Chronique de Concert
Erik Truffaz - Les Combis Bleues (Le Tour du Pays d'Aix)
Après les quelques mots de rigueur pour présenter le Festival à ceux qui ne le connaîtrait pas encore, les deux musiciens de Combis Bleues prennent place (ni en combis, ni en bleu d'ailleurs !!) pour assurer la première partie. Ils s'installent face à face, chacun devant son clavier, comme en miroir et nous offrent une musique qui semble plus électro que jazz, mais pas désagréable du tout. Le début semble même quasi expérimental, puis une douce mélodie s'installe. Le public se presse devant la scène dans une ambiance très cool.
Leurs attitudes sont marrantes, dans un jeux presque parallèle (mêmes mouvements de tête, coups d'oeil et sourires complices ...) Ces deux là se connaissent sur le bout des doigts, à n'en pas douter. Niveau son, cela peut faire penser à de la musique de film, avec beaucoup d'effets d'orgue. Un univers qui personnellement m'entraîne dans une BO à la Jacques Tati, mais en plus moderne. Tirant de plus en plus vers le jazz au fur et à mesure que l'on avance dans leur set, comme pour Les Mots D'enfants. Et il faut reconnaître que ce choix de disposition scénique rend vraiment le duo attractif et nous permet de lire sur leur visage un réel plaisir de jouer, qui est tout à fait communicatif.
Franck & Julien ("Puisqu'il faut présenter l'orchestre !!" comme le dit ce dernier) jouent beaucoup sur de petites mélodies à la Amélie Poulain, qui installent tout de suite un univers très personnel. C'est une musique qui laisse libre court à l'imagination, parfaite pour vous faire lâcher la bride et laisser place à la rêverie. Une sorte de dialogue musical, avec les deux claviers qui se répondent.
Pour Eclipse, on passe du piano à l'orgue, puis à la guitare ou à la basse, au gré des choix de sonorité du synthé. Tout est parfaitement synchro. Ils se suivent des yeux en permanence, ce qui me donne cette sensation de les voir installés dans une bulle. Par moment, la musique se fait un peu italienne, à la Nino Rota, comme pour Rosetta qui est, encore une fois, très porté sur l'orgue... On reste dans la musique de film avec ce parcours musical très ludique et empli d'images.
Pour terminer et avant de laisser la place à Erik Truffaz, nos deux musiciens nous en propose une petite dernière : rien de moins que J'irai Danser Sur Les Fils Electriques (je suis un peu dubitatives pour ce qui est des titres des morceaux, sachant que j'ai bien l'impression qu'ils nous baladent avec leurs faux airs de pince sans rire). Mais quoi qu'il en soit et quelque en soit son titre, cette musique nous embarque une dernière fois dans leur monde sonore d'un festif et d'une énergie vraiment vivifiants. Une fort bien belle première partie ma foi !!
Julien Tamisier - Piano & Piano Wurlitzer
Franck Lamiot - Orgue Hammond
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Après le petit moment de rotation nécessaire au changement de scène entre Les Combis Bleues et Erik Truffaz, le quatuor (dans sa formation habituelle) prend place. Erik est lumineux en chemise blanche et pantalon noir. Avec la disposition de salle offerte par le Jas'Rod, le public se retrouve tout proche de lui. Le son est juste parfait et dès le premier morceau, l'intensité est déjà palpable. Ses doigts, d'une incroyable agilité, parcourent avec fièvre sa trompette et les modulations du rythme permettent d'en savourer chaque note.
Selon les moments, la trompette de Truffaz sait se faire douce et planante ou bien tonitruante. Mais toujours soutenue par une batterie omniprésente et par l'orgue, qui envoie aussi ... Un feu d'artifice qui donne à ce jazz un son moderne et incomparable. Erik Truffaz sait transcender le jazz. Et cette attitude qu'il prend lorsqu'il écoute ses trois compagnons de jeux, cette façon qu'il a de laisser entrer la musique en lui lorsqu'il ne joue pas est juste fascinante. Ceci étant, il n'est pas le seul. Si on se laisse porter, nous sommes nous aussi traversés de par en par. Quand à Marcello, il est carrément faramineux à la basse. Certain morceaux en deviennent volcaniques. Et avec les jeux d'écho, on a même parfois l'impression que ce n'est même plus de la trompette que l'on entend.
Leur voyage fabuleux nous emmène faire un tour au Japon avec Fujin (évocation du dieu des vents). Un morceau très planant et propice à la rêverie. En fait, pour moi, c'est Truffaz qui incarne ce dieu du vent en personne. Ses notes tenues sont à la fois d'une puissance et d'une douceur incroyables. Puis c'est Marcello qui prend le relais avec l'orgue de Benoît et la douceur du début se charge en intensité. C'est une magnifique évocation du Pays du Soleil Levant, dont le point culminant est salué par des sifflets de plaisir de la part du public.
La chaleur monte dans tous les sens du terme. C'est un set très enlevé et mené plutôt tambour battant, avec un Marcello qui a le don de jouer de la basse comme on le ferait d'une contrebasse. C'est magnifique. Tous les musiciens sont véritablement à l'honneur (et vu leur talent respectif, ce serait un crime qu'il en soit autrement !) Le public, de son côté, ne peut retenir des cris d'enthousiasme face à ce déferlement de virtuosité. Et lorsqu'Erik reprend la main, le rythme devient complètement effréné. Ce morceau est juste fabuleux !!
On enchaîne ensuite avec la batterie de Marc Erbetta frappée comme un tambour, à même la peau. Chacune de ces subtilités apportent une couleur différente à chacun des morceaux, mais dans l'ensemble, c'est un set plutôt pêchu. Par moment, Benoît Corboz est tellement embarqué par la musique qu'il nous offre de petits moments de bravoure au clavier, ne tenant quasiment plus assis sur sa banquette (il se retrouve les fesses en l'air une mesure sur quatre !!). Puis le calme revient après la tempête. Une merveilleuse façon de souffler (sans jeux de mot) le chaud et le froid sur un public en totale osmose avec eux. Et il y a bien peu de tête qui parviennent à rester en place croyez moi. Certains morceaux semblant durer une éternité ... De plaisir (bien sûr !)
Avant de commencer In Between, Truffaz plaisante sur la salle qu'il trouve "Difficile à trouver, mais très sympathique ... Juste besoin d'un GPS !" Il y a une grande intensité et un peu plus de nostalgie dans ce morceau. Et je ne vous parle même pas de la beauté de l'image : trompette levée vers le ciel et les yeux clos. La musique paraît d'un autre monde. Son écho se démultiplie à l'infini dans une ambiance irréelle. C'est encore une fois l'assemblage de ces quatre musiciens qui amène puissance et énergie. C'est d'une richesse incroyable.
Pour le dernier morceau du set, Marc Erbetta prend le micro avec une voix robotisée (avec onomatopées et bruitages), plus un peu de basse. Une belle impro qui entraîne le public à frapper dans ses mains. Il se transforme en une sorte de Beat Box jazz à la Magma. Puis les autres vont eux aussi entrer dans le délire, pour finir en apothéose. Quelle fin de set !!
Après leur sortie, bizarrement, tout le monde ne reste pas pour le rappel (bien dommage quand même et peu coutumier ... L'heure du dodo sans doute !) Truffaz opère une sorte de remix du son de sa trompette. C'est très planant, comme au début de ce concert. Comme si la boucle était bouclée. Puis un dernier rappel très dansant fait se trémousser allègrement la salle. Le public crie, frappe, siffle ... On la savoure cette dernière et elle semble être capable de nous emmener jusqu'au bout de la nuit. Ces quatre musiciens sont juste monstrueux. Mais d'un geste de bras, Erik met fin à ce pur moment de bonheur. Il fallait bien que cela arrive !!
Ils nous quittent sur un salut final et quelques mots encore, pour que le plaisir nous accompagne jusqu'au bout. Ils saluent en se tenant tous les quatre par les épaules ... Simples et sincères, comme à leur habitude.
Erik Truffaz - Trompette
Marcello Giuliani - Basse
Benoît Corboz - Synthé & Piano
Marc Erbetta - Batterie
Critique écrite le 18 décembre 2011 par Ysabel
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