Chronique de Concert
Frank Black And The Catholics + Raphaël + K-Nada
Devant 852 personnes à peu près, le concert démarre avec K-Nada, un groupe de la région plutôt sympa. Ouvrir pour Frank Black leur convient bien : c'est un power trio assez puissant. Ils ont de bons morceaux : ça fonctionne bien auprès du public. Ils ont même droit à un rappel...
Puis arrive Raphaël, un jeune inconnu qui arrive avec un album sur une major, un clip, et une force de vente derrière lui. La maison de disque l'a signé parce qu'il manquait quelqu'un dans la catégorie "jeune chanteur rebelle (?) à belle gueule à la Damien Saez". Je ne vais pas l'accabler, ce n'est pas de sa faute ! Ce qu'il fait est assez moyen : la musique et la façon de chanter sont très fortement influencées par Brian Molko de Placebo, pas très original.
Le plat de résistance arrive enfin vers 22 heures 20. Ladies and gentlemen, Frank Black And The Catholics are on stage... J'attendais ça depuis le mardi 31 janvier 1995, c'est à dire le jour de son concert à la maison du peuple de Clermont-Ferrand. C'est long, six ans sans voir Frank Black ! Les gens qui étaient venus pour entendre disserter Frank Black ont dû être déçus : il ne parle pas du tout, il enchaîne tous les titres sans temps mort. Il vaut mieux ne rien dire que de sortir des banalités affligeantes, non ? Les personnes qui étaient venues pour voir Frank Black danser ont dû être déçues aussi : il reste bien calé derrière son pied de micro avec sa Fender Telecaster en main et il ne bouge pas d'un poil. Et alors ? C'est pas les ballets du Bolchoï que je sache.
Il commence avec un titre de "Teenager of the year" : "Fiddle riddle" dans une version très différente de l'album, le reggae est devenu rock. C'est le bonheur ! Puis, il enchaîne avec "Mr Grieves" des Pixies. Il jouera cinq autres morceaux de son ancien groupe, tous interprétés magistralement et acclamés par le public : 'Monkey gone to heaven", "Dancing the Manta Ray", "Nimrod's son", "Gouge away", "Where is my mind ?" ("HOOO HOOO ! ! !"). Et Kim Deal à la basse ? Et David Lovering à la batterie ? Et Joey Santiago à la guitare ? Et la reformation des Pixies, et blah, blah, blah (comme dirait James Osterberg), nous sommes en 2001 et Frank Black se débrouille très bien tout seul, merci.
Nous avons aussi eu droit à une reprise de Larry Norman "Six-sixty-six". Sur le premier album des Catholics, elle est assez éprouvante, c'est de la country de supermarché. Pardonne-moi Charles ! Mais là, c'est une version très lente et longue avec de grosses guitares. Rien de moins qu'une invitation au satanisme proférée par un Frank Black hurlant : "His intention was : six sixty six". Larry Norman ne doit pas reconnaître sa chanson ! Il interprète aussi 11 des 12 titres de son dernier album "Dog in the sand" : il a raison, ce disque est excellent.
Les musiciens sont tous très bons : Scott Boutier cogne les fûts de sa batterie comme une enclume, David Mc Gaffrey se démène à la basse, Dave Philips nous gratifie de parties de pedal steel bien envoyées, Rich Gilbert alterne les soli de guitare stratosphériques et les parties de claviers superbes.
Et Charles Thompson est tout simplement grand ! A mon avis, c'est le meilleur chanteur de rock en activité (avec Iggy Pop) : il est capable de hurler, de chanter dans les aigus et dans les graves et surtout sa voix tient pendant les deux heures dix du concert (même si il grimace pour pousser ses cordes vocales au maximum). Au moins, le public en a eu pour son argent !
On regrettera une seule petite chose : qu'il n'ait pas joué Czar et Changing of the guards, la reprise de Bob Dylan. Mais il ne peut pas jouer trois heures, et comme il a joué l'hymne Los Angeles, on repart heureux, très heureux...
Critique écrite le 14 mars 2000 par Pierre Andrieu
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