Chronique de Concert
Frozen Falls
Lorsque je suis arrivé à NY le 11 avril 2003 (facile de m'en souvenir puisque ce soir là je suis allé voir les Dirty Three et Shannon Wright au Bowery Ballroom) je ne me doutais pas que ce séjour (prévu assez court) allait changer ma vie à ce point. En effet quelques mois après je rencontrais celle qui allait devenir mon épouse, et un peu avant ça je faisais la connaissance de 2 groupes qui seront parmi ceux que j'ai le plus vu, the National et Qatsi, le premier (qui a connu le succès planétaire que chacun sait) m'ayant introduit au second qui a fini par se séparer quelques années après (pour des raisons géographiques) sans avoir connu le succès de leurs amis.
Plus de 8 ans après (waw !) me voici sur le point d'assister à ... je ne sais pas si je dois appeler cela une répète ou un concert très très privé ... des Frozen Falls, le nouveau nom du trio formé par Jude Flannery, Luke Hughett et dAve Hollinghurst depuis le retour sur NY du premier. Leur premier concert sous ce nom a eu lieu le 25 aout 2010 ; depuis il n'y en a eu que 2 autres ... c'est donc sans une hésitation mais avec une certaine excitation / appréhension que je me rends à la local de répète au Westbeth Art Center plutôt que d'aller à Other Music voir le showcase de Cults ou au Poisson Rouge voir la soirée " française " avec Aaron + the Two + Balbino Medelin (pas forcement sûr que ce soit ce qu'il y ait de plus representatif mais bon ...). Et c'est depuis le salon de mon cousin que je squatte avec vue imprenable sur l'Empire State (ingénieur ça paye mieux que chercheur) que je tape cette (trop) longue intro en écoutant les 2 seuls titres de Frozen Falls disponibles sur leur site.
Après un petit tour sur le bord de l'Hudson (coincé entre la rivière et la voie rapide) et un petit crochet par la Highline, je finis par croiser Luke qui m'amène donc dans leur local qui se situe en fait en sous sol de l'immeuble. Bêtement je n'ose pas prendre de photo de peur de passer pour un fou ... marrant ces quelques moments de lucidité. dAve est déjà là et Jude arrive très peu de temps après. Ils finissent de s'installer et après quelques considérations techniques, décident de l'ordre des morceaux et c'est parti. Moi qui aime bien être invisible pendant les concerts là c'est un peu plus difficile.
Ne connaissant pas le nom des morceaux, je ne chercherai même pas à prendre de notes ... mais ils joueront la plupart des titres inscrits sur le tableau derrière : In your language, Dressed up in white, Holding hands (celle là c'est sûr qu'ils l'ont faite - en premier d'ailleurs), Strange, Frozen arrows, Donovan (celle ci aussi), Let me down again, It never grows old, All in the fire et An Empire (celle là aussi - en dernier).
J'avais en fait déjà entendu quelques uns de ces morceaux il y a 6 ans presque jour pour jour lors de leur concert au Mercury Lounge, mais n'ayant pas d'enregistrement de l'époque ... Donc oui Frozen Falls a bien repris les choses là où Qatsi les avait laissé et l'entente / complicité entre les 3 potes semble intacte. Alors certes les minois glabres et cheveux tout fous d'il y a presque 10 ans ont laissé place à des visages solides et déterminées décorés de barbes plus ou moins fournies, mais musicalement la magie est toujours là.
Pour continuer la comparaison avec l'époque Qatsi, je dirais que les nouveaux morceaux sont moins évidents / accessibles à la première écoute car plus posés / calmes au démarrage. Pas de tube évident comme les Dowtown man ou Desert Soul qu'on pouvait trouver sur We love the urge. Des morceaux qui prennent leur temps, qui semblent parfois se construire et se détruire plusieurs fois avant de finir en douceur ou au contraire en explosions.
Les deux morceaux présentés comme " nouveaux " sont plutôt péchus et si l'ensemble paraît plus calme il y a quand même quelques passages bien énervés où dAve se met quasiment à danser et où Jude secoue sa guitare férocement (tout en restant sur place). L'ensemble des morceaux est joué à 2 guitares sauf un (Donovan ?) où Jude et dAve changent de côté et où dAve joue de la basse.
Je ne sais pas si cela sert à grand chose que je cite les groupes auxquels j'ai pensé en les écoutant (cela risque d'être plus " misleading " qu'autre chose) mais il y a eu du Velvet Underground pour certaines lignes de guitare, du Clap You Hand Say Yeah, et du Mickael Jackson dans quelques intonations anecdotiques , ....
Ce n'est qu'en me déplaçant un peu que j'entendrais suffisamment bien la voix de Jude pour en apprécier à sa juste valeur la douceur / fragilité apparente qui colle si bien avec sa toute aussi apparente distance / absence. dAve quant à lui est toujours aussi dedans quand il joue, les yeux souvent fermés ou braqués au plafond, alors que Luke à l'affut, accompagne et semble en même temps guider le groupe lors des longs instrumentaux.
Après An Empire, ils feront une petite pause discussion à propos de leur probable nouveau local de répète (qu'ils partageront naturellement avec Steve Shiffman), ils se remettront au boulot en s'attaquant au très bon morceau This Honey is heavy. Ils commenceront par re-écouter les enregistrements du bœuf de la dernière fois; puis Jude sortira son calepin pour noter la structure des deux versions, et ainsi il feront quelques essais : une demi mesure de plus par ici, un riff un peu plus long là, un effet en plus ici ... jusqu'à reprendre le morceau en entier.
Même si je serais bien incapable de vous dire quelles sont les différences entre la première version et la dernière, celle par laquelle ils finiront était fichtrement percutante ! Après cela ils rangeront leur matériel et on ira boire un coup oubliant la musique pour parler famille, anniversaires et autres choses de la vie à la terrasse du White Horse de Kerouac ... N'ayant pour tout diner mangé qu'un minuscule hotdog, je repartirai un peu pompette, ravi d'avoir quelques heures durant été témoin de ce qui se passait de l'autre côté du décor ...
En conclusion, j'espère que les Frozen Falls auront l'occasion d'étrenner leurs morceaux sur scène un peu plus que ce qu'ils ont fait depuis leur (re)formation et surtout qu'un album verra prochainement le jour, parce qu'à mon avis ils sont prêt pour !
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Critique écrite le 07 juin 2011 par Pirlouiiiit
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> Réponse le 08 juin 2011, par Philippe
super chronique "embedded in NYC with the next big thing" ...you're a lucky bastard !... Réagir
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