Accueil Chronique de concert 1ère partie de l'entretien avec Erik Truffaz Quartet
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1ère partie de l'entretien avec Erik Truffaz Quartet

1ère partie de l'entretien avec Erik Truffaz Quartet en concert

Paris au Centre Culturel Suisse 29 Octobre 2012

Interview réalisée le 28 octobre 2012 par Lebonair



Le jour où l'on m'a proposé d'interview Erik Truffaz, je n'ai pas hésité une seconde surtout quand on vous dit que cela se passerait avec Monsieur Truffaz et le quartet dans son ensemble. Cela ne se refuse tout simplement pas. Inutile de vous précisez que j'adore leur musique jazzy au parfum trip-hop car elle est riche et tellement lumineuse. Avec ce nouvel album "El Tiempo de la Revolucìon", l'occasion était donc vraiment trop belle pour moi. Nous voilà donc fin septembre 2012, un mois avant la sortie du disque, au centre culturel Suisse (www.ccsparis.com) dans le quartier du Marais à Paris (ils sont donc suisses) pour une belle session photo et un interview à rallonge et riche d'infos. Vous allez maintenant découvrir cet interview en 2 parties ainsi que les merveilleuses photos réalisées par Lika Banshoya (www.lika-banshoya.com) Ceci est la 1ère partie de l'entretien :





Lebonair: Bonjour Erik, Votre nouvel album "El Tiempo de la Revolucion" sort le 29 octobre prochain et deux années se sont écoulées entre celui-ci et le précèdent In Between sorti en 2010. En découvrant "El Tiempo de la Revolucion", j'ai eu le net sentiment que ce nouveau disque est le second volet à "In Between", sa continuité. Tu es d'accord Erik ?
Erik Truffaz: C'est totalement ça. On a eu deux ans de tournée. In Between, c'était l'arrivée de Benoît Corboz dans le groupe aux claviers. On a eu donc le temps d'évoluer et quand on est rentré en studio, on n'avait pas une idée précise de ce que l'on aller faire. On improvise toujours, histoire de voir ce qu'il en sort sur l'instant et on s'est aperçu que les compositions étaient dans la même veine et donc la suite à In Between.

Lebonair: Comment vous avez puisé votre inspiration cette fois-ci,
dans les voyages, les rencontres, l'état du monde, sa colère ?

Erik: Non, disons qu'il y a deux aspects. l'aspect musical, c'est que j'ai amené une ballade qui s'appelle Revolution of Time et Marcello le bassiste à eu l'idée de reprendre cette ballade avec un autre rythme
qui est devenu ce morceau-là. Après c'est aussi un album qu'on a fait pendant les révolutions arabes et puis, ce morceau c'est un petit clin d'oeil à Sergio Morricone. Cela nous situe un peu politiquement.

( Erik me quitte car c'est à son tour de se faire shooter par Lika et je reprends avec Marcello, Monsieur Groove comme j'aime l'appeler, un merveilleux bassiste et grand musicien. Nous ne sommes plus dans la cour extérieure mais à l'étage dans une loge du centre culturel Suisse. )

Lebonair: Marcello, je continue avec toi les échanges que j'ai eu avec Erik tout à l'heure, pourquoi ce titre "El Tiempo de la Revolucion" ?
Marcello: Quand on a fait ce morceau, cet arrangement, à la base, ce morceau-là, c'est le dernier titre du disque qui s'appelle Revolution Of Time. Et puis je crois que c'est moi, le grand malin qui ait dit oui mais bon des ballades, on en a déjà, des jolies, des sympas, ça s'est fait alors je me suis dis qu'on allait essayer d'en faire autre chose. J'ai eu l'idée de partir sur cette rythmique, de faire tourner le A et puis après le B qui tourna en majeur. Là on a fait ce thème de trompette avec ce petit côté Morricone, voilà d'une et de deux pourquoi "El Tiempo de la Revolution" parce qu'on vit une époque depuis 4/5 ans où cela pète de partout Madrid, en Grèce, au Portugal, dans le monde arabe. C'est normal, Je ne vois pas comment cela ne peut pas péter de partout. Perso, je suis féru de livres d'histoires et qu'on a des gens, de plus en plus, qui n'ont pas de boulot, plus d'argent, plus de quoi manger, qui ont peur, qui ne voient pas de futur, d'avenir, qui se sont battus pour avoir une retraite, quelque chose et à qui on dit non, vous aurez moins ou plus, c'est très angoissant. On ne sait plus qui est le coupable, on nous brouille mais au bout du compte, on sait tous qui sont les coupables. On les écoute, ceux ne sont pas les banques, les traders, c'est pas moi, c'est les autres mais à la fin des fins je pense jusque que c'est les politiques, c'est eux les responsables, qui ont fait passer des lois, qui ont laissé faire. Après un banquier, c'est un banquier, c'est normal qu'ils veulent gagner de l'argent. Je suis musicien je fais de la musique. Le banquier, il veut faire du pognon et puis l'homme, ce n'est pas un ordi, si tu y mets des malhonnêtes et bien voilà, après c'est parti.



Lebonair: Ce disque, c'est bien un peu l'état du monde actuel...
Marcello poursuit: c'est un peu de tout cela qui a influencé ce titre.
Ce n'est pas laissé un message car il n'y a pas de parole vraiment dans notre musique. On donne pas dans le message "Aux armes citoyens", c'est pas ça tu vois.

Lebonair: Mais vu l'état du monde et si je traduis le titre de l'album, c'est le temps de la révolution ?
Marcello: C'est vrai que les extrêmes montent en flèche , qu'importe les religions mais si tu veux , il y a une telle violence des gens d'argent, des gens du pouvoir, le pognon, il n'y a tellement plus de limite mais nous c'est plutôt comment on se sent dans ceux que l'on voit. Quand les gens parlent de notre musique, ils parlent plutôt d'images que de messages.

Lebonair: Marcello, j'ai déjà eu l'occasion de te voir sur scène, je pense au Café de la Danse il y a 2 ans le jour de la sortie de "In Between". J'avais dit de toi lors de la chronique de ce concert, que tu n'étais pas seulement un très grand bassiste mais surtout un grand musicien. Mes amis et moi-même avions été impressionné par ton jeu, ce groove car pour moi, tu es Monsieur groove. D'où vient ton jeu et quelles sont tes références ?
Marcello: C'est cool, ça fait plaisir d'entendre cela, merci !



Lebonair: Tout le monde a été séduit ce soir-là dans mon entourage et pas seulement les amateurs de Jazz, tu vois, les rockeurs aussi...
Marcello: Tout cela est un mélange, un mélange de travail, de technique, bosser l'instrument. Je ne réalise pas les lignes de basse les plus difficiles qui soient mais on se fout de la complication après c'est l'écoute, c'est ce que j'aime. J'aime la Motown, James Jamerson mélangé à Bernard Edwards de Chic. Tous ces bassistes qu'on a aimés, des grooveurs, des énormes grooveurs donc tout ceci mélangé à du blues, du vieux blues genre Fred McDowell, Son House mais je crois que mon préféré, c'est Fred McDowell. Tu vois quand je joue, je fais des riffs, je me compare pas mais je suis le Cliff Richard de la basse. Il y a des bassistes qui ont mille fois plus de technique mais en tout cas, avec ce groupe, avec Erik, ceux sont des riffs et j'essaie que cela dise quelque chose.



Lebonair: Jaco Pastorius, il t'as marqué ce type, le Jimi Hendrix de la basse, parle-moi de lui Marcello...
Marcello: Il a marqué tout le monde, tu sais c'est comme si tu disais à un moment est-ce que l'empire Romain à marquer la France, c'est simple s'il n'y avait pas eu l'empire Romain, il n'y aurait pas eu la France. La langue vient du latin, ceux sont des mélanges donc tu vois, il y a de grosses influences comme cela dans la vie, James Jamerson, comme Miles Davies, Pastorius évidemment que j'ai écouté Pastorius mais j'essaie de m'éloigner de son jeu, de faire le contraire de Pastorius. Lui fait wouiiiiiin, moi je fais POU. Les mecs comme Pastorius, ils n'ouvrent pas des portes, ils les ferment. C'es- à-dire que Pastorius, il arrive à la fin d'un cycle, il fait la synthèse d'une chose, c'est un génie, faut être un génie pour faire ce qu'il fait, il fait la synthèse et après Ban. Après forcément, c'est moins bien, ça casse les couilles, tout le monde s'embarque dans la brèche mais personne, personne n'a fait aussi bien. C'est comme cela. Certains vont jouer plus vite que lui, d'une manière plus compliquer mais Pasto, c'est une voix, c'était un punk surdoué donc voilà...



Lebonair: Comment qualifierais-tu votre musique, celle d'Erik Truffaz Quartet ?
Marcello: Pour nous c'est dur de se qualifier, on est passionnés, précis, on est des musiciens, on aime profondément la musique comme n'importe quelle personne mais en plus. C'est comme un mécano, on connait chaque boulon c'est-à-dire, je connais comment sonne une table de mixage, de A jusqu'a Z, c'est dur de répondre donc.
C'est un mélange de tout ce qu'on aime, c'est de la pop instrumentale avec un peu d'impro, c'est dur car on a le nez dedans.



La suite, dans la 2ème partie de l'interview où vous pourrez également découvrir une autre merveilleuse série de photos !



Remerciements : Marion Pacé et l'agence Ephelide, le Centre Culturel Suisse pour son accueil, ainsi qu'a tous les membres du groupes et tout particulièrement à Erik et Marcello...

Crédits photos : Lika Banshoya
'www.lika-banshoya.com)
Merci beaucoup pour ton travail, Lika !

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