Chronique de Concert
EZekiel + The Inspector Cluzo + Esclyn Syndo
Au moment où j'allais désespérer, stupéfaction, incrédulité, ébahissement, liesse : EZ3kiel le 24, la veille de mon départ ! Déjà vus à Istres et à Marseille dans deux configurations très différentes, c'est un des groupes pour lesquels je peux faire des kilomètres, et là, ce sont eux qui viennent à moi ! Ils se produisent au A38. Un bateau sur le Danube !
Lorsque le tram n°4 me laisse côté Buda, des queues interminables de (très) jeunes Hongrois ayant chacun une bouteille de bière ou de tokaï à la main m'étonnent quelque peu. EZ3kiel seraient-ils à ce point populaires chez les Magyars ? En fait, ils ne vont pas sur MON bateau, mais à un festival juste à côté.
Dans la salle, je rencontre deux autres Français. Le schéma est le même pour eux sauf qu'ils viennent pour la première partie et ne connaissent pas EZ3kiel. Pour moi, c'est l'inverse. La première partie, c'est The Inspector Cluzo, un duo de Mont-de-Marsan (Laurent/guitare et Mathieu/batterie) que je découvre ce soir.
Le titre de leur album et les inscriptions sur les T-shirts en vente annoncent la couleur : Fuck The Bass Player. Tout comme leur présentation introductive : "Our name is The Inspector Cluzo. We are French and we fuck you" (avec le geste qui va bien à l'appui).
Contraste entre leur apparence BCBG (costume, chemise blanche, cravate) et leur langage. Contraste également dans leur musique : du rock acédécien pour 80 % entrecoupé de mélopées (du gay rock comme aime à le nommer Laurent) que les Bee Gees ne renieraient pas. La voix de Laurent le permet : capable de monter très haut lors des performances "gay", et assénant une voix rauque heavy metalesque le reste du temps.
Ils ont une pêche incroyable et communicative, font du bruit comme cinq et débordent d'humour (à condition d'apprécier le second degré).
A la fin du set, Laurent me raconte que Mathieu et lui se connaissent depuis 18 ans, que le nom du groupe a été trouvé par le bassiste de Fishbone (un copain), que leur album est sorti au mois d'octobre et que depuis, ça marche du feu de Dieu pour eux : 120 concerts cette année à travers toute la planète ! Après Taïwan, l'Australie (ils rentrent à peine d'une tournée de 10 dates là-bas), le Japon cet été avec le plus gros festival de l'archipel, les Eurockéennes... Il dit modestement ne pas comprendre cet engouement soudain, l'attribuant à l'absence de concurrence dans leur créneau, en tout cas en France. Je lui fais concéder que le bouche à oreille doit jouer. Ils ont en effet un réel talent, une dérision hors du commun (Mathieu n'est pas le dernier à en rajouter une couche avec des transitions ponctuées chacune par au moins deux fuckin' et un asshole). Le summum est le morceau titre de leur album, Fuck The Bass Player où le bassiste fictif censé être tapi dans l'ombre essuie les pires injures du duo.
Heavy metal attitude lorsque Laurent démonte la batterie à coup de lattes sur le dernier morceau avant de faire valser le micro sur mes abdos. Même pas mal ! Pas rancunier, je leur attribue 4 étoiles (autant que celles de leur joli logo).
En deuxième partie, EZ3kiel va réaliser une prestation assez similaire à celle effectuée l'année dernière à l'Usine, malgré des contraintes apparemment restrictives (scène plus réduite, écran beaucoup plus petit). Mais les joyaux sont toujours là : The Wedding, Spit On The Ashes et surtout Break Or Die différent mais aussi fort que lors de leur performance istréenne.
A la basse, Yann Nguema à droite de la scène est le plus en vue : il vit intensément sa musique et lance les vidéos. Sa prestation sur un morceau où il violoncellise sa basse tout en douceur contraste avec le reste du set où il imprime un rythme d'enfer.
Matthieu Fays est le plus sobre mais certainement le plus exténué à la fin du set. Il lui faut suivre Yann pendant une heure et demie durant laquelle sa batterie n'a pas de répit. Stéphane Babiaud passe avec un égal bonheur de la batterie (cultissime final de Break Or Die) au vibraphone ou aux claviers. Joan Guillon semble de plus à plus à l'aise avec sa guitare et pianote aussi. A l'instar de Laurent, il adopte la destroy attitude pour le final, debout sur ses claviers qu'il tente de mettre en pièces détachées.
L'affluence s'est accrue depuis le début de la soirée. Peut-être des déçus du festival d'en face qui ont mis le nez au hublot et qui se sont donné le mot. Les habitués du lieu quant à eux devaient connaître Esclyn Syndo, le groupe qui clôture la soirée : dès qu'ils préparent leur set, l'assistance devient rapidement clairsemée.
Je comprends vite pourquoi : le guitariste a le charisme d'une loutre, la chanteuse ne sert à rien, tout repose sur la rythmique. Le son est saturé sans doute volontairement pour essayer de masquer la pauvreté instrumentale. Eux aussi se servent de l'écran mais ils pourraient s'en dispenser. Surtout en passant après les maîtres en la matière. La comparaison fait mal. Taïaut.
Pendant ce temps, les gens se pressent au stand EZ3kiel, pas forcément pour acheter mais pour constater que les productions du groupe (disques, T-shirts...) sont aussi esthétiques que leur prestation scénique.
Dans le bus de nuit du retour, on reconnaît les quelques privilégiés du A38 à leur affiche sous le bras (gracieusement offerte audit stand) noyés au milieu de la population avinée de retour du festival.
Setlist EZ3kiel : Adamantium / Via / Strange Day / The Volphony / ? / The Wedding (ballade) / Spit On The Ashes / Fire Damp / Break Or Die / Jah's Hardcore / Le Lac Des Signes / Sûrement / Rappel
Bonus video : Break Or Die
D'autres vidéos d'EZ3kiel ici et d'Inspector Cluzo là.
Critique écrite le 27 avril 2009 par Mcyavell
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