Chronique de Concert
Get The Blessing + Nu K
L'une des très belles surprises de l'année (mais je le l'apprendrait qu'après le concert) sera donc ce soir. Cette soirée à la Salle des Fêtes de Venelles, avec au programme Get The Blessing, et le groupe Nu K en première partie.
Pourquoi, l'une des plus belles surprises ? Parce que tout y est réuni. Une salle à taille humaine, intimiste, prêtée ce soir à l'asso Comparses et Sons et sa sympathique équipe. Un programme parfait : un groupe de jazz-funk-classique pratiquement local et une pépite venue d'Outre Manche, un monument du jazz-rock, un fantastique quatuor, quoique ce soir légèrement modifié du fait de l'absence d'un de ses membres originels. L'affiche était alléchante sur le net. Elle le sera définitivement 3 heures plus tard.
Déjà dans la mince file d'attente pour les billets et les adhésions à Comparses et Sons, on entend les remarques de toutes parts : "non, mais t'as écouté ? ça va sûrement être génial ! Tu connaissais ? Ben non, pas vraiment...". La seule indication de la présence de deux membres de Portishead dans le groupe tête d'affiche m'avait également titillée, mais voilà sans plus, sans trop m'attendre à ce à quoi j'allais assister. Surtout dans une salle a priori aussi petite au regard de la renommée promise par la promo... "C'est possible ça ? un groupe avec deux membres de Portishead dans la Salles des Fêtes de Venelles. Dont la jauge est d'à peine 200 places debout ? Une salle gérée par une asso, sympa certes, mais qui ne peut malgré tous ses efforts programmer que 7 concerts par an ?...
Et bien oui.
Nu K ouvre donc le bal, sur une salle pas encore tout à fait pleine à cette heure là. Une formation que l'on peut considérer comme classique : 3 musiciens, claviers+trumpette, basse, batterie. Un mix de styles. Cédric Lauer au clavier, trompette, loops, chorus, ...arbore sans complexe une délicate crête iroquois et une tenue bariollée, un chouilla tendu et pressé de se lancer. Eric Bruneau à la basse, image standard du bassiste cool, détendu jusqu'à la pointe de la barbe. Seb "Beusse" Hamard à la batterie, casquette vissée et regard concentré.
Un style difficilement résumable.
Bien entendu une base de jazz et de funk, un groove délicieux. L'homme orchestre Cédric Laueur commande tout ce peiti monde du bout de ses boucles enregistrées in situ : claviers couche par couche, chorus et voix itou, avant de se saisir de sa trompette, bouchée ou non, et de s'élancer dans des lignes jazzy.
Les différents guimicks et leitmotivs à la trompette ou au clavier se saisissent immédiatement, sans difficultés et tournent en boucle entrent nos oreilles ("Trompettes de La Mort", "Return", "Fire",...), ponctués de breaks où semblent se mélées des impros audacieuses à la trompette, osées par ce jeune musicien fou. Il y met toute son énergie, et ça fait plaisir à entendre. L'équipée rythmique basse et batterie renforce le tout avec un groove agile et raffraichissant. La virtuosité et la richesse du jeu de Seb Hamard à la batterie me semblent impressionnantes, venant casser avec plaisir le côté un peu rigide et technologique des samples, boucles et tonalités de ce son de piano électrique, ainsi que la disposition un peu coincée des musiciens sur scène, chacun dans son coin. Idem pour le velours-groove du bassiste. Le résultat en est finalement plutôt équilibré.
Cédric Lauer aime commenter entre les morceaux, visiblement pour contrebalancer ce set exclusivement instrumental, hormis les boucles de chorus enregistrés par moments. Les commentaires aident à maintenir le contact avec le public qui découvre leur univers. Le set peut manquer parfois de voix, comme le reconnaît Cédric Lauer très rapidement. Comme un manque quelque part. Il faut dire que le travail original, à l'écoute du CD ("Akro", premier album du groupe) est encore plus riche que celui proposé ce soir. A l'origine, outre ce déjà véritable melting-pot de sonorités (comme celui proposé ce soir) est encore plus outrageusement enrichi de guests et de participations tous azimuts : la voix de Mahdi Jaqqae sur "Trompettes de la Mort", celle de Yona Yacoub (également connue comme la voix de Sashird Lao) sur "Fire", ... Sans compter une ribambelle de cuivres et cordes de toutes sortes invitée sur le projet : violoncelle d'Ambre Tamagna, trombone de Tahina Razafindratsiva, le violon de Simon Diego Attal...
Sur album, Nu K sent bon le travail d'équipe, la multinationale des sons, le brainstorming des origines. Sur scène, il faut (heureusement ou malheureusement) s'attendre à un rendu plus compact, morceaux se ramenant à leur plus simple expression, colonnes vertébrales du projet studio.
Une musique extrêmement riche donc, avec beaucoup de rebondissements et de surprises, mélant une myriade de styles, du jazz le plus osé aux envolées classiques clavier, des chorus les fous aux lignes jazz et funk les plus standards.
Set List (approximative) :
1-Akro
2-Un Sens... et ?
3-Dark Love
4-C pas classik
5-Return
6-Fire
7-Trompettes de la Mort
Sur scène, Nu K, c'est :
Cédric Lauer (claviers, trompette, voix, loop station, ...)
Séb "Beusse" Hamard (batterie)
Eric Bruneau (basse)
On passe à la vitesse supérieure avec le quatuor originaire de Bristol suivant, indéniablement. Et ce n'est pas Cédric Lauer qui me contredira je pense, vu la façon dont il a dévoré des yeux et des oreilles le set, sur le côté de la scène...
Get The Blessing, c'est de la grosse artillerie.
Grosse par la présence même des membres : chemises blanches sour complets sombres. Ca en jete.
Attitude classe, qui transpire déjà le soit disant flegme britannique.
Moyenne d'âge inconnue. Mais on est monté d'une classe ou deux, avec cet apparent backgroud d'expérience musicale les suit, comme une traîne de mariée invisible.
La base ryhtmique normalement constituée de Jim Barr (basse), et Clive Deamer (batterie, percussions), (alors c'est eux les faaammmmeeeeux membres de Portishead ?), est quelque peu modfiée ce soir : Clive Deamer est remplacé par une jeune batteuse, Daisy Palmer, qui s'avèrera fantastique durant tout le set.
A Jim Barr, chef d'orchestre pour l'occasion, et Daisy Palmer à la batterie, s'ajoutent en devant de scène les deux phénomènes, Pete Judge à la trumpette, gaillard flegmatique et surtout l'incroyable Jake McMurchie au saxophone.
Jim Barr, monstre pince-sans-rire de la soirée, animateur de la soirée, avec un mot entre chaque morceaux (commentaires qui iront crescendo dans l'ironie et le grand n'importe quoi, mais toujours sur le même ton calme, uniforme, british), jonglera selon les morceaux entre sa guitare et sa basse, le tout agrémenté d'une multitude d'effets discrets, au gré des morceaux et des atmosphères. Là aussi, les paterns de basse ou de guitares donnent le ton immédiatement et vous capturent dès les premières notes (à l'image du captivant "Tarp").
La batterie de la jeune femme renferme prouesse, inventivité et virtuosité, alternant rythmes et effets pop-tribaux ("Tarp", "Speed of Dark", ...). Le jeu de live de Clive Deamer me sera donc inconnu jusqu'à la prochaine occasion, mais Daisy sera fantastique.
La paire rythmique basse/guitare + batterie offre généralement une base solide en début de morceaux, pop parfois binaire, mais efficace, et qui sert d'assise entêtante au reste du morceau, et à la libre expression des deux cuivres, avant que finalement tout ce petit monde s'envole.
Les cuivres, après avoir conforté cette impression de simplicité sont rapidement impressionnants de présence et de virtuosité. Saxophone rauque ("Bugs in Amber") ou déchainé ("Speed of Dark"), trompette virvoltante et lignes rapides jazzy-funk plus classiques ("Thermos", "Bleachcakes", ...), si Pete Judge restera relativement stoïque toute la soirée, son compère Jake McMurchie se déchainera progressivement, propulsant son sax en avant, une véritable chevauchée, une leçon de domptage en temps réel, d'un instrument comme habité, mu par un vie propre.
Les deux rivaliseront parfois d'effets divers, en fin de morceaux, sur leurs sorties d'instrument, faisant durer puis mourir des atmosphères aériennes et psychés.
L' "interlude" "So It Goes / Yes I Said Yes I Will Yes" apparaîtra comme le moment le plus contemporain et délirant du set, chaque cuivre, sur une nouvelle ligne batterie + basse légère, se lançant dans ce qui apparaît être des impros, s'invectivant, se répondant chacun l'un l'autre, et au final, clôturé par un échange amusé entre les deux musiciens, comme s'ils s'étaient étonnés eux-mêmes du résultat ...
Un concert, réellement, jouissif.
Set List (approximative) :
1-Music Style Product
2-Suki's Suzuki
3-Thermos
4-The Unnameable
5-So It Goes / Yes I Said Yes I Will Yes
6-Equal and Opposite
7-Americano
8-Tarp
9-OCDC (?)
10-Bugs in Amber
11-That ain't It
12-Speed of Dark
13-Einstein Action Figure
14-Bleachcake
Sur scène, Get The Blessing, c'est (en temps normal) :
Jim Barr (basse)
Clive Deamer (batterie, percussions)
Jake McMurchie (saxophone)
Pete Judge (trompette)
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Critique écrite le 26 février 2011 par Flag
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