Fort d'un excellent nouvel album paru en 2014, The True Blue Skies, opus qui vient rejoindre une discographie déjà riche, le songwriter country folk blues Jim Yamouridis est actuellement en tournée afin de le présenter en live... Au programme de ces concerts à ne pas manquer : une voix très grave de crooner à la Leonard Cohen/Lou Reed, des chansons très bien écrites et des arrangements finement ciselés... Jim Yamouridis a bien voulu répondre à quelques questions qui lèvent, un tout petit peu, le mystère qui entoure sa personne... Entretien :





Dans quel état d'esprit étiez-vous au moment de commencer à travailler sur l'album The True Blue Skies ?
"The True Blue Skies" a suivi deux autres tentatives d'écriture. J'avais accumulé une vingtaine de compositions, musicalement denses, en privilégiant la présence de la guitare. Avant de me lancer dans la troisième tentative, je savais que je voulais laisser beaucoup d'espace pour l'instrumentalisation. En commençant, j'ai voulu définir la forme avant tout. Je l'ai approchée de l'extérieur ; le tempo était ma priorité, en particulier l'idée du silence en tant que complément de composition au feeling de temps et d'espace. J'ai utilisé un minimum d'accords et je me suis rapidement familiarisé avec la forme. J'ai permis au processus de prendre racine et je me suis laissé porter par son impulsion. J'ai ouvert toutes les fenêtres de mon studio et j'ai tout laissé entrer. A la fin du premier jour, j'ai compris que c'est ainsi que je trouverais cet album. La première chanson, c'était "The True Blue Skies". J'ai su que je réussirais à raconter l'histoire de la vie d'un homme sur terre. Il fallait déterminer les épisodes importants ou savoir si certains étaient plus importants que d'autres. A la fin du deuxième jour, j'ai compris que tous les épisodes sont plus ou moins égaux puisque la vie même est sacrée. Les chansons me venaient tous les jours et je les acceptais, en suivant leur rythme et mes émotions. J'ai écrit l'album en cinq jours, ce qui est très inhabituel pour moi. Réflexion faite, cette période était une vie entière. J'ai vécu et succombé, triché et menti, été tour à tour sublime ou sournois, intrépide ou frénétique, à l'instar des personnages des chansons.

Y-a-t-il des disques, des films ou des livres qui vous ont particulièrement inspiré pendant l'enregistrement ?
Rien de particulier au premier plan, mais l'œuvre de Nikos Kazantzakis était toujours présente à l'arrière-plan, surtout pour l'écriture du morceau intitulé "Friend There Is Trouble".

Pouvez-vous nous parler de l'enregistrement de l'album en compagnie des musiciens Sébastien Martel, Sarah Murcia, Fabrice Barré, Nicholas Thomas, Christophe Lavergne et Laure Brisa ?
Je suis très satisfait de cet enregistrement. L'ambiance était agréablement calme et nous avons travaillé les chansons avec méthode et facilité.




Vous évoluez en général dans un très bel univers folk blues jazz, mais il y a deux morceaux plus rock sur le disque (Body Of Proof et White Linen), qui sonnent un peu à la Velvet Underground et à la Lou Reed... Comment est-ce venu ? D'une envie de rendre vos concerts plus énergiques et accessibles aux fans de rock ?
Je ne suis pas sûr de trouver des influences du Velvet Underground dans Body of Proof et White Linen. Pour Body of Proof, j'entends l'innocence du rock'n'roll des années cinquante, une légèreté d'esprit, une voix détendue. White Linen est beaucoup plus grave. Il y a une tension sous-jacente dans la voix de celui qui décrit ses derniers vœux. Quand j'ai écrit cet album, je me suis attaché à respecter un style formel, ce qui m'a donné une méthode de travail rapide ne m'obligeant pas à me concentrer sur les détails musicaux. J'ai ainsi pu me focaliser sur le rythme et la cadence et j'accédais plus facilement à l'atmosphère qui me permettait d'écrire les paroles. Chaque jour apportait de nouveaux éléments et c'est ainsi que le besoin d'écrire Body of Proof et White Linen s'est fait ressentir.

Pouvez-vous évoquer votre reprise en français du titre de Dick Annegarn, Mireille ?
C'est Sarah Murcia qui m'a fait connaître "Mireille" quand nous étions en résidence. J'aime bien la progression des accords, les paroles et les sentiments qui se dégagent de la chanson.





Est-ce un long ou un court processus pour écrire un album ? est-ce facile ou difficile pour vous ?
A présent, je m'accorde une période de temps et je m'y tiens. Le processus peut être long ou court. Parfois facile, parfois impossible. Il est parfois nécessaire de recommencer à zéro une ou deux fois avant de m'approcher du résultat final.

Pourriez-vous écrire pour d'autres artistes ?
Ça m'est arrivé. C'est un défi gratifiant.

L'album a pu sortir grâce aux fonds réunis via le label participatif Microcultures, parlez-nous de cette expérience...
Microcultures est un bon label qui tourne rond. Nous avons bien travaillé ensemble. J'ai beaucoup aimé l'expérience participative, je remercie d'ailleurs tous les microcultivateurs.

Comment allez-vous vous produire sur scène. En solo ou avec un groupe ? Quelle formule préférez-vous ?
Mes concerts prennent tous des formes différentes en terme d'accompagnement. Je préfère le groupe au complet surtout pour les chansons de l'album The True Blue Skies, mais chaque formule apporte un son différent aux chansons, ce qui fait que je ne me lasse jamais du live.

Parlez-nous de votre release party à La Java, à Paris, qui était visiblement réussie...
C'était génial d'avoir le groupe au complet. C'était notre première réunion depuis l'enregistrement.





Avez-vous fait de belles rencontres artistiques sur la route ?
Tous les musiciens avec qui je travaille sont de belles rencontres !

Quels sont les endroits où vous préférez jouer ? Pays, villes, salles, festivals etc
En fait, j'aime jouer partout. Les changements de condition apportent un souffle de vie au répertoire.

Quel est le plus beau compliment que l'on vous ait fait ?
Lorsque PJ Harvey a repris mon titre The Rider.

Rêvez-vous de collaborer avec des musiciens ou producteurs, voire de faire des duos ? Si oui, lesquels ?
Je viens d'enregistrer un duo avec Nina Morato, produit par Christophe Van Huffel pour son album qui va bientôt sortir. Je suis très content du résultat. J'espère faire d'autres collaborations avec divers musiciens.

Parlez nous des artistes qui vous ont inspiré et donné envie de jouer de la musique à vos débuts...
Les artistes qui m'ont donné envie de faire de la musique étaient ceux qui m'entouraient dans ma jeunesse : ma famille, mes oncles et leurs amis qui venaient souvent jouer à la maison. C'est toute une richesse.

Pour finir, quel sont vos coups de cœur musicaux du moment ?
En ce moment, j'écoute et je joue du "Rembetiko".


Jim Yamouridis est actuellement en tournée, toutes les dates de concert sont listées ici






Liens : jimyamouridis.com, www.facebook.com/pages/Jim-Yamouridis, www.microcultures.fr...