Chronique de Concert
Filthy Charity+La Cumbiamba Parrandera
devraient ressembler à la fin du Monde, toutes les soirées de
concert devraient être une Apocalypse, une abolition.
Dans la rame de tramway qui m'entraîne vers de nouvelles aventures, des groupes de Djeunz écoutent très fort - ils sont généreux, on en profite, comme ça, de leur révolte à 2 francs de révoltés de la Wii- de la pauvre musique misérabliliste, qui tâche la cervelle, bruit syncopé en plastoc qui ne doit avoir d'utilité que de faire oublier l'abrutissement d'être un mouton siglé Nique ou Elaisse.
Peu après, dans la salle, sombre, aux murs richement décorés se devinent les silhouettes des participants au culte rendu ce soir. Un soir ou se mêleront quelque chose qui participe des anciens bals de nos ancêtres, dans les villages et lors des fêtes foraines, et le pire des plus hargneux Métal Core : du Grind Crust et de la Cumbia, genre style de la salsa, mais sans cuivres et avec accordéon et qui
nous vient de Colombie.
Qui donne enfin le signal du début des hostilités (des festivités)?
Dès les premières mesures, la petite bande, là, sur scène se
transforme soudainement en furies de l'enfer et le tonnerre et la
foudre remplissent la salle. Filthy Charity est en scène et va y rester, le temps d'un set éclair. Une dizaine de titres balancés
comme des jets de vitriol à la face de la société putréfiée. Un
déluge de fer et de plomb s'échappe de la section basse /guitare,
presque, ouais, presque! recouvert par les imprécations et les borborygmes du chanteur et les hurlements terrifiants du batteur. Un martèlement hyper rapide et puissant qui vous tient aux tripes. L'Apocalypse est dans les murs et des pans entiers de réalité sordide
s'écroulent sous les riffs.
Mais bientôt, la Cumbiamba Parrandera (c'est difficile d'écrire ça correctement, pire de le prononcer!) entre en lice, ainsi que de nombreux couples de danseurs et danseuses. Voila notre messe noise travestie en bal populaire, le temps d'une sévère variation de tempo.
Cette musique lascive, entraînée par un accordéon insolent
donne soif et envie de manger des tacos et autres mets épicés,
mais surtout de boire et de se torcher à l'ivresse, et de se frotter. D'ailleurs,c'est pratiquement une orgie collective, là dedans, et ça se mélange, et ça tangue de plus en plus, collés et serrés, un peu des barrières de la bienséance pudibonde qui se débâclent dans une fiesta du corps libéré. Vers les derniers titres, émotion légère qui passe sur "Cumbia Triste", que balance notre orchestre. Lorsque les derniers couples désertent, épuisés, la piste de danse, il est tard.
Et on s'attend à voir des confettis et des étoiles par terre.
Critique écrite le 04 juin 2010 par Missjwl333
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