, ou ceux de Dvorak dirigeant la symphonie du Nouveau Monde.
C'est évidemment une salle comble qui fit un triomphe à ce vieil homme de 87 ans, lorsqu'il rejoignit, d'un pas très légèrement chancelant, son pupitre pour se retrouver dos au public et face aux 200 musiciens et choristes de l'orchestre symphonique de Prague qu'il allait diriger pendant plus de 2 heures.
C'est toujours très impressionnant de voir un chef d'orchestre devant 200 musiciens. C'est quelque part l'expérience ultime du management. Y-a-t-il une autre fonction ou un seul homme dirige plus de 200 personnes en même temps avec presque autant de taches différentes et simultanées, pour en tirer la quintessence dans une osmose totale ?
Le programme joué lors de cette représentation différait très légèrement de qui était annoncé sur les programmes officiels de la soirée, et assez largement des concerts donnés lors des précédentes tournées. En laissant de côté des "hits" comme "Le clan des siciliens", les titres de "Sacco and Vanzetti", le thème des "Incorruptibles", "Come Maddalena", "La bataille d'Alger", "L'enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon", ou "The man with the Harmonica", le maestro donnait ainsi un éclairage à des compositions plus récentes comme celle de The "Hatefull Eight"de Quentin Tarantino et "Baaria" de Giuseppe Tornatore, et assez (injustement !!) méconnues du public.
Giuseppe Tornatore est désormais le cinéaste avec lequel le Maestro aura le plus composé... En s'attardant sur le film "Baaria" que je ne connaissais pas, avec des thèmes éblouissants comme "Ribillione", ainsi que " La légende du pianiste sur l'océan", "La meilleure offre" et"Cinema paradisio", c'est une large part du concert qui sera consacrée à leur collaboration.
Le thème glaçant de la "Diligence de Red Rock" tiré du dernier Film de Quentin Tarantino fut aussi un des grands moments du concert.Bien entendu, la collaboration légendaire avec Sergio Leone fut abordée avec les thèmes de la trilogie des "Once upon a time" (l'ouest, la révolution et l'Amérique), une version assez novatrice et fabuleuse du thème du "Bon la Brute et le truand" et l'apothéose d' "Extasy of Gold" qui fut aussi rejouée en rappel en procurant des frissons et des larmes à une grande partie du public.
De nombreuses plages des concerts furent consacrées à des compositions plus obscures comme celles de "Vatel", "H2S", "red tent", que je ne connaissais pas. Cette programmation un peu complexe est probablement l'un des rares reproches que l'on peut faire à ce concert. Il faut avouer que, malgré le plaisir indiscutable que l'on a pris durant le concert, on aurait quand même préféré entendre des classiques comme " I comme Icare", "Mon nom est personne" ou les grands thèmes évoqués un peu plus haut.
L'autre légère déception fut la voix de la cantatrice soliste qui m'avait parue meilleure lors des dernières tournées.
Cela n'empêcha pas le concert de se conclure par une grosse ovation d'un public ému et envoûté par plus de 2 heures de spectacle après de larges extraits de "Mission", puis trois rappels ou furent joués "Abolicao" du film "Queimada", ainsi que deux reprises d' "Extasy Of Gold" et de " On earth, this is heaven"
Ce concert fut indubitablement un grand moment, même si les concerts de la tournée précédente m'avaient d'avantage séduits grâce à une set list plus cohérente et plus grand public... Mais comme je le disais au début de cette chronique, il fallait être au Palais des Congrès pour ce concert! Car, franchement, lorsqu'on s'intéresse un tant soit peu à la musique et au cinéma, y'avait-il un meilleur endroit au monde ou se trouver pendant ce week end de septembre ?
Critique écrite le 27 septembre 2016 par lol
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