Chronique de Concert
Fills Monkey
Mercredi, c'est le jour des enfants. Et je l'ai vécu de plein fouet lors du concert-spectacle des Fills Monkey.
Ce duo de batteurs a mis en scène tout un show visuel et humoristique autour de la batterie et des percussions en général.
Juste avant que le set débute, on devine déjà deux batteries sous un grand voile baigné de lumière rouge. Deux silhouettes se glissent sans bruit derrière le drap, et tout doucement le paquet surprise se dévoile : deux batteries collées et montées en symétrie, sauf pour les charlestons qui sont toutes deux du côté gauche des instruments, en position droitiers.
Des cymbales china à la verticale en fond, plus quelques petites sur le côté, mais les ajouts ne vont pas bien plus loin. Le spectacle est ailleurs.
Les zicos de service, Yann Costes, batteur du groupe No One Is Innocent, et Sébastien Rambaud, de JMPZ, sont donc tous les deux issus d'un milieu très rock, mixé avec diverses influences électro, métal, et j'en passe. On s'attend donc à ce que ça déménage, non?.... Eh ben on va pas être déçus!
On commence à 18h et le show ne va durer que 1h15, mais ça va sauter et frapper dans tous les sens. Au début, formation classique, assis gentiment sur des tabourets, baguettes aux mains, enchaînant tout de même des phrasés de malades, juste pour nous mettre dans l'ambiance. Mais très très vite, des accessoires divers et complètement barrés vont faire leur apparition.
Les baguettes deviennent géantes, se transforment en tubes fluorescents, en raquettes de tennis, en balles de tennis même! Les tabourets sont relégués en piédestaux pour prendre de la hauteur et mieux balancer les substituts. Le but est surtout de nous faire profiter pleinement du son rond de chaque vibration de peau.
Habillés de culottes courtes d'écoliers des années 50, version Angus Young d'AC/DC, on comprend que les jeux des batteurs risquent de prendre une tournure de petits voyous. Et quand ce sont deux toms aigus qui servent de raquettes pour renvoyer les balles, c'est un échange de tarés qui s'engage sur toute la surface de la scène, au milieu des cymbales et des grosses caisses!
Les deux fous furieux jouent désormais avec des tubes fluos à-même le sol, et vont jusqu'à essayer de trouver de nouvelles percussions en descendant dans le public. La petite salle de la Paloma de Nîmes affiche d'ailleurs complet (comme toutes les autres dates prévues jusqu'en fin d'année!), et si les gamins sont plutôt en surnombre, c'est, parait-il, qu'il y a eu une master class dans l'après-midi.
Revenus sur scène, ils se lancent dans de la beatbox (combinaisons de rythmes bruités à la bouche), puis les frappent pour de vrai sur les fûts. Ils accélèrent la cadence : s'échangent les places devant les batteries (mais pas trop longtemps non plus, chacun des batteurs étant endorsé par une marque différente), l'un commence un phrasé, l'autre le fini, ils se répondent, jouent sur les toms du voisin, jouent sur les baguettes du voisin, jouent tous les deux sur la même batterie!
Dans le flux des rythmes indéfinis, on reconnait facilement des cartons internationaux tels Another One Bites The Dust de Queen, No Limit de 2 Unlimited, ou encore la BO de Grease.
Mais plus que des batteurs fous désarticulés, ils savent aussi se faire poétiques. Quand la scène s'éteint, c'est pour nous plonger au fin fond de la jungle, dans une ambiance arabico-cino-indienne. Un chimes, un hang, et deux lampes frontales. C'est reposant et magique.
Mais, parce qu'il faut pas pousser non plus, le naturel revient au galop, et, sans jamais rallumer, les deux compères nous emportent dans des morceaux survoltés aux couleurs électriques, et le monde passe en fluo : baguettes, grosse caisse, lunettes et même l'intérieur de leur bouche, comme pourrait le faire le chanteur de Rammstein dans un autre spectacle son et lumière...
D'un faux arrêt cardiaque à la grosse caisse, à du simili rap sur les timbres d'une caisse claire retournée, tout est chorégraphié, dansé, mais le rythme n'est jamais interrompu.
Lors d'un duo pour caisse claire et cazou, Sébastien Rambaud sort la boîte à outils et scie les baguettes de Yann Costes, lui refilant des balais par la suite, pour faire moins de bruit. La frappe métal se transforme sans transition en soupe jazzy. La chute du "sketch" sera que Sébastien lui demande de passer un coup sur son tom... un coup de balais, bien sûr.
Et puisqu'ils sont là, sur le tout devant de la scène, face à nous, ils se disent que finir par de l'air drum, ça serait pas une mauvaise idée. Tout y passe : AC/DC, Metallica, White Stripes, Nirvana, Michael Jackson, LMFAO, et quelques dizaines d'autres standards de tous les genres possibles.
Et là, grosse éclate! Nous autres, amoureux de l'instrument, on se reconnait grave dans ces mimiques. On se revoit, devant notre ordi, gesticulant bras et jambes dans le vide. Et pour les plus fortiches d'entre nous, on ose même des headbangs bien placés!
C'est déjà la fin, et même si le public scande "Une autre!", tout ce que nous aurons, ce sont de chauds remerciements avec doublage beatbox en simultanée, et une base line timide : "N'oubliez jamais que le rythme le plus puissant, c'est celui du coeur"..... un peu trop gnan-gnan pour un final, à mon goût.
Pas grave, tout le reste était juste énorme, et j'attends de voir ce que deviendra ce duo.
Alors, si gamine j'ai pu être fascinée par Animal, le batteur fou du Muppet Show, il faut dire que ce soir-là je me sentais comme à la maison.
Je vous l'avais dit, c'était un mercredi...
Critique écrite le 16 décembre 2012 par Tiziana Annesi
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