Chronique de Concert
Fránçois and The Atlas Mountains + The Red Rum Orchestra
Mais avant de commencer, Frédéric Nevchehirlian, notre hôte pour la soirée, vient comme de coutume nous présenter les artistes que nous allons avoir le plaisir d'entendre et nous donner envie de revenir pour la dernière session d'Incisif, qui aura lieu en Avril prochain, avec cette fois une réorganisation de la salle et un plateau central. Ceci étant, ce n'était pas la peine de me motiver, parce que pour moi, la date est déjà notée dans mon agenda : un rendez-vous pris avec Nicolas Cante et sa Mekanik Kantatik (pianiste surdoué que je ne manquerais pour rien au monde !).
On attaque donc avec The Red Rum Orchestra, groupe franco-belge au look très british, dont l'arrivée est saluée par un larsen à vous décrocher les oreilles de la tête !! La composition du groupe est contrastée à la perfection : contrebasse, violon, batterie et guitare. Un juste mélange qui va assurer une musique un peu folk, un peu rock et un peu World Music aussi, avec des accents ethniques. Un mélange où tout est bon en définitive. Les choix musicaux sont parfaits et la voix de Peter Moerenhout est à la fois hyper contrastée et très douce. Son timbre mélodieux me fait penser à du sweet rock à la Belle & Sebastian.
Le set se déroule comme une évidence et le côté décalé de ce rock indé est vraiment un délice. Peter va même se lancer sans filet : "C'est la première fois de Claus dans l'océan Méditerranée là !! Excuse me ... Non je ??!! Enfin, prochain est pour les filles ..." Alors, même si pour le français, ce n'est pas ça, pour la musique ils n'ont besoin de personne. Avec Book & Mirrors, le violon devient mandoline. On est emporté dans ce tourbillon de sons, de style et de rythmes qui se mélangent.
Baltazar Montanaro, qui est à l'origine de The Red Rum Orchestra avec Peter Moerenhout (qu'il a débauché du monde de la BD), est à fond dans cette musique si imaginative, passant son temps à danser quand il ne joue pas ... Et même quand il joue en fait !! Par moment, la guitare se déchaine, puis le calme de la mélodie revient. Ce sont de perpétuels jeux de crescendos et de décélérations, tout en finesse.
"On a encore du temps ?" demande Peter. On lui fait signe que oui ... Alors il enchaîne : "Il y a des EP à 5€. Demande à un de nous après le concert !" Sur ce, démarre Beg To Differ, une ballade avec énormément de couleurs et l'omniprésence du violon, qui est encore une fois pour beaucoup dans ce superbe rendu musical. La fumée monte un peu. Perso, je pourrais rester ainsi à les écouter jusqu'au bout de la nuit ...
Mais cela n'est pas prévu comme ça ! Et oui, il y a Fránçois & The Atlas Mountains qui arrivent après. Alors les deux derniers morceaux vont nous offrir beaucoup d'intensité, avec un un jeu de départ/arrêté et une magnifique fin à trois voix. Ils nous abandonnent là-dessus ... Mais sont quand même obligés de revenir : "Ok, encore une ;) !!" Ce sera une dernière mélodie légère et très enlevée qui, cette fois encore, explose en force et en subtilité. Une musique fabuleuse et un public qui n'est pas nombreux certes, mais qui crie très fort de plaisir quand même, je peux vous l'assurer !!
Peter Moerenhout : Chant & Guitare
Baltazar Montanaro : Violon
Thomas Steurbaut : Batterie
Sam Van Ingelgem : Contrebasse
Dieter Claus : Guitare
Setlist
1 - Murphy
2 - Speed
3 - The Gods Dotry
4 - Book & Mirrors
5 - Berceuse Presque Heureuse
6 - Germany
7 - Beg To Differ
8 - Derenged
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9 - Cold Redding
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Après le départ de The Red Rum Orchestra, nous avons droit à une sacrée installation de matériel sur la scène du Bout De La Nuit. Mais comme toujours, cela se fait dans une ambiance bon enfant. Un de ces petits moments où on a le sentiment de partager un peu de l'intimité des artistes, en voyant un peu de cet envers du décor. J'aime ces petits moments particuliers, qui nous rapprochent des musiciens. Ça fait partie du plaisir des petites salles comme celle-ci.
Dès son arrivée, Fránçois annonce la couleur : c'est un parfum de world music qui va souffler sur cette seconde partie de soirée. Et le voyage pour lequel il nous propose d'embarquer avec ses compagnons de The Atlas Mountains va commencer par une première escale au Maroc, au sud d'Agadir plus précisément ... Une excursion à Azrou. Un peu de fumée monte de l'arrière scène. La lumière tourne au rouge. Amaury, à la basse, se balade en bermuda et pieds nus. La musique se fait ondulante et la voix de Fránçois semble ainsi nous bercer au fil des alizés méditerranéens.
Mais cet exilé de l'Outre Manche ne va pas en rester là. C'est un tour du monde qui nous attend en fait. Nous avons donc droit un petit cours de géo et même de géo-politique régionale, avec un grand débat sur la Charente Maritime autrefois divisée en Charente Supérieure et Charente Inférieure (appellation trop négative au goût des producteurs de vins). Bref, comme ça, au premier abord ou plutôt à l'oreille, moi j'y perçois plus des rythmes d'Afrique que de la côte Atlantique ... Mais bon, je ne suis pas experte en Charente !! Ceci étant, et plaisanterie mise à part, c'est un genre de folk ethnique à la rythmique très colorée. Une musique hyper festive, aux sons inventifs et recherchés. Un pur bonheur à écouter, mais aussi à voir. Ils s'amusent tous comme de vrais petits fous. Ils descendent de scène pour venir jouer parmi nous et danser aussi. On a l'impression d'être comme à la maison, avec une bande de potes venus faire la fête. C'est génial.
Que ce soit dans la salle ou sur la scène, l'ambiance est la même. Amaury se promène avec des grelots autour du mollet. Ils se mettent face à nous, bien alignés, pour exécuter une choré digne d'un Boys Band (avec toujours des visages sérieux aux airs pinces sans rire). Ils ne tiennent pas en place ... Et me font penser à une espèce de Beach Boys africain (je sais, la comparaison est osée, mais c'est tout à fait le reflet de ce que j'ai devant les yeux !)
Les langues se mélangent elles aussi. On se balade à travers le monde. City Kiss a été composée à Bristol (Fránçois s'étant expatrié outre Atlantique). Une chanson de ville, comme il la présente, assez sucrée, avec un son un peu 80's mais très musicalisé. Leur répertoire est vraiment hyper varié, avec des univers différents qui se juxtaposent.
Le jeux de scène est plein de spontanéité. Fránçois vient se mettre à genoux au milieu de nous, semblant chanter pour les étoiles sous le plafond lumineux si particulier de cette magnifique salle. Il pantomime comme un Pierrot tombé de la lune, vient s'assoir auprès de nous. Tout est un doux mélange, aussi bien pour les yeux que pour les oreilles et cette manière qu'il a de se mouvoir donne vraiment une sensation d'immersion totale dans la musique. Lui aussi s'est mis pieds nus à présent. Ils sautent tous sur place. Leurs corps ne font plus qu'un avec leurs instruments et cet électro-ethnique tourne à la transe.
Mais la salle n'est pas assez participative aux goût de ses messieurs, alors ils nous annoncent qu'il est temps de se mettre debout à présent. Fránçois vient prendre les uns et les autres par main, pour leur donner du courage et les faire danser. Puis il repasse au clavier. Tout le monde s'y met pour un concert participatif et les pulls commencent enfin à tomber.
Pour le dernier morceau du set, on est tous invités à la Piscine. Un drum est venu s'installer au centre. Encore une forte inspiration de l'électro des années 80, avec clavier, trompette et percu en tout genre pour nous donner envie d'embarquer sur ce bateau en partance pour ailleurs. Une nouvelle fois Fránçois se mêle aux danseurs de l'assistance, s'agitant comme un possédé et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout cela donne un mélange explosif qui se termine dans un son de décollage de soucoupe volante ... Et un public étourdi dans ce tourbillon.
Avant de reprendre les 3 derniers titres des rappels, Fránçois remercie Frédéric Nevchehirlian pour son accueil au Théâtre des Salins pour cette seconde édition d'Incisif, avant de nous proposer une chanson d'amour de leur nouvel album ... Très belle balade folk-électro que ce Muddy Heart. Puis le voyage repart vers l'Afrique. Décidément, c'est véritablement une musique qui ne peut s'écouter sans ressentir une irrésistible envie de bouger. Fránçois tombe en glissant à genoux devant deux charmantes demoiselles qui dansent. Nous sommes tous au diapason.
Le final, plus qu'impressionnant, se fera sur un morceau écrit à l'adolescence. Il va carrément se jeter par terre en jouant de la guitare. Les Boys font les churs sur scène autour d'un même micro ... Force, énergie et nuances : Le résumé de toute cette soirée se fera dans cette dernière partition.
Fránçois Marry : Chant & Guitare
Gérard Black : Clavier
Pierre Loustaunau aka Petit Fantôme : Guitare, Clavier & Trompette
Amaury Ranger : Percussions & Basse
Rob Hunter : Batterie
Setlist
1 - Azrou Tune
2 - Les Plus Beaux
3 - Edge Of Town
4 - City Kiss
5 - Royan
6 - Vie Dure
7 - The Way To The Forest
8 - Slow Love
9 - Piscine
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10 - Muddy Heart
11 - Be Water
12 - Buried Treasures
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 22 février 2012 par Ysabel
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