Chronique de Concert
Festival Gare Aux Oreilles Pierre Coiffard + Pascal Comelade + Dodocafonico
Pour ma part, j'ai aussi le temps d'aller voir de jour la Siesta Dodocafonico, des deux compères Vincent et Olivier, qui m'avait bien enthousiasmé la veille. De jour, on voit les " trucs" de cette sieste d'avant-garde : tuyaux et système de trompes qui propagent le son. Je comprends mieux l'impression qu'on peut avoir dans le noir et les yeux fermés qu'ils sont plus de deux à réaliser ça. Pour conserver toute la magie de cette sieste, je conseille les futurs heureux siestards de participer plutôt à une sieste nocturne.
Ensuite, nous nous rendons par un escalier en colimaçon à l'installation de Pierre Coiffard. Comme le disait le programme, c'est l'instant de poésie du festival.
En effet, Pierre Coiffard a mis en place un dispositif de réactions en chaînes.
Comme souvent dans la vie, au départ rien ne bouge, puis une boîte de conserve ou une balle, je ne sais plus, se met en mouvement et touche un autre objet qui se met à son tour en mouvement et ainsi de suite. Tous les objets provoquent des sons, comme le ventilateur qui caresse la stratocaster. Si bien qu'au final presque tous les objets sont en mouvement et les sons viennent de tous les coins. Pas mal de gens rient (surtout les femmes et les enfants...). Un voyage d'un quart d'heure surprenant et ludique.
Je ne sais pas si c'est l'installation de Pierre Coiffard qui a réveillé l'enfant qui sommeille en moi, mais en tout cas ensuite j'ai succombé à l'envie de participer à l'atelier collage. Je n'exposerai pas ici l'uvre qui en est née, mais en tout cas tel un grand enfant j'en oublie d'aller manger et "pire" je fais l'impasse sur les premiers artistes de la soirée : les Hauts de Plafond. Il faut dire que le son que j'entends venir de la salle (ils jouent à l'intérieur) me fait penser à de la musique d'ascenseur.
Enfin, il paraît que c'était voulu...en tout cas leur décor était attrayant lui. Malgré tout, je ne regrette pas mes doigts collés.
En bon garnement que je suis redevenu, je vais donc manger tardivement et je rate les deux premiers titres du catalan Pascal Comelade. Je reconnais d'ailleurs de loin un de mes titres favoris...
Quand j'arrive, je constate que le public est beaucoup plus nombreux que la veille (300 personnes ?)
En 1998, la collaboration de Pascal Comelade avec Pj Harvey sur son album "l'argot du bruit" avait mis un sérieux coup de projecteur sur son travail, et c'est à cette occasion que je l'avais aussi découvert. Par la suite j'avais aussi beaucoup aimé son album "Psycotic music" et surtout je garde en mémoire un concert magnifique dans une fête de quartier à Barcelone en 2004.
La musique de Comelade est une sorte de collision entre la musique populaire des bals d'autrefois (rumbas, tangos,...) et des ambiances très avant garde dues essentiellement à l'utilisation d'instruments jouets, et même d'un lapin en peluche qui tambourine (comme celui des pubs Durac...). Ce sacré lapin avait même eu son heure de gloire en étant exposé avec les pianos jouets du Comelade au CCCB (musée d'art contemporain de Barcelone)...
Ce soir, un des deux multi instrumentistes (le plus communiquant du groupe selon moi) nous a même régalé d'un superbe solo de cafetière. Le problème de ce concert c'est la quasi absence de communication des musiciens.
Pascal Comelade, en bon anti-star system est caché derrière ses pianos dans un coin de la scène. Il laisse ses musiciens dans la lumière. Mais comme ceux-ci ne sont pas très expressifs, à part le joueur de cafetière, le concert n'atteint pas le niveau d'émotions qu'il aurait pu atteindre dans d'autres conditions.
Bon, je viens de lire une interview de Comelade qui explique ce comportement.
En effet, visiblement jouer en public c'est vraiment pas son truc, ça le stresse au plus haut point, et il dit que parler au public lui fait perdre toute sa concentration. Il privilégie la musique et exclut toute forme de mise en représentation...Dommage, car selon moi dans un concert la communication (au moins corporelle : regards, sourires, larmes,...) a autant d'importance que la musique elle-même...On lui demande pas non plus de faire un show à l'américaine avec paillettes et filles aux seins nus...
Finalement, Comelade a finit par s'adresser à quelqu'un du public...En effet, un spectateur réclamait depuis un certain temps "le piano à queue, le piano à queue".
Comelade s'avance sur le devant de la scène et tel un JP Baccri de la musique, il demande, visiblement excédé "Quoi, quoi, ???...j'entends pas là"...puis retourne s'asseoir derrière ses pianos dans un "ah, fait chier...". Bon, pas sur que le reste du public ait entendu, car moi j'étais au pied de la scène.
Enfin, si je conte cette anecdote, ce n'est pas pour me moquer mais pour situer le personnage, qui est finalement touchant dans sa timidité, et son obsession de ne pas se mettre en avant et de ne faire que de la musique, pas du spectacle.
Suite à cet "incident" Comelade me donne l'impression d'en avoir marre (impression confirmée par ce qu'il dit à ce sujet dans l'interview...). Malgré tout, ils vont répondrent aux deux rappels auxquels ils ont eu droit.
Enfin, ceux qui n'étaient pas satisfaits du "show" pouvaient toujours contempler les magnifiques vidéos projetées sur la façade de la gare. Moi, j'ai malgré tout beaucoup aimé ce concert et n'ai pas reconnus beaucoup de titres (sûrement beaucoup de titres issus du dernier album "Méthode de rocanrol"). J'aurai aussi bien aimé entendre un titre chanté (par exemple la rock bruitiste "the sad skinhead") mais l'intégral du set est instrumental et il n'y a pas eu aussi beaucoup de place au côté parfois hispanisant de sa musique.
Ensuite je suis parti faire un tour dans le camping-car qui proposait des ballades vidéos sous la forme de menu, avec les deux mères de famille et leurs enfants qui m'ont accompagné, nous avons choisi le menu qui comprenait une "quiche d'artiste". Bref, encore une expérience inattendue pour un festival de musique.
C'est aussi ça "Gare aux oreilles".
Finalement, alors qu'une majorité du public est partie, nous avons eu droit à un petit concert/buf en petit comité à l'intérieur de la gare. En effet, Olivier et Vincent, les deux lascars de Dodocafonico ont ramené leur batterie et leur tuba. Ils sont partis dans des rythmes très expérimentaux pour une fanfare, et pour moi ça a été, malgré la fatigue, le meilleur moment de ce festival : convivialité, bonne humeur, impros (freestyle devrai-je dire), ...Quand est-ce qu'on remet ça les gars ?
Photos RooHa Kim pour Liveinmarseille.com
Critique écrite le 03 juillet 2008 par roohakim
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> Réponse le 03 juillet 2008, par Isabelle
Je l'ai découvert à Coustellet .... je guette le prochain concert près de chez moi !!! Un vrai beau moment ! Réagir
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