Chronique de Concert
Frank Carter & The Rattlesnakes + King Nun
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 22 mars 2019
Critique écrite le 25 mars 2019 par Pierre Andrieu
Un concert tout indiqué pour les jeunes qui aiment le punk : les énervés notoires de Frank Carter & The Rattlesnakes dans le club de La Coopé, bondé, avec en première partie les non moins excités de King Nun... En ce vendredi 22 mars rue Serge Gainsbourg, pas l'ombre d'un vieux con - à part le mec qui essaye d'écrire cette chronique et un fan du Clash, qui nous parle du show de The (International) Noise Conspiracy ici même en 1969, heu, en 2001... -, que des fans hardcore complément hystériques qui réagissent au quart de tour à la moindre injonction de leur idole, le très choupinou punk rocker sensible et attentionné Frank C..
King Nun
Histoire de mettre tout le monde à bonne température, l'ex Gallows a choisi de très jeunes compatriotes anglais pour chauffer la salle avant son arrivée, imminente... Ils s'appellent King Nun, viennent de Londres et ne se sont pas déplacés pour enfiler des perles ! A peine sortis de l'adolescence, les gamins venus d'outre Manche savent déjà se servir de leurs instruments comme des cadors, et, ce qui ne gâche rien, maîtrisent l'art et la manière de balancer une punk rock song qui défouraille sévère.
Même si l'on voit bien où ils veulent en venir, devenir les nouveaux Kurt Cobain, remplir les stades puis se faire rapidement crucifier par le fameux cocktail "succès/pognon/groupies/drogues/dépression", il faut reconnaître aux dénommés King Nun une conviction et une énergie assez hallucinantes. Cela permet à ces gars sûrs de leur coup d'avoir d'ores et déjà deux tubes à leur actif, les très sauvages et nineties "Hung Around" et "Sponge", qui évoquent un mélange juvénile et sentant la poudre entre Nirvana et Radiohead. Si King Nun n'essaie pas de sucer la roue de Coldplay et U2 en devenant le nouveau Cage The Elephant (qui était bien parti avant de sombrer dans le rock FM pour quinquas), ça peut faire mal !
Frank Carter & The Rattlesnakes
Après une assez longue attente (pour faire monter la pression et justifier les salaires de l'armée de roadies !), les extrêmement attendus Frank Carter & The Rattlesnakes déboulent sur scène comme des furies, attaquant avec un terrifiant appétit pour la destruction de l'ennui avec le premier tube du futur nouvel album "End Of Suffering", le très percutant "Crowbar". En quelques secondes, la fosse est en feu : les fans hurlent, sautent, pogotent et commencent à slammer comme des tarés. Quand on est habitué à voire deux ou trois grabataires vaguement dodeliner de la tête en regardant des groupes de rock garage décatis, ça surprend agréablement !
En terrain conquis et remonté comme une pendule, l'intenable frontman Frank Carter saisit la balle au bond et en rajoute une couche, bien poussé au cul par ses irréprochables Rattlesnakes (l'énorme guitariste et co-leader Dean Richardson, plus la très, très virulente section rythmique Tom 'Tank' Barclay et Gareth Grover) : il hurle comme un possédé, escalade le bar dès le début du show et se jette rapidement dans la foule. Nom de dieu de bordel de merde ! Que ça fait du bien d'en prendre plein la gueule avec un gros son de guitare et un show qui défonce ! Le punk rock mâtiné de hardcore, de metal et de pop de Frank Carter & The Rattlesnakes est clairement fait pour réveiller les morts (encore vivants). Et si des ficelles FM pour vendre des disques et remplir les salles sont visibles à l'il nu sur certains refrains et quelques titres (le slow sirupeux, c'était pas obligé !), tout passe au second plan derrière la joie de communier sur du punk avec 400 petits agités, un peu comme dans le clip "Ça sent le Teen spirit" de Nirvana dans les années 90.
Pris par l'enthousiasme et au mépris de la santé de nos pauvres cervicales, on tente même deux ou trois headbangings de métalleux en compagnie de notre pote de concert du jour, un authentique fan de musique du diable, qui repartira avec deux vinyles dans sa besace... Pendant ce temps-là devant la scène, c'est une déferlante de corps qui surfent au dessus des bras. C'est beau d'être jeune, putain ! Mais Carter estime que ça ne suffit pas, il se fend d'une discours un peu convenu, mais visiblement sincère, sur "des personnes très importantes présentes dans la salle", les femmes, "qui ont le droit de faire du crowd surfing sans se faire peloter", puis convoque la gent féminine sur scène pour un concours de slam qui dure deux titres !
Même si le nouvel album (qui arrive le 3 mai 2019) s'intitule "End Of Suffering" et documente deux années de dépression et autres crises d'anxiété du leader du groupe (qui en parle souvent lors de ses discours, un peu trop fréquents), les Rattlesnakes administrent une monumentale gifle d'énergie positive et rock 'n roll ! Impossible d'encaisser ce matraquage quasi ininterrompu de tubes ("Lullaby", "Juggernaut" etc etc., plus "I Hate You" en final) sans être parcouru de soubresauts de joie adolescente. A la fin, tout le monde repart un large sourire aux lèvres, défoulé comme jamais, comme purifié de toutes les pensées merdiques du quotidien...
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 25 mars 2019 par Pierre Andrieu
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