Chronique de Concert
Fauve ≠ + Arnaud Michniak
Les lumières s'éteignent et un petit mec tout seul entre en scène ... Je ne suis pas au top pour ce qui est de reconnaitre ou non les membres du collectif (surtout qu'ils refusent en général d'apparaître en photo, du moins pas distinctement), mais je dirais que ce ne sont pas eux ! La réponse est donc : Première partie.
J'ai toujours eu du mal à faire la distinction entre le Slam et le Rap, mais je dirais que ce qui commence est un peu un mélange des deux. Lui est tout simple, jeans et veste de sport, voix chaude et posée, qui glousse même de temps en temps, quand il nous lance de petites onomatopées.
Ce sont de drôles d'histoires qu'il nous déroule. Des histoires parfois sans queue ni tête. Des histoires de petites riens. Avec une voix un peu à la Philippe Katerine. C'est pas désagréable du tout. Il chante, ou déclame (selon), les mains dans le dos. Ça pourrait sûrement être très prenant, mais pas ainsi, tout seul avec son micro, et surtout dans un si grand espace. Il faut sans doute un écrin beaucoup plus intime à un artiste comme lui.
Après, aussi, pas évident de faire la différence entre les morceaux, les bandes sons étant assez similaires et la voix jouant beaucoup sur le monocorde. Ou bien alors cela est fait exprès, comme un truc continu. Mais comme il ne communique pas plus que ça avec le public (je ne saurai d'ailleurs son nom que parce qu'il va être cité par le chanteur de Fauve ≠ pendant leur set, comme étant la première partie), pas vraiment de certitude donc sur la nature de cette prestation.
Les textes tournent franchement au sombre avec Sans Notice. Toujours très conceptuel comme concert. Puis il passe à la guitare. La boucle de sa voix se répète et se mêle à d'autres sons, mais ce n'est toujours pas bien gaie. En tous cas, lui est à fond, complètement immergé dans son monde et ayant un peu de mal à capter totalement un public assez bavard. Il s'éponge le front et fonctionne à la bière. Entame ensuite le dernier morceau, plus Rap et surtout plus haché, avec une musique qui n'en est pas. Plus une succession de sons. Avec aussi des jeux de langage un peu à la MC Solaar. J'espère alors encore tout de même finir par connaitre son nom, parce que même si je suis un peu déboussolée, cela ne me déplait vraiment pas ... Mais non. Rien d'autre qu'un " Merci. Bonsoir " !
Arnaud Michniak : Machines & Chant
Setlist
1 - Du Rap
2 - Le Jackpot
3 - Toi Et Moi
4 - Sans Notice
5 - La Lune
6 - Pour Qui
7 - Des Lumières
8 - La Ballade Nouvelle
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La salle est plus que bouillante. Le son d'une sorte de sirène monte et l'un des panneaux de fond de scène s'ouvre pour leur laisser le passage. Puis il se referme. Signe ≠ de Fauve, rouge sur fond rouge. Et c'est déjà un chanteur monté sur ressort, boxant dans le vide, qui se positionne devant nous. Enfin non, sur la gauche. Ah non, sur la droite ... Bref : Partout !! (Si ça, ce n'est pas de l'occupation de l'espace, je n'y connais rien !)
La première chose qui saute aux oreilles, c'est bien sûr le timbre inimitable de la voix du " Narrateur ".
Machines et batterie mises à part, c'est un véritable bal de va et viens, mais avec au centre toujours cet incroyable extraterrestre qui semble être à 200km/h. Vraiment comme possédé sur ce redoutable premier morceau ... Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est déjà littéralement prenant (Je m'en doutais, je l'espérait même et je ne suis vraiment pas déçue !!).
A chaque phrase choc, on a un public qui répond d'un seul cri. Des images aux couleurs légèrement passées se mêlent à leurs noms. Tout se joue dans la pénombre. Un monde parallèle, étrange et interlope. Des textes toujours débités avec les tripes. Et je ne sais pas à quoi ils marchent ... Mais j'en veux ;) !! Tout est physique : La musique, les paroles, eux ... Comme s'il fallait se dépêcher, rattraper la vie pour ne pas oublier de la bouffer.
Lui bondit sur les caisses derrière les crash barrières. C'est assez ahurissant comme truc. Je m'attendais à quelque chose de fort, mais là, c'est vraiment la grosse claque. Un véritable remède contre la mort et l'ennuie.
" Contents de quitter la putain de grisaille parisienne qui nous fait chier... " Excuses pour les quelques petits couacs qui pourraient arriver et qui sont l'apanage des débuts de tournée. Très touchante et toute en simplicité que cette introduction. Et, à peine le sourire rangé, ils repartent dans leur monde. C'est faramineux d'avoir un débit pareil et surtout que l'on comprenne le moindre mot du chanteur. On se retrouve accroché à ses lèvres, à leurs mots.
Guitariste et bassiste sont dans le même mouvement.
La dominante rouge des images donne encore plus de poignant à l'ensemble. On peur lire toutes paroles sur les lèvres du guitariste. Les textes parlent d'amour, sans désespoir, mais avec une intensité violente et saisissante. Et je peux vous assurer que sur scène, c'est du sport. Même du sport de haut niveau. A mon avis, ils doivent au moins perdre 2kg par soir !
Les panneaux jouent avec les lumières et découpent les images. Les strombis décomposent leurs mouvements, pour donner à leur formation un côté encore plus irréel. Il ne nous reste plus qu'à nous laisser embarquer et à nous retrouver en apesanteur dans leur univers parallèle.
Du nouvel album, mais aussi du plus ancien. Avec besoin de notre aide si on est chaud. Alors division de la salle en trois, pour faire un canon. Mise en place un peu compliquée pour un 4000 Iles en churs. Mais tout va bien, puisqu'on est meilleurs qu'à Toulouse (et oui, c'est comme ça à Istres ;) !!) De plus, on ne se contente pas de ne chanter que le " emmène-moi " demandé, non ... Nous on fait toutes la chanson. Et ce, pour leur plus grand plaisir, qui se lit carrément sur leur visage.
En fait, je me rends vite compte que toutes ces paroles, ce flot de mots est, lui aussi, une musique. Un instrument qui se fond avec les autres. Et nous en face, en guise de punching ball ... Pourtant : Dieu que c'est bon (Ok, je dois devenir maso :P )
Notre Monsieur 100.000 volts arpente la scène comme un animal en cage. Des bandes de toile descendent des cintres, au milieu d'eux. Des cris accueillent les premières mesures de Rub A Dub et, en cette veille de St Valentin, je pense que les 3/4 des filles de la salle voudraient entendre ça tous les jours. C'est cash. Une sorte de poésie moderne et prenante, qui balaye d'un revers de la main toutes les conventions du genre.
Le Set avance et leur énergie est toujours la même. Ils ont la même hargne. Le même cur. La même intégrité, sans concession. La même entièreté. Les guitares vibrent à l'unisson et notre chanteur bondit dans les crashs, après s'être déchaîné sur sa machine. Dans leur bulle, l'homme à la vidéo et batteur restent toujours aussi stoïques. Ils prennent la parole à tour de rôle et c'est à présent la bassiste qui lance la dernière : Jeunesse Talking Blues. Machines, plus batterie électronique ... Une musique sourde et pénétrante. Vibrante même.
Pour les rappels, Blizzard est réclamé à corps et à cris. Les bandes semi transparentes descendent à nouveau au dessus de leur têtes. Le chanteur revient une clope à la main. Le bassiste, arrive à la bourre ;) On est dans une forêt étrange cette fois. Dans la douceur. Portés par la musique et la voix, juste avant que cela n'explose. Et quand ça arrive, on passe de la nature calme à un océan tumultueux. Leurs silhouettes se découpant en ombres chinoises, se dessinant sur les images des panneaux. C'est superbe, esthétiquement parlant. Lui semble au bord de tomber et puis, l'instant d'après, il repart de plus belle. Ça hurle carrément dans la salle. Blizzard est demandé à nouveau mais, après 2XGM et Vieux Frères, ce sera Kané, tout autant plébiscité. Et moi, c'est sans doute celle-là qui m'a conduite vers eux, en m'interpellant un jour. Alors je profite ...
Il descend encore une fois frapper quelques-uns des poings tendus vers lui, en lançant des " Merci ! " Un peu lumière sur le public. " Il nous reste deux titres à jouer et après, on va aller boire des bières ". Et de nous faire partager ce plaisir d'être dans le Sud, " Marseille avec le Festival Marsatac ", parce que à Paris, " ils sont gentils, mais quand même un peu coincés du cul ! " Ici, pas ce genre de problème !
Encore un titre, et puis le voilà enfin le Blizzard tant attendu. Dernier bain de foule dans un public hystérique, bras levés et hurlants " Va te faire enculer !! " avec eux. La basse en profite pour faire sa ch'tite photo. Derniers moments, très forts en intensité et derniers " Merci ".
Des mecs pas beaux gosses, pas tatoués, en jeans et en tee-shirts. Bruts, simples et touchants. Alors, n'en déplaisent à certains : Mode ou pas, Parisianisme ou non ... Moi, j'adore !
Collectif Fauve : Chant, Guitare, Basse, Batterie, Machines & Vidéo.
Setlist
1 - De Ceux
2 - Haut Les Curs / Rag #2
3 - Cock Music Smart Music / Rag #1
4 - Sainte Anne
5 - Lettre A Zoé
6 - Voyous
7 - 4000 Iles
8 - Infirmière
9 - Requin-Tigre
10 - Rub A Dub
11 - Nuits Fauves
12 - Jeunesse Talking Blues
13 - 2XGM
14 - Vieux Frères
15 - Kané
16 - Loterie
17 - Blizzard
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 25 février 2014 par Ysabel
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> Réponse le 27 janvier 2015, par axel
[Usine - Istres - 13 Février 2014] Mignon de faire de l'édito, mais, le minimum pour être crédible serait de se renseigner sur les artistes à un moment ! (avant ? après ? ça se discute... mais avant d'écrire !). Ne pas connaitre Michniak ça fait un peu mal au cul ! pour moi Fauve, que j'apprécie, n'est qu'un des produits dérivés de Diabologum, Programme, Experience, Michniak, Cloup ! arrivés trop tôt (plus de 20 ans qu'ils créent la base !) pour connaitre les "joies" du Buzz pro, via internet, et l'occupation du terrain en mode internet 2.0. Artistes, créateurs ou communicants permanents, ils ont fait des choix, mais sont toujours là, avec plus qu'un facebook et plein d'"amis". Axel Réagir
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