Chronique de Concert
Festival de Neoules : Gouloumas'k + Hubert-Félix Thiéfaine + Café Bertrand + Ernest + ...
Lorsque l'on arrive au sein du "campement" et que l'on découvre à quel point cela fourmille en tous sens, sans que jamais personne ne se montre "stressé", "désagréable", "formel", "obtus" ou "agressif", de quelque façon que ce soit (sécurité, compris) l'on ne peut que se sentir rasséréné et à l'aise, débordant d'envie et d'attentes vis à vis de la soirée qui se profile, et ce, en dépit d'une canicule omniprésente, vu que le thermomètre de notre véhicule aura culminé à 37° centigrades et qu'il n'était jamais que midi et des broutilles de secondes, à cet instant très précis...
Aujourd'hui, le festival, qui vient par ailleurs de fêter sa vingt-cinquième édition (même si ses débuts plus "traditionnels" étaient bien loin de correspondre à l'actuelle formule) accueille de nouveau une tripotée de groupes en devenir (Ernest), à découvrir (Wanton Bishops), détonants (Goulamas'K), "solides" (Café Bertrand) ou quasi légendaires (Hubert Félix Thiéfaine) à la suite d'une enflammée et "usante", niveau énergie, soirée dédiée en partie aux "locaux d'à côté" du Massilia Sound System et aux toujours déchaînés et proches de leur public Ramoneurs de Menhirs (ex-Bérus, pour celles et ceux qui l'ignoreraient encore). Une veille au soir (enfin, une partie de nuit) qui aura laissé des traces visibles au sein d'un bataillon sans cesse grossissant de BÉNÉVOLES sans qui ce festival (ni aucun des autres, de tous les autres, d'ailleurs) aurait cessé d'exister depuis longtemps. Des passionnés, qui, ici, se montrent aux "petits soins", disponibles et accueillants, souriants et dispo, prêts à en découdre et résolus à ce que tout "roule" au mieux concernant l'"avant" et l'"après"... midi, qui se profile.
Sous les toiles de la "bâche repas", tous et toutes se mêlent et échangent sans retenue : musiciens et anonymes (Alice Botté/guitariste en maître, en grande conversation d'avec l'équipe technique, dès 13h), équipe dirigeante (Christophe & James qui s'agitent en tous sens afin que tout soit "au poil"), la ruche des bénévoles qui remplissent les assiettes, apportent ce qui manque où cela manque (sur site) et se préparent en vue d'être au "top" au moment de l'attendue ouverture des portes. Le monde traditionnel, face pas caméra, des rendez-vous musicaux estivaux, en somme. De quoi permettre par la suite aux artistes de s'exprimer au mieux, sans retenue et dans d'excellentes conditions, afin de pouvoir, s'ils le souhaitent ou sont physiquement prêts "à", tout donner sur scène au moment opportun (la fin d'après-midi/soirée/nuit, fût, par ailleurs, tout à fait au niveau de l'exigence portée initialement à l'ensemble de la chaine menant jusqu'aux moments Live).
Tandis que les premières notes aguichantes d'une power pop bien ficelée, résonnent, portée à nos pavillons par des costumes très "80's" et des membres décidés qui sautent, plient, cognent ou cisaillent, je prends le temps de jeter un il au cadre, à cet espace occupé par deux scènes montées en quasi miroir permettant aux groupes d'enchaîner sans temps mort, sans pour autant que cela tombe dans la cacophonie de ceux (nombre d'autres festivals) qui ont aujourd'hui délibérément choisi de faire coexister les groupes du jour ou soir sur des espaces différents au même moment : d'où un sentiment parfois exacerbé et insupportable de "duel sonique mené au détriment des esgourdes du spectateur qui n'en peut mais". Rien de cela ici, fort heureusement. Tandis que l'on s'affaire d'un côté, sur scène en cours d'installation de matos, de l'autre, on JOUE, point !
Après une interview menée en Algéco sous fusion avec la tête d'affiche du soir Hubert Félix Thiéfaine (report intégral à lire sur ce même site, tout bientôt) retour en l'espace concert.
Outre le fait que le festival accueille nombre de petites échoppes en lien avec la musique (disques, t-shirts, médiators originaux et "profilés"), la culture altermondialiste (stands d'information sur l'état délabré de notre petite planète plus très bleue...), des artistes originaux (peintures et autres structures), un clown débonnaire qui déambule et aborde (sans agresser, c'est toujours à noter), et un coin camping à l'intérieur même du lieu (plus besoin de se poser la question du "retour" ou de l'"état" dans lequel l'on l'effectue), on peut s'y balader à l'aise sans pour autant perdre une miette "auditive" de ce qui se joue sur scène au même moment grâce au côté "humain" de l'entreprise...
En termes de réaction "humaine", une belle partie du public aura réservé un vibrant accueil à la belle prestation offerte par le quintet d'Ernest, enraciné dans la grande tradition de la chanson Hexagonale, encostumé de passé, mais bien décidé à s'inscrire dans le présent ou à défaut, le futur proche... dans la foulée de leur dernier en date Les Contes Défaits.
Proches d'un passé lointain hanté des ombres menaçantes du célébrissime Crossroads - du delta du Mississipi et de son Blues séminal, en gros - les Wanton Bishops se montrent amplement au niveau de leur premier opus sorti récemment et nommé Sleep With The Lights On ; ils enchaînent d'ailleurs les festivals (souvent prestigieux) cet été et se montrent à chaque fois au niveau attendu, même s'ils ne sont pas là pour révolutionner le genre ou l'amener une case plus loin, Slide et harmonica en pognes et bouche.
Au fur et à mesure que la journée avance (enfin, que la nuit s'avance) les langues se délient à chaque bière un peu plus et les réactions se font "sonores", toujours enthousiastes, mais plus "présentes", d'autant qu'il nous semble presque que la température ambiante s'est enfin décidée à repasser sous le seuil inquiétant des 30° et plus... enfin !
Durant le passage de Café Bertrand... Cantat ? (un habitué des premières parties de renom - John Fogerty, Deep Purple, entre autres pointures - et performances "pleines") je me surprends à penser aux fantômes du défunt groupe Bordelais ; sans pour autant aller jusqu'à parler de "plagiat" en aucune façon, non, juste parce que, ben, depuis l'avènement de Noir Désir, nous y pensons toutes et tous forcément ; a fortiori à l'écoute de ce Les Frères Misère (Les Airs Empruntés) revenant sur le côté "visible", éloigné et néanmoins "proche", des laissés pour compte du système (toxicos, exclus ou SDF) je comprends un peu mieux pourquoi j'y pense, tant la façon de chanter de Walter Gallay peut s'apparenter à celle du Bertrand d'origine (in)contrôlée.
Même s'il s'avère désormais nécessaire de pouvoir disposer d'au moins deux scènes (raisons exposées en amont de cet article) le fait que les deux coexistent au sein d'un même espace provoque un sentiment un brin étrange ; celui d'une partie du public bougeant et chantant, massée devant la scène "2" - sur laquelle se produisent les susnommés "Bertrand" - tandis qu'à quelques hectomètres de là, une autre frange de celui-ci tente de quérir les meilleures places aux abords de la "1" avant le show de Hubert-Félix ; tout en réagissant parfois de façon ostensible à la musique Live qui crie et taille sa La Route ou en y tournant carrément le dos parce que déjà projetés sur l'"après"... se fendant même de quelques applaudissements spontanés, à l'occasion.
À la suite du très beau show donné par Hubert-Félix et son groupe (compte-rendu à découvrir ici : https://www.concertandco.com/critique/concert-hubert-felix-thiefaine//50433.htm) et histoire de bien prouver que le "bon enfant" règne encore céans, un "super groupe" formé en partie de Café Bertrand, augmenté d'autres musiciens ayant "habillé" ce beau début de festival, se fendra d'une surprenante belle reprise du classique It's All Over Baby Now (Womack & Womack), suivi d'une reprise plus "balisée" du classique Le Vent Nous Portera, de... "qui" vous savez ! Épique et rafraîchissant à la fois.
Afin de porter l'estocade, de finir au taquet, le quintet Sudiste des Goulomas'K investi la grande scène désormais en "place", façon Gengis Khan sur feu les steppes d'autrefois, les puissantes forces armées US de W. Bush Junior Georges sur l'Irak ou les paras de Giscard D'Estaing sur Kolwezy en leur temps. Une armada bigarrée et survoltée qui passe sans ciller d'un Ska rapide et sautillant au Punk le plus violent, d'une Gigue rétro à un Dub senti, d'un trombone à une clarinette, d'une cornemuse à une... résistance de plus, d'une affirmation lourde de sens ("Même si L'Homme tombe, l'Olivier résistera !") à une déclaration d'allégeance (Skatalunya), sans jamais faiblir, poser ou reculer d'aucune façon, sous les mouvements frénétiques d'une foule conquise qui en redemande et les pousse sans cesse à accélérer et en "remettre" (ce à quoi ils accèdent sans moufter ni regimber) ; de quoi boucler en beauté cette seconde très belle soirée d'un festival de haute tenue à visiter d'urgence, si possibilité vous en est donnée, dans une petite année...
Site Officiel :
https://festival-de-neoules.fr/
Critique écrite le 23 juillet 2015 par Jacques 2 Chabannes
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