Chronique de Concert
Frédéric Nevchehirlian + Andromakers
Mais surtout, au final, leurs deux voix à capella. Chacune souriant de la prestation de l'autre. Enfin, on mixe le tout, avec des lumières d'aurore boréale et devant une salle vide ... J'adore tout particulièrement ce moment où les basses font tout vibrer (même le sol), ce qui les fait rire. Ça a quelque chose de magique en fait de partager cette petite parenthèse d'intimité avec elles.
Après une petite escapade dans les coulisses à la rencontre de Nevché (qui passera après elles sur la scène de l'Espace Julien), et un repas vite fait pour nous, je repasse dans la salle pour attaquer les choses sérieuses. Je prends donc place tranquillement, pour les laisser à leur préparation et restauration d'avant concert. Et ce soir, c'est disposition assise pour l'Espace Julien. Avec un public qui commence à s'installer dès 20h et dans lequel je retrouve même quelques visages reconnus, croisés au Lollipop il y a deux semaine, pour le showcase qui avait salué la sortie de l'album Rétroviseur de Frédéric Nevchehirlian.
Mais pour l'heure, c'est du duo Andromakers qu'il s'agit. Deux jeunes femmes que j'ai adoré découvrir il y a peu en Live (à Saint Martin-de-Crau et en Mars dernier, pour être plus précise). Elles démarrent quasi dans le noir, avec juste les paillettes des joues de Nadège et celles des avants bras de Lucille qui brillent légèrement dans la nuit. Leurs deux voix se mêlent déjà. Elles sont face à face ... Et il n'y a plus qu'à laisser la magie opérer. Comme sur ce texte parlé de B For Beaches.
Le son offert par l'Espace Ju est clairement plus Rock que celui du Galet, la fois dernière. Et lorsque la fougue emporte Nadège, cette impression est plus que confirmée. La salle embraye d'ailleurs tout de suite, un signe qui ne trompe pas, se laissant entraîner par le tourbillon, la tornade Electro même des filles. Et ça envoie du lourd. Je peux vous l'assurer !
Elles frappent leur baguettes en l'air. Niveau lumière, c'est aussi saccadé que les rythmes qui sonnent à nos oreilles. Le drum fait très vite son entrée dans la danse... Tout un univers plus sombre peut-être et surtout encore plus prenant que la première fois (et ce n'est pas peu dire !) C'est superbe et quel immense plaisir c'est que de les retrouver aussi vite en Live.
Toutes deux tendent la main l'une vers l'autre, par dessus les machines, dans un très beau geste. Puis elles se retrouvent autour du drum. Le spectacle qui nous est offert est complètement planant. Avec cette voix de Nadège si pure, si claire, et celle de Lucille toute douce, cristalline même, qui vient s'y mêler. Elles sont à la fois magiques et pêchues. Un savant mélange. Une parfaite alchimie. Et puis le rythme s'emballe. Les talons de la première martèlent le sol, pendant que le poignet de l'autre frappe le tambourin. Quant à nous ? Et bien nous, on ouvre nos oreilles et on écarquille nos prunelles devant leurs face à face, yeux dans les yeux, qui donnent encore plus de force à leur scénographie.
Mais c'est déjà la dernière. Elles remercient Nevché, sans oublié un petit mot d'auto-promo. Nous sommes à nouveau presque dans le noir, avec seulement quelques raies de lumière qui parcourent la scène... J'en connais un qui doit marner niveau photo, mais c'est vraiment très très beau. Nadège semble littéralement flotter, comme sa voix ... Et moi avec. C'est plus intense. Plus captivant. Plus viscérale aussi. Et tout aussi top, voir même encore plus que la fois dernière. Fabuleux les filles. Merci !
Nadège Teri : Chant, Machine, Clavier, Xylophone & Percussion
Lucille Hochet : Chant, Machine, Clavier & Percussion
Setlist
1 - B For Beaches (Part I & II)
2 - Father Denis
3 - Ominerion (Part I & II)
4 - Bohemia
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Coulisses côté Nevché, on découvre une loge au canapé rouge et surtout lui, en train d'écrire devant un grand miroir... Puis de répéter avec sa guitare, accompagné du premier de ses invités de ce soir : Dimoné (de son vrai nom Dominique Terrieu) qui, pour la petite histoire, a entre autre fait récemment la première partie de Da Silva. Pendant qu'ils mettent en place tous deux Rendez-Nous L'Argent, passage aérien de la chanteuse L (Raphaële Lannadère à la ville), qui vient juste dire bonjour. Un petit moment intense de partagé, bien que hors cadre (ou surtout parce que hors cadre peut-être) et qui restera, pour moi, incroyablement magique. " La scène reste un terrain d'accueil " me dit Nevché, un sourire aux lèvres. Mais nous allons tout de même nous retirer sur la pointe des pieds, pour le laisser se consacrer à une pause interiew et surtout les laisser tous dîner tranquillement. Juste avant que d'attaquer les choses sérieuses ;) !
Côté salle, après le départ de la tornade Andromakers, mise en place de Nevché et de ses quatre musiciens dans la lumière rasante. Lui est de dos. Et sur scène, nous avons une batterie, plus deux drums, un à chaque extrémité (un pour Stéphane, à la basse, l'autre pour Bastien, à la guitare et au clavier) ... Alors je peux vous assurer que pour frapper, ça frappe !! Ils sont noyés dans les flash bleus pour une intro qui envoie carrément : Dieu que c'est puissant !
Puis c'est le violoncelle de Julien qui fait son entrée, accompagné de la guitare de Fred, pour combler de plaisir cette salle à présent pleine, où le public se serre aux premières notes de Vas-tu Freiner ? Un univers magnifiquement teinté de Folk, qui nous fait galoper dans une lumière de noctambules. S'en suit Rétroviseur. Et cette fois, c'est le Rock qui rempli l'espace. Comme une musique qui avance sur vous, avec lui qui habite ses textes, comme toujours. Alors, de notre côté, nous allons faire les churs avec lui jusqu'à ce qu'il hurle et n'apparaisse plus qu'en ombre.
Fred nous parle aussi de lui et se ses potes, Sur Le Parking de Notre-Dame de la Garde. " Toutes ces nuits passées à ne rien foutre, juste vouloir tout défoncer ". Il parle plus qu'il ne chante. Juste ses mots sur les cordes de sa guitare, avec Bastien passé au clavier. Et perso, je ressens comme un courant d'air glacé qui souffle sur ce parking, avec cette musique plus empreinte de puissance que de nostalgie. Le Rock reprend donc entièrement ses droits, et ce n'est qu'un début. Les lumières sont aussi tonitruantes que le son, ses gestes et la scénographie. Tout est d'une force incroyable et lui est incroyablement impressionnant sous sa douche de lumière, entouré de flashs. En plus de s'en prendre plein les oreilles, on s'en prend plein les mirettes et franchement, musicalement, c'est putain de bon !
Pour Soleils Saouls, Fred passe lui aussi au drum, devant un soleil couchant cramoisi ... Et que dire de l'attitude de Stéphane qui frappe le sien, instrument au ventre : Une tuerie ! La musique se teinte d'encore plus de couleurs et de rythme. Tout est histoire, conte des temps modernes, comme les amours 2.0 de Digital Native. Et, encore une fois, quand le feu anime notre Nevché au milieu des éclairs, on ne peut que rester médusé face à ce spectacle, à cette puissance. On continue avec eux cette folle course et, après la petite incursion dans les années 80 de Grands Brulés en milieu de Set, il nous propose de rendre hommage à son précédent album, sur des textes de Prévert. Avec une pause de quelques minutes, juste pour savourer la salle et le public. On va encore gagner en force : 3 guitares, 1 basse ... Et j'en ai déjà trop dit ;) !
Le violoncelle ne sera pas non plus en reste, joué à la corde, comme une guitare, pour accompagner celle de Fred et Attendez-Moi Sous L'Orme (pour ne pas quitter tout de suite Prévert). On se fait même engueuler parce que c'est le bordel, alors qu'au Café De La Danse, ils ont été au top ! Une intro au clavier du beau gosse de la soirée (si, si, il fallait bien finir par le dire !). Nevché immobile (et un de ces bordel derrière moi, en fond de salle ... Dommage). Si Nous Marchions est détonnant et fascinant. Captivant même, quand ils se mettent tous les trois et en même temps à frapper comme des fous, éclairés par en dessous ... La vache, ça aussi c'est bon !
Mais c'est sans compter la dernière, et pas la moindre. Avec l'appel à un ami : Dimoné, venu tout droit de Montpellier et qui s'arme d'une guitare dans une lumière rouge sang, pour crier avec Fred : " Rendez-Nous L'Argent !! " Les guitares grondent. Les batteries tonnent. Des billets volent ... Quelle fin mes aïeux, quelle fin ! Et un public en folie qui hurle d'ailleurs jusqu'à ce qu'ils reviennent sur scène.
Et là, petite récréation avec un comique qui crie : " Rendez-nous l'argent qu'on a pas payé ! " Et Nevché de répondre : " Oh ça c'est bon ! " Mais après le rire, retour à la musique avec deux nouveaux invités et amis, pour une nouvelle chanson de ce nouvel album. Benjamin Dupé à la guitare qui est annoncé avec un " Qui a dit j'entends rien ? Moi d'où je suis, j'entends tout ! Et comme ça, ça va ?!? " Ils ne sont que tous les deux et enfin le silence se fait (un miracle !), mis a part quelques sifflets qui montent à l'arrivée dans la lumière de L, belle comme une apparition et qui va faire de cette magnifique chanson un merveilleux duo. Avec sa voix légère comme une plume à elle qui se pose délicatement sur ses mots à lui. J'y retrouve même par moment des intonations de Keren Ann, en légères cassures. Ils sont dans la pénombre. Une parenthèse enchantée qui laisse le public sans voix (oh joie !)
L et sa voix évanescente vont d'ailleurs rester pour Ma Bohême. Elle et Fred chantent à tour de rôle et j'adore, au passage, le médiator lumineux bleu de Bastien, à la guitare, et l'envoutant chant de baleine du violoncelle de Julien. Encore une fois, tout ceci est totalement captivant. Il enchaîne sur Tout, qui va être tout aussi prenant. Il lit, bras tendus, en commençant dans le calme. C'est un incroyable morceau dont je me souvient aux Salins comme si c'était hier, tant il m'avait marqué cette première fois. Les feuilles volent. L'intensité musicale augmente. Le rythme de sa voix s'accélère, comme les battements d'un pouls qui va jusqu'à la rupture, pour illustrer le paroxysme d'un monde qui tourne à la folie ... Et des bravos qui se feront debout, s'il vous plait !
Il va d'ailleurs nous lancer " Attendez. Si vous restez debout, on en fait encore une. Mais descendez tous ! " Ça réclame Citroën, mais non : Ce sera Marseille. Comme un dernier huit clos avec l'Espace Julien, avec ce léger sifflement sur le refrain. Ils saluent tous les cinq, lui la main sur la cur. Un petit mot de remerciement pour Internexterne et un rappel du KissKiss BankBank organisé pour réaliser une second clip de son nouvel album. Une soirée très forte en émotion. Une de celles dont on ne ressort pas tout à fait le même...
Frédéric Nevchehirlian : Chant, Guitare & Percussion
Stéphane Paulin : Basse & Percussion
Julien Lefévre : Violoncelle, Guitare & Percussion
Bastien Burger : Clavier, Guitare & Percussion
Gildas Etevenard : Batterie & Trompette
Invités :
Dominique Terrieu aka Dimoné : Chant & Guitare
Raphaële Lannadère aka L : Chant
Benjamin Dupé : Guitare
Setlist
1 - Notre Rendez-Vous
2 - Vas-tu Freiner ?
3 - Rétroviseur
4 - Sur Le Parking
5 - L'Univers
6 - Soleils Saouls
7 - Digital Native
8 - Grands Brulés
9 - Confession Public
10 - Attendez-Moi Sous L'Orme
11 - Si Nous Marchions
12 - Rendez-Nous L'Argent
13 - Oh Je Voudrais
14 - Ma Bohême
15 - Tout
16 - Marseille
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 23 avril 2014 par Ysabel
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