Chronique de Concert
Frustration + Vox Low
A peine deux semaines après être venus voir Les Sheriff, retour au 6MIC d'Aix-en-Provence pour une nouvelle soirée de rock en France, avec les régulièrement excellents Frustration (vus et chroniqués 8 fois avant ce jour, depuis une glorieuse première fois à la Machine à Coudre, il y a plus de 10 ans...), et les prometteurs Vox Low, quittés à regret en plein concert à Rock en Seine cet été.
A notre double surprise, on est toujours dans la salle Club (quand même un peu plus grande que l'autre fois) et surtout, c'est Frustration qui commence ! Paraît-il fatigués, les darons ont doublé les minots et il se trouve que même fatigués, ils restent à l'évidence le meilleur groupe de rock français du monde en activité. On a sans doute déjà tout donné pour parler d'eux, et leur setlist du jour nous a malencontreusement échappé. A priori départ sur les premières de leur dernier album (Path of extinction, State of alert), très efficaces et résolument défendues au milieu de leurs tubes inégalables (It's gonna be the same qui donne envie de chialer et tout casser, parce qu'elle est triste et enragée ; Pepper Spray qui fait le même effet, parce qu'il pique les yeux en manif).
Et ça déroule, et l'ambiance est super même si le circle pit réclamé par le bassiste (...mal remis de ton passage au Hellfest, gros ?) n'adviendra jamais : No Trouble et Le Grand Soir (qui n'adviendra jamais non plus, d'ailleurs), Excess pour s'agiter et brailler avec eux, puis encore une chiée en rafale de nouveaux titres et notamment Riptide, fantastique en live où elle prend toute son ampleur... Rarement entendue à l'oral, Dying City s'y avère aussi plus méchante que prévu, tout comme la suivante dont le nom m'échappe, totalement joydivisionesque (... merde, le mot que je m'étais juré de ne plus écrire - mais désolé y'a un truc, quand même, par moments !).
Climax habituel (et néanmoins jouissif !) avec leur quasi-hymne Dreams, laws, rights & duties, enchaîné avec l'adorée Too many questions. Le chanteur nous passe alors un savon qu'on a pourtant pas spécialement mérité avec Blind, hululée comme par un diable, violente et courte, et suivie de l'anthem We have some... Fweustwachion ! 70 minutes bien envoyées, et comme d'hab' ils nous ont régalés ! Et on sait déjà que leur dernier vinyle, Our Decisions, n'est donc pas prêt d'être rangé et classé à "F" : après son test en live, il a regagné sa place sur la pile "en écoute à durée indéterminée"...
Depuis qu'on attendait de les revoir, on a bien un peu bossé Vox Low et acheté un vinyle à eux aussi : l'impression d'un truc très bien fichu, mais qui ne marque pas totalement les esprits - pour nous, doit faire ses preuves sur scène ! Justement, on y est d'abord bluffé par un son d'une netteté cristalline et ultra-classieux, d'autant qu'il est produit à seulement quatre personnes. La dernière fois ils étaient noyés dans la brume, alors qu'il y a peu de fumée cette fois : on les voit donc beaucoup mieux ! Mais à la réflexion c'est peut-être à leur désavantage : le mystère visuel dissipé, on constate surtout qu'il ne s'y passe à peu près rien, dommage...Il leur manque en fait un zébulon comme celui des précédents, pour capter et maintenir l'attention !
Machine à danser certes, mais un peu désincarnée, du coup, leur rock a une connotation plus électro : on pense souvent à New Order, parfois à Poni Hoax voire à Underworld, et on entend ici ou là une touche de Kraftwerk... Mais il assume aussi ses influences post-punk (voix blanche filtrée, typique) : on s'y laisse d'abord bien prendre ! Now we're ready to spend marche très bien en live, Breathless Tuesday est tout à fait hypnotique et dansante, voire même quelque peu sexy. D'ailleurs parmi notre petit groupe, notre amie danseuse, eh bien elle dansera tout le concert, et sans faiblir : c'est bien la preuve que ça marche. Et au moins, le groupe assume son truc sans putasserie aucune - c'est tout à son honneur !
Mais pour nous, ça ne décolle pas totalement et comme dit, on finit par en voir un peu les ficelles, à défaut d'un nombre suffisant de mélodies affirmées. Une fois passée We Walk, on sent bien qu'on décroche peu à peu sur les titres plus électro qui suivent. Madame étant déjà assise depuis un moment, on se rend et on les quitte, après avoir quand même vu au moins les 2/3 de leur set. Truc amusant, notre départ est de toutes façons largement compensé par l'arrivée de quelque dizaines de spectateurs venus pour tout autre chose dans la grande salle, et dont les plus curieux.ses viennent, avec raison, goûter la fin de ce set... Assurément plus sombre que leur chanteuse dont les visuels, de loin, nous ont plutôt paru très, très roses.
En partant, on s'arrête encore quelques instants au stand merch où Fabrice, chanteur notoirement aimable des Frustration, tient salon et signe volontiers ce qu'on lui tend, tout en blaguant. Même s'il n'assume pas totalement tous ces endroits, on l'avise que le fun fact au sujet de son groupe tient toujours : on les a vus s'agiter dans absolument tous nos clubs et festivals préférés ! A savoir : Machine à coudre, Eurockéennes, Molotov, Rock en Seine, Cabaret Aléatoire, Hellfest... et maintenant 6MIC ! On peut donc confirmer que toutes ces scènes, qu'elles fassent 8 ou 80 mètres carrés, leur vont parfaitement bien au teint ! Très belle soirée donc - le label Born Bad ne ment jamais : bonne route et au plaisir !
Photos : désolé, dépannage...
Critique écrite le 10 décembre 2024 par Philippe
Envoyer un message à Philippe
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Philippe
Frustration : les dernières chroniques concerts
Public Image Limited (P.I.L.) et Frustration par lol
Trianon, Paris, le 27/10/2023
Le Trianon propose une bien belle affiche en cette fin de mois d'octobre, avec la venue en France de Public Image Limited, qui est toujours un évènement tant la personnalité... La suite
Jackline + Frustration par Philippe
Le Molotov, Marseille, le 21/10/2023
Rédiger une chronique de ce concert me met face à un problème bien connu des chroniqueur.se.s : la toujours-difficile-huitième-chronique-du-même-groupe ! D'ailleurs j'ai eu un peu... La suite
Guadal Tejaz & Frustration par Stephane Vidroc
Le Novomax, Quimper, le 08/10/2022
C'est le grand soir au Novomax, à Quimper. Les inoxydables Frustration rameutent leurs fans du grand ouest pour un concert qui affiche complet depuis quelques jours. A l'intérieur,... La suite
(mes) Eurockéennes 2022, 1/1 : Arka'n Asrakofor, Wu-Lu, Last Train, Frustration, Izia, Ascendant Vierge, Simple Minds, Paul Kalkbrenner par Philippe
Presqu'île du Malsaucy, Evette Salbert, le 02/07/2022
On dit que tout vient à point à qui sait attendre... 2019 : de belles 26ièmes Eurockéennes pour nous, conclues par Arnaud Rebotini. 2020 : confinement général, pas glop mais bon,... La suite
Vox Low : les dernières chroniques concerts
(mon) Rock en Seine 2024, 1-2 : Astéréotypie, Sleater-Kinney, The Kills, CVC, The Offspring, (Inhaler), Vox Low, Massive Attack, Polo, Pan & Myd par Philippe
Parc de Saint-Cloud, Saint-Cloud, le 24/08/2024
Retour heureux en cette fin d'été à Rock en Seine, où l'on est venu à peu près une fois sur deux depuis sa création en 2003. Le joli site arboré et tout en longueur n'a pas... La suite
Vox Low par Lb Photographie
Petit Bain - Paris, le 15/03/2022
Qu'est-ce que la vie sinon de sempiternelles questions existentielles : être ou ne pas être au Petit Bain ce soir ? Peut-on vivre sans pouvoir enfin découvrir en live les morceaux... La suite
Vox Low + FK Club par Lb Photographie
Le 6Mic / Aix-en-Provence, le 10/10/2020
Messe pour le temps futur
Une ère apocalyptique s'ouvre pour l'humanité. Désormais, la devise "Ordre, 5G et Distanciation Sociale" est gravée au frontispice des bâtiments... La suite
Vox Low par Lb Photographie
Badaboum - Paris, le 18/10/2018
Fort d'un succès grandissant, Vox Low poursuit son bonhomme de chemin avec discrétion mais détermination. Sans doute faut-il y voir la prudence que le quatuor déploie désormais... La suite