Chronique de Concert
General Elektriks
Celui-ci s'agite déjà en tous sens, bondissant derrière ses claviers, dans son habituelle tenue de vendeur de voiture propre sur lui, cravate autour du cou et stylos dans la poche. A ses côtés, on retrouve un guitariste qu'on a connu moins discret, ainsi que son alter ego au pad électronique et à la batterie, lorsque celle-ci est délaissée par Norbert Lucarain, le génie à crête iroquoise, parti faire quelques infidélités à ses toms avec un beau vibraphone.
Enfin, comment ne pas évoquer l'excentrique Jessie Chaton ? Le bassiste, serré dans son t-shirt sans manche et son éternel slim rouge, afro sur la tête, amuse par son jeu de scène décalé et impressionne par l'agilité de ses doigts sur les quatre cordes, parfois remplacées par un clavier basse d'outre-espace. Le set se compose essentiellement de titres du dernier album, transcendés par un jeu de lumières de qualité (au contraire du son, digne du kit saturé d'une 206 mal tunée) et par une technique irréprochable.
Les cinq déploient tout leur talent pour livrer une prestation carrée mais pas dénuée d'âme, où le groove est érigé en art. Il règne rapidement une chaleur intenable sous la petite tente, ce qui n'empêche pas les General Elektriks de mener leur concert à un train d'enfer : tout le monde saute, se trémousse, tape des mains... et s'éponge le front. Les légers Mirabelle Pockets et Little Lady n'offrent que de courts répits au milieu du capharnaüm de lignes de clavier vintage, de basses vrombissantes, de fûts martelés qui composent les classiques comme Raid The Radio ou l'électrisant Helicopter.
Mais c'est sur le démoniaque David Lynch Moments, peut-être le meilleur morceau de l'album, que l'on atteint l'apogée : teinté d'une atmosphère assez sombre chère au cinéaste auquel il rend hommage, il est ici servi dans une version étendue et très punchy qui entraîne tout le monde dans sa course folle. Déjà détrempés et assoiffés, on ne peut pourtant pas résister à ce vibrant appel et on se surprend à d'étranges chorégraphies désordonnées. Le virtuose "RV" Salters se déchaîne sur ses claviers et prolonge avec malice cet instant magique pour ensorceler tout le monde à grandes lampées de stroboscopes épileptiques.
Un dernier titre avant le rappel fait doucement redescendre la pression (et la température). Le concert se clôt finalement sur un Bloodshot Eyes tout en délicatesse qui voit s'illustrer une dernière fois le surprenant Norbert Lucarain, déjà coupable d'avoir étalé son talent avec insolence lors d'un solo de batterie détonnant. De son vibraphone, il tire une jolie ritournelle qui trottera encore dans les têtes de longues minutes après la fin des hostilités, quand la bière aura rempli les gosiers et que l'air tiède de cette soirée d'été aura rafraîchi les corps surchauffés. Pour l'heure, le public sort doucement de sa transe, hagard, ruisselant, et s'échappe courbaturé du sauna grenoblois.
(vignette : Philippe @ Eurockéennes 2010)
Critique écrite le 22 juillet 2010 par Fredc
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